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Réforme des régions : finalement, ça va bien nous coûter plus cher

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Un texte de Nafy-Nathalie et h16

Le moment était solennel : en novembre 2014, sur les plateaux de TF1, François Hollande prenait l’engagement, avec toute la fermeté qu’il est capable d’apporter, que, jusqu’à la fin de son mandat et « À partir de l’année prochaine, il n’y aura pas d’impôt supplémentaire sur qui que ce soit. »

Engagement ambitieux, trop peut-être. D’autant que les réformes ont continué de plus belle, alors que les budgets n’évoluaient pas.

Or, en août 2015, la fameuse loi « NOTRe » (« nouvelle organisation territoriale de la République ») est adoptée. Cette loi prévoit de transférer pour 2017 de nombreuses compétences des départements vers les régions (transports, voirie, collèges, voirie, majorité des collèges), et renforce considérablement le rôle des régions dans les domaines du développement économique, l’aménagement et le développement durable – forcément durable, ce développement – du territoire.

Malheureusement, ces transferts de compétences ont un coût. Or, si l’article 133 de la loi NOTRe prévoit bien un financement supplémentaire équivalent aux surcouts induits, ses modalités restent pour le moins floues. Et quand c’est flou, y’a un loupmou.

En transférant les compétences du département à la région, on aurait pu faire la même chose avec les recettes et le problème aurait été en partie réglé. Hélas, cela revenait à se passer de réunions, de concertations, de petites guerres intestines de pouvoir entre différents élus, cabinétards et autres potentats locaux. C’eut été dommage. On ne l’a donc pas fait, faisant ainsi perdurer de façon gourmande le problème du financement.

Décembre 2015 et les élections régionales arrivent sans apporter de réponse.

Le premier tour affiche un Front National au score triplé par rapport aux précédentes élections. Les politiciens tremblent. Le PS retire ses listes pour le second tour enNord-Pas-de-Calais-Picardie, ce qui assure la victoire à Xavier Bertrand, et enProvence-Alpes-Côte d’Azur, ce qui assure celle de Christian Estrosi. En Alsace, le candidat de gauche fait de la résistance. Il refuse, malgré les injonctions du parti deretirer sa liste. Manuel Valls fait le choix de défendre la liste de Philippe Richert des Républicains contre celle d’un socialiste.

La droite prend elle aussi un engagement, et fait le même que celui de François Hollande en expliquant qu’elle, elle le tiendra, sans augmenter ou créer de nouvel impôt, scrogneugneu. Elle remporte 8 des 13 régions, la gauche conservant les autres.

Au 1er janvier 2016, la loi NOTRe devient effective et le transfert de compétences est théoriquement effectué. Quant aux moyens (financiers ou humains), c’est toujours le calme plat. Rien n’a été transféré.

Certains présidents de région s’en inquiètent comme celui des Deux-Sèvres. Ce dernier souligne qu’il est regrettable de casser des choses qui marchent et que la région entend restituer par « subdélégation » certaines de leurs compétences aux Départements, dans ce qui ressemblerait presque à une partie de pouilleux, chacun essayant de se débarrasser le plus vite possible de compétences encombrantes pour ne pas perdre la partie.

Pendant ce temps, la question des moyens qui reste prégnante.

Le 26 janvier 2016, Philippe Richert est élu Président de l’Association des Régions de France (ARF). Au passage, notons la composition grotesque du bureau de l’ARF, qui n’a pas été modifiée pour tenir compte du nouveau nombre de régions, et qui se compose donc de 10 des 13 Présidents de région dont 7 vice-présidents. Ce n’est pas grave, c’est vous qui payez.

vite réformons les régions

À cette date, les compétences sont transférées depuis plus d’un mois. Leur financement n’a toujours pas été discuté. Et comme il faut trouver 600 millions, la question urge….

Aussi improbable que cela puisse paraître, la solution viendra du Grand Paris. En effet, en Île-de-France, pour développer ce projet, Jean-Paul Huchon a obtenu en 2015 la création d’une « taxe additionnelle spéciale annuelle », plafonnée à 80 millions d’euros, répartie sur la cotisation foncière des entreprises dite CFE et la taxe foncière des propriétés bâties. La mise en place de cette taxe régionale spécifique, qui s’est faite sans remous, constitue un taux additionnel moyen de 0,23 % pour la taxe foncière et de 0,35 % pour la CFE.

Quelle riche idée ! Le gouvernement décide alors de s’en inspirer : plutôt que transférer des fonds des départements aux régions, il propose d’étendre le principe de cette taxe à tout le territoire.

Magie de la décentralisation centralisée : une nouvelle taxe, décidée par le gouvernement, semble ainsi venir des régions qui l’ont inspirée et qui conservent la main sur :
– les modalités de répartition entre elles,
– la définition du taux d’imposition,
– la décision de la prélever ou non…

Même son nom prête à confusion puisqu’il s’agit de la TSER (Taxe spéciale d’équipement régional, pas du tout nationale ou étatique, et passez muscade).

Le 27 juin 2016, L’ARF, qui comprend toutes les régions, valide le projet de cette nouvelle taxe avec le gouvernement, au moment de la signature de « l’Acte II de la plateforme Etat- Régions ». Philippe Richert (LR), son président réélu dans la région Grand-Est avec l’aide de Manuel Valls, indique même avec emphase dans un communiqué que :

« Nous avions besoin de ce volet pour permettre de travailler pour nos territoires en lien avec l’Etat. C’est une avancée pour nous tous dans une volonté commune de redresser le pays avec une meilleure efficacité de nos politiques publiques. Nos efforts ne s’arrêteront pas là, ce dialogue Etat-régions est nécessaire, et il doit être permanent. »

Que de bien beaux efforts qui permettent à la fusion de certaines régions, parfois difficile, de créer une nouvelle taxe. Les contribuables apprécieront, et, avant eux, les professionnels de l’immobilier, directement concernés par son prélèvement.

Ils se mobilisent donc, et il y a de quoi : sans craindre l’incohérence, alors que le foncier est trop cher, que l’on essaye de favoriser l’investissement locatif et un immobilier moins onéreux, on a l’idée lumineuse de lui imposer une taxe supplémentaire. L’UNPI lance une pétition en ligne appelée « un impôt de plus pour écraser les propriétaires », y rappelle que les impôts fonciers ont augmenté de 16,5% en 5 ans et que cette taxe va toucher les entreprises du bâtiment déjà en grandes difficultés. La Fédération nationale des agents immobiliers (FNAIM) rejoint son avis. Son président indique que :

« Si la compétitivité de la France reste au plus bas, ce n’est pas la création d’une nouvelle taxe qui l’améliorera. Ce dont nous avons besoin avant tout c’est d’un allégement de la pression fiscale et d’une simplification des aides disponibles ! »

Comment ? Une taxe ne crée pas la richesse ? Voilà qui est nouveau au Fiscaland de France…

À pétition, pétition et demie : les Alsaciens rejoignent le mouvement contre la « taxe Richert ». Philippe Richert y est traité de « vendu », de « collabo ». Cinq des sept présidents de régions de droite montent également au front pour rappeler les promesses de campagne qu’ils ont faites. Xavier Bertrand (président des Hauts-de-France) est le premier, suivi de Christian Estrosi (PACA), Didier Robert (La Réunion), Hervé Morin (Normandie) et Valérie Pécresse, (Ile-de-France et 1ère vice Présidente de l’ARF). Le 21 juillet 2016, Xavier Bertrand va même jusqu’à décider de retirer sa région de l’ARF.

Voilà Philippe Richert bien à l’étroit. Décrié par tous, il bredouille des explications confuses, tentant de faire croire qu’il s’opposait à cette nouvelle taxe à l’origine et aurait même proposé d’autres pistes comme le transfert d’une partie de la taxe carbone ou de la fiscalité pesant sur les carburants. Il va même jusqu’à écrire au premier ministre Manuel Valls pour indiquer qu’il souhaiterait revenir sur la convention qu’il a signée (probablement sur un coup de tête et l’esprit embrumé des vins capiteux servis au repas) :

« Force est de constater que cette solution apparaît désormais pour nombre de nos interlocuteurs comme un nouvel impôt mis en place par les régions, alors même que c’est le gouvernement qui a fait le choix d’un tel vecteur. »

Un nouvel impôt ? Qu’allez-vous penser là !

Notre brave Philippe demande donc « la réouverture des discussions sur le volet financier ». Ce à quoi le gouvernement lui rappelle que – bing dans le museau – cette contribution « n’est pas une demande de l’État, mais des régions » et qu’il s’était publiquement félicité de son adoption. Comme il ne s’agirait pas d’une demande de l’État qui s’était, de son côté, engagé à ne pas toucher aux impôts, Manuel Valls se retrouve également coincé. Ne pouvant rien imposer, il se retrouve obligé d’accepter que les discussions reprennent.
Depuis juillet, les négociations ont donc repris, afin de calmer le jeu entre régions et État et pour enfin trouver un financement viable. Il y a urgence : il se pourrait en effet que le parlement intervienne. Bien que régionale (ou prétendue telle), le parlement national pourrait choisir d’en voter un taux unique national (lors de la loi de Finances pour 2017).

Dans une interview accordée le 11 juillet dernier à France 3 Franche-Comté, le vice-Président de la Région Bourgogne Franche-Comté, Michel Neugnot, a d’ailleurs précisé que le taux pourrait être « de l’ordre de 0,6 % pour les entreprises et de 0,5 % pour les ménages », ce qui montre que l’idée est déjà plus qu’avancée.

La situation est rocambolesque au possible et le tableau croquignolet.

Cette réforme des régions, demandée par personne et certainement pas sous cette forme, décidée sur un coin de table et communiquée approximativement, a été votée sans être aboutie. Censée fournir plus de compétences aux régions qui ne les ont pas demandées, la réforme ne leur donne aucune capacité de les assumer, et les pousse à en restituer une partie aux départements qui en avaient été dépossédés. Les économies qui motivaient la réforme n’auront bien évidemment pas lieu, et tout indique la création d’une nouvelle imposition affectant encore les contribuables les plus fragiles.

En termes de ratage épique, c’est une réussite à peu près totale.

Ne nous leurrons pas : cette réforme aboutira à une nouvelle imposition. Et comme il n’y a aucune raison pour que les entreprises et les propriétaires déjà surtaxés la supportent sans broncher, on peut déjà parier sur un renchérissement du coût de la vie pour les consommateurs et les locataires.

Bien joué.

Les Allemand ne font plus confiance aux banques et planquent leur argent chez eux

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Une majorité d’épargnants allemands ont perdu confiance dans les banques et planquent désormais leurs économies dans un coffre-fort à leur domicile, rapporte le Wall Street Journal. Récemment, les ventes de coffres-forts  ignifuges ont connu une croissance remarquable en Allemagne.

Burg-Waechter KG, le plus grand fabricant de coffres-forts  ignifuges du pays, a vu ses ventes augmenter de 25% durant le premier semestre par rapport à la même période de l’année dernière. Ses concurrents, Format Tresorbau GmbH et Hartmann Tresore AG, rapportent également une croissance à deux chiffres.

Pendant des années, les Allemands ont préféré garder leur argent sur des comptes d’épargne et ce malgré la baisse des taux d’intérêts. Les épargnants considéraient ces comptes sûrs, leur offrant en outre un accès facile à leurs économies, explique le journal.

Mais cette confiance a presque complètement disparu. Les taux d’intérêts négatifs ont poussé les Allemands à chercher des alternatives et beaucoup se tournent dorénavant vers l’acquisition d’un coffre-fort.

Argent

Les fabricants de coffres-forts fonctionnent maintenant à leur capacité maximale et certaines entreprises ont opté pour une production à trois équipes. Un certain nombre d’institutions financières allemandes facturent maintenant des frais sur les dépôts des épargnants. Cependant, pour de nombreux consommateurs allemands, cette pratique est totalement inacceptable.

Dans un pays où peu de personnes achètent des actions, le fait d’avoir à payer des frais sur les dépôts à complétement bouleversé le monde des épargnants, faisant plonger leurs économies.

Beaucoup d’Allemands figurent dorénavant sur des listes d’attente pour la location de coffres-forts dans des grandes villes. Mais beaucoup d’épargnants préfèrent l’autosuffisance et ont décidé d’installer un coffre-fort ignifuge à leur domicile.

Enfin, les Allemands gardent également plus d’argent sur eux, dans leur portefeuille et retirent davantage d’argent aux distributeurs automatiques. Alors qu’un Américain retire en moyenne 103 dollars à un distributeur automatique, le retrait moyen pour un Allemand est de 256 dollars.

Crise bancaire italienne : pour l’Union européenne, il n’y a pas d’urgence

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Alors que les banques italiennes sont dans la tourmente et que la crise bancaire menace de s’étendre à d’autres pays de l’Union européenne, cette dernière refuse toujours de venir au secours des établissements en difficulté. Question de principes.

Le Premier ministre italien Matteo Renzi ne semble pas se décourager et continue de demander la permission d’injecter les quelque 40 milliards d’euros dont les banques italiennes auraient besoin pour se maintenir à flot. Mais pour l’Eurogroupe – l’assemblage des ministres des Finances des pays membres – et par la voix de son président Jeroen Dijsselbloem, ministre des Finances des Pays-Bas, il n’y a pas de crise aiguë du système bancaire italien : «les banques italiennes ont certes un problème de « mauvaise dette », mais ce n’est pas un problème nouveau», a-t-il déclaré, semblant minimiser la gravité de la situation.

Il y aura toujours des banquiers pour dire qu’il leur faut plus d’argent public pour recapitaliser leurs banques. Et j’y serai toujours opposé

Les banques transalpines sont pourtant plombées par plus de 360 millions d’euros de prêts et créances irrécouvrables. Une dette qu’elles ont fait «rouler» – tel un particulier son crédit revolving – depuis la crise financière de 2008-2009 en attendant des jours meilleurs. Or, lesdits jours meilleurs espérés semblent plutôt s’éloigner, le Brexit faisant indirectement peser des doutes sur l’éventualité d’une fragile reprise de l’économie européenne, donc d’une amélioration de la solvabilité des agents économiques.

Bruxelles et le FMI veulent d’abord des réformes

Pour Bruxelles, qui oppose une fin de non-recevoir aux demandes de Rome, l’Italie prend prétexte du Brexit pour demander l’aumône. L’Italie est invitée tout d’abord à faire les réformes jugées nécessaires par le FMI, c’est-à-dire à améliorer la productivité des salariés et des produits financiers.

«Les problèmes des banques doivent être réglés par les banques et dans les banques», a ainsi martelé Jeroen Dijsselbloem. Après les renflouements de 2009 qui ont eu pour conséquence une augmentation colossale de l’endettement des Etats membres, l’Union européenne s’est donnée pour objectif de mettre en place des systèmes de régulation et de surveillance des banques européennes.

Ainsi, la directive relative au redressement des banques et à la résolution de leurs défaillances (BRRD) atteste clairement du changement de «philosophie» de l’Union européenne. Pour sauver les banques en 2009, les Etats membres de l’UE avaient alors utilisé l’argent des contribuables (la dette souveraine étant payée à terme par ces derniers) pour soutenir indirectement les banques en préservant la solvabilité de telle Grèce ou telle Espagne, afin qu’ils puissent honorer leurs créances vis-à-vis de ces banques.

Les banques invitées à se servir dans les comptes des déposants en cas de faillite

Mais la BRRD a un but opposé. Depuis le 1er janvier 2016, cette directive européenne permet le renflouement interne, bail-in en anglais, par comparaison au bail-out. Dorénavant, en cas de faillite d’une banque, avec cette nouvelle directive, les créanciers pourront puiser dans les comptes bancaires des déposants. En résumé, le bail-out c’est l’argent du contribuable ou ses revenus futurs via l’impôt, tandis que le bail-in, c’est celui du déposant dont on fait un créancier des pertes de la banque. Des milliers d’épargnants ont ainsi déjà été ruinés en Italie dans la faillite de petites banques régionales telles la Banca Marche la Banca dell’Etruria e del Lazio en novembre 2015.

La banque UBS menacée par un scandale de détournements de fonds en Malaisie

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La banque suisse UBS fait partie des établissements dans le collimateur du régulateur de Singapour pour son implication dans le détournement d’argent du fonds d’Etat malaisien 1MDB.

Le fonds d’Etat malaisien 1MDB, destiné à financer le développement économique local, est suspecté d’avoir transféré des centaines de millions de dollars dans des coffres privés, d’avoir financé la campagne électorale du Premier ministre malaisien Najib Razak, ainsi que le blockbuster hollywoodien Le loup de Wall Street.

L’autorité monétaire de Singapour (MAS), qui assure aussi le rôle de régulateur bancaire, va lancer des enquêtes visant plusieurs banques dont UBS, la plus grande banque suisse, afin d’avoir plus d’informations concernant leurs relations commerciales avec le fonds.

Le blog d’investigation Sarawak Report a publié cette semaine des reçus bancaires faisant état d’un paiement de deux milliards de dollars émis par 1MDB et qui a transité par un compte d’UBS à Singapour avant d’être placé sur un compte détenu par l’entité Aabar Investissement. Cette entité est suspectée d’être détenue par des associés du Premier ministre malaisien Najib Razak.

L’un des neufs reçus de virement bancaires impliquant la banque UBS

Pour le site, «la plus grande partie d’un emprunt de trois milliards de dollars – levé à l’origine par [la banque] Goldman Sachs en 2013 pour créer le Tun Razak Exchange, le plus important quartier d’affaires de Kuala Lumpur» a été détournée.

UBS a refusé de commenter l’affaire «du fait des dispositions légales suisses et singapouriennes».

Le MAS avait déjà fait fermer la banque suisse Banca delle Svizerra en mai, pour son implication dans une affaire de blanchiment d’argent et de corruption également en relation avec 1MDB.

Nombre record de pauvres en Italie

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Plus de 4,5 millions de personnes et 1,5 million de familles vivaient en Italie dans des conditions de pauvreté absolue en 2015, des chiffres qui n’avaient pas été atteints depuis 2005, a indiqué jeudi l’institut statistique italien Istat.

Dans le détail, l’Istat estime que 1.582.000 familles et 4.598.000 individus vivaient dans des conditions de pauvreté absolue, soit « 7,6% de la population résidant en Italie ». La pauvreté absolue est caractérisée par l’impossibilité de payer les biens et les services considérés comme essentiels.

Elle varie en fonction des localités italiennes et de la situation familiale : pour une personne entre 18 et 59 ans vivant seule dans une zone rurale dans le sud de l’Italie, le seuil de pauvreté absolu est de 552,39 euros par mois, tandis que pour une famille de cinq personnes résidant dans le centre ville d’une métropole du nord, ce seuil est fixé à 1.909,83 euros.

Ces chiffres sont dus à « l’augmentation de la pauvreté absolue chez les familles de quatre personnes, surtout des couples avec deux enfants (de 5,9% de la population en 2014 à 8,6% en 2015), et chez les familles d’étrangers (de 23,4% en 2014 à 28,3% en 2015) », précise l’Istat. L’incidence de pauvreté absolue a augmenté dans toute l’Italie, passant de 5,7% à 6,7% dans le Nord et de 9% à 10% dans le sud défavorisé.

Le risque de faillite systémique de l’Eurozone vient de ses chambres de compensation (partie2). Liliane held-Khawam

L’Eurozone et ses satellites telle que la Suisse présentent des dangers de faillites systémiques réelles. Pourtant, pour qu’une région fasse faillite, il faudrait que les tenants de la Haute finance internationale le décident.

Nous avons vu comment ils avaient imposé un embargo bancaire au peuple grec. Ils avaient tout bonnement coupé le robinet d’approvisionnement en liquidités. Après avoir pris en otage un pays et sa population, le gouvernement d’extrême-gauche a cédé à toutes les demandes…

Le cas de la crise actuelle des grandes banques européennes et on pourrait les mettre toutes dans le même panier est différent. La situation réelle de ces banques est inconnue pour différentes raisons. Retenons pour l’instant les masses financières dont le volume est simplement inconnu car ne sont pas comptabilisées par les banques. C’est de l’argent créé par les banques et n’ont pas de traçabilité comptable fiable.

On suppose que ces sommes sont juste énormes…

Pourtant, certaines choses qui se passent sont portées à notre connaissance.

En octobre 2015, HFR Global Hedge Fund Industry Report nous apprenait que 95 milliards de dollars sur 3 trillions s’étaient évaporés. Dans ce système-casino, où la spéculation est devenue un objectif en soi, la volatilité bat des records et beaucoup d’agents spéculateurs font faillite.

Des sommes effrayantes partent en fumée sans que cela ne déclenche les palabres de 2007 ou de 2012…

Pourquoi les effets de ces pertes astronomiques ne font plus la une des médias et ne semblent plus créer – en apparence en tut cas -de troubles politiques majeurs?… Que s’est-il passé?

En 2009, suite à la crise des subprimes et au dysfonctionnement devenu structurel des marchés des produits dérivés, le G20 a décidé de:

« …confier aux chambres de compensation le soin de gérer le système de sécurité lié à ces produits financiers. Traditionnellement pratiquée par les banques, la compensation bilatérale est remplacée, pour un grand nombre de produits, parl’obligation de compensation centralisée où une CCP prend en charge la gestion des appels de marge ». (source)

Voilà que des entités privées ont été créées pour amortir les chocs dus à de grosses pertes ou à des faillites de hedge funds. Ce processus ressemble à la méthode que l’on avait vu lors des sauvetages de banques et assurances  suite à la crise des subprimes où des reprises de titres toxiques ont été échangé contre du cash (UBS Stabfund).

Une sorte d’assurance tous risques a donc été créée au milieu des circuits sur lesquels circulent ces trillions de produits financiers plus ou moins toxiques et systématiquement spéculatifs. Tout le monde peut comprendre que les risques et leurs  conséquences ont été transférés.

De nouvelles bombes atomiques systémiques ont été créées. Es s’appellent chambres de compensation.

Si le citoyen a compris qu’il était solidaire en toutes circonstances des méfaits des grandes banques TBTF, il connaît moins le risque systémique lié à ces chambres de compensation, appelées aussi Clearing houses.

Or, ces entités présentent un danger sismique bien plus puissant encore que les banques TBTF. C’est dire…

Qu’est-ce qu’une chambre de compensation ou CCP?

La chambre de compensation est l’interface que les dirigeants de ce monde ont introduite entre les vendeurs et les acheteurs de produits dérivés.

A l’image de la loi « too big to fail » qui garantit les pertes des banques avec l’argent public ou celui des créanciers, la communauté internationale a créé une assurance moins visible du public appelée chambre de compensation, CCP ou clearing house. C’est une assurance tous risques aux spéculateurs!

En voici 2 définitions:

  1. la Chambre de Compensation est:

« …une institution financière qui a pour mission de limiter les risques de contrepartie sur les marchés dérivés. La chambre de compensation surveille les positions et constitue la contrepartie unique de tous les opérateurs. Cela signifie qu’elle est l’acheteuse de tous les vendeurs, et la vendeuse de tous les acheteurs. La chambre de compensation est composée d’adhérents compensateurs qui sont garants de la bonne fin des opérations. Parmi les principales chambres de compensation européennes, on peut citer LCH Clearnet ou Eurex Clearing.«

2. Une autre définition selon les Echos:

« La chambre de compensation est un organisme financier ayant pour but d’éliminer les risques de contrepartie sur les marchés dérivés. Concrètement, la chambre de compensation est la contrepartie unique de tous les opérateurs. La chambre de compensation assure la surveillance des positions. Elle exige la formation dans ses livres d’undépôt de garantie le jour de la conclusion d’un contrat. En cas de perte potentielle d’un intervenant, elle procède à un appel de marge.  »

Tout contribuable-épargnant de la zone euro, UE et leurs satellites comme la Suisse doit connaître ce lieu de blanchiment des pertes des spéculateurs. Quelqu’un quelque part a décidé que les spéculateurs ne devaient pas faire faillite.

Le mécanisme des Chambres de compensation revient à une possibilité de sauvetage disponible en permanence qui évite de passer par les milieux politiques et publics…. Ainsi le casino ne s’arrête jamais quoiqu’il arrive…

Un lieu à haut risque systémique

L’intérêt de cette structure est qu’elle évite à tout agent du casino de se retrouver en échec à cause d’un partenaire défaillant. En échange de cette garantie, la chambre de compensation dispose:

  1. de marges déposées par les contractants
  2. d’un fond commun

Il n’empêche que l’on peut supposer que selon la situation des marchés, des impondérables et aléas liés à la spéculation les sommes disponibles peuvent se révéler insuffisantes. L’indice HFR vu ci-dessus nous donne une idée des sommes qui peuvent partir très vite en fumée. Il serait intéressant de connaître les conséquences chiffrées du vote sur le Brexit sur les chambres de compensation…

Nous pouvons  raisonnablement supposer au vu des sommes hallucinantes en jeu que DES RISQUES CUMULES INCALCULABLES ET INCONNUS DU MARCHE DES DERIVES sont assumés par ces chambres de compensation.

Ces chambres de compensation qui récupèrent  les risques des produits dérivés des partenaires de jeu du casino sont donc non seulement des « too big to fail », mais des tsunamis potentiels. Leurs risques systémiques sont invraisemblables…

« L’obligation de compensation des dérivés dans des CCP ne fait-elle pas naître un nouveau risque? Sans aucun doute, la concentration de la compensation dans des CCP crée de nouveaux risques, liés notamment à la possibilité de défaut de ces acteurs. Les chambres de compensation deviennent des acteurs beaucoup plus systémiques à partir du moment où la compensation des dérivés est centralisée en leur sein » (Nicolas Véron)

Voici une excellente vidéo du FT en anglais…

..et une autre en français…

Le volume des produits dérivés traités en 2015

Le volume des contrats de produits dérivés dans le monde et en Europe s’est élevé à 25 milliards sur l’année 2015. Ceci est extrait d’une enquête (source) sur le marché global des dérivés.

L’Europe abrite en son sein 19.3% de ces chiffres phénoménaux.

On constatera au passage que le volume global a été multiplié par 2 quasiment entre 2007 et 2015.

Non seulement rien n’a changé depuis la crise des subprimes, mais la méthode spéculative a été institutionnalisée tout comme sa relative sécurisation gérée par des entités privées que sont les chambres de compensation.

L’exemple EUREX Clearing

Eurex Clearing est une chambre de compensation, numéro 2 du classement européen. Cet  acteur basé en Allemagne vient tout de suite derrière le leader LHC de Londres. mais plus intéressant est la structure à laquelle appartient cet acteur majeur du domaine des produits dérivés.

Eurex Clearing est à 100% une entreprise-fille de la Deutsche Börse AG!!!

Bref, on n’en sort pas. Les acteurs sont très souvent les mêmes. Il n’y a que la couleur des casquettes qui change…

On peut supposer que les conflits d’intérêt sont gigantesques.

Comment Deutsche Börse AG gère-t-elle à la fois la cotation des banques allemandes dont Deutsche Bank, nommée par le FMI, la banque la plus dangereuse au monde car submergée de produits dérivés pourris et la chambre de compensation Eurex Clearing?

Voici pour mémoire la cargaison de la Deutsche Bank en produits dérivés qui la mettent en danger réel. Hier fleuron de l’industrie bancaire allemande, cette banque est devenue une poubelle gigantesque que le marché financier menace de faire exploser à tout moment s’il n’obtient pas satisfaction…

Deutsche Bank exposition

Que penser de la présence plus qu’importante de gros actionnaires (asset managers) américains dans des banques too big to fail du genre Deutsche Bank ou de Deutsche Börse? …

3.- Risques cumulés aussi pour la Suisse

Nous avons vu précédemment que l’Eurex clearing est une des principales chambres de compensation pour l’Europe. Regardez qui en sont les partenaires:

Eurex clearing cash

Nous voyons sur cette image 3 entités suisses:

  • UBS, en tant que « TBTF » est un puissant acteur sur les produits dérivés
  • La présence de la BNS peut paraître surprenante pour certains… Mais nous le répétons depuis de nombreuses années, BNS est devenu un gigantesque hedge fund.
  • SECB pour Swiss euro-clearing bank est cette banque ALLEMANDE dont nous avions parlé qui appartient à UBS, CS, Postfinance et Telekurs.  BNS lui a sous-traité TOUT le trafic de paiements de la Suisse en euros!

Bref, ces chambres de compensation qui sont de méga-too-big-to-fail finiront tôt ou tard par devenir incontrôlables. Il semble évident que l’Eurozone -et encore moins un pays quelconque- ne puisse ni ne doive assumer les conséquences de cette concentration extraordinaire de risques…

Par ailleurs, d’innombrables questions se posent sur ces entités privées que sont les chambres de compensation:

  • Comment peut-on prétendre garantir des sommes aussi gigantesques?
  • Que s’est-il passé au moment du Brexit et de la dégringolade des bourses de l’Eurozone? Quels sont les montants que ces chambres ont dû compenser?
  • Quel est leur état de santé?
  • Qui couvrira ces mastodontes lors de leur défaillance quasi certaine?
  • Sont-elles considérées comme des « too big to fail » et donc couvertes par l’argent public?
  • Ces chambres de compensation sont selon les rumeurs de véritables boîtes noires. Pourquoi?
  • Enfin, dernière question et probablement la plus sensible. Comment peut-on expliquer qu’une chambre de compensation telle qu’Eurex Clearing soit détenue par Deutsche Börse AG, et qu’elle-même soit largement en mains d’acteurs américains du Casino???

A l’heure où une campagne de bailout (sauvetage avec l’argent public) est menée par desbanquiers européens réclamant 150 milliards, on peut se demander qui des banques ou des chambres de compensation ont le plus besoin de ces sommes…

Le public européen tout comme hier le grec est pris en otage pour financer à l’année la spéculation institutionnalisée par les « élites » politiques européennes qui finissent de plus en plus souvent et sans honte aucune dans les conseils d’administration d’établissements financiers anglo-saxons qui semblent mener avec brio le jeu de massacre européen….

Liliane Held-Khawam

A lire également:

« Brexit  » : l’enjeu des chambres de compensation

LE MONDE ECONOMIE | 30.06.2016 à 11h10 • Mis à jour le 30.06.2016 à 11h19 | ParIsabelle Chaperon

Personne n’aurait imaginé qu’un jour François Hollande s’intéresse à ce qui se passe sous le capot des marchés financiers. Pourtant, mercredi 29 juin à Bruxelles, le président français a soulevé le sujet de la « compensation », un rouage essentiel de la chaîne de traitement des titres, connu des seuls professionnels. Cela ne veut pas direque ce maillon n’est pas important. Il recèle même un enjeu de souveraineté mais, jusqu’à présent, les experts avaient du mal à relayer leur message auprès des politiques. Le Brexit a changé cela.

« Il n’y a aucune raison pour l’Europe, et encore moins pour la zone euro, de permettre à un pays qui n’est plus membre de l’Union et qui n’a jamais été membre de la zone euro de continuer à fairedes opérations en euros », a assuré M. Hollande. « Ce que je souhaite, c’est que les places financières européennes se préparent pour assurer un certain nombre d’opérations qui ne pourraient plus se faire à terme au Royaume-Uni. » Dans le viseur du président : les chambres de compensation et notamment la première d’entre elles, LCH.Clearnet, dont le siège est à Londres (son grand concurrent Eurex est à Francfort).

Mystérieuses, ces chambres sont l’endroit où s’échangent techniquement les actions, produits dérivés ou matières premières après avoir été négociés en Bourse. Selon l’expression consacrée, les chambres « s’interposent » entre l’acheteur et le vendeur, afin de leur garantir le bon déroulement de l’opération. Elles s’assurent de la solvabilité des uns et des autres, en leur demandant des dépôts de garanties – comme des arrhes – calculés en fonction de la taille des transactions nettes.

« Un rôle majeur »

A ce titre, elles « jouent un rôle majeur dans le fonctionnement des marchés financiers, en apportant une garantie en cas de faillite d’un intermédiaire financier qui adhère à la chambre. Les chambres de compensation participent ainsi à la stabilité du système financier et à la réduction du risque systémique », indique l’Autorité des marchés financiers (AMF) sur son site.

Alors que la livraison des titres dans la zone euro est assurée par deux sociétés, Clearstream et Eurocler, qui opèrent respectivement à partir du Luxembourg et de laBelgique, la compensation est essentiellement britannique. « Londres, en tant que centrefinancier de l’Europe, compense plus de transactions libellées en euros que n’importe quel autre endroit dans l’Union européenne », avait signalé Chris Cummings, le directeur général du lobby TheCityUK en 2015.

Le Britannique fanfaronnait après une décision de la Cour de justice européenne qui avait donné raison au Royaume-Uni contre la Banque centrale européenne (BCE). La BCE, en effet, n’avait pas attendu le Brexit pour s’émouvoir de ce qu’une grande partie de la compensation des transactions libellées en euros s’opère en dehors de son champ de contrôle.

Sous la tutelle de la Banque d’Angleterre

Concrètement, LCH.Clearnet est en effet sous la tutelle de la Banque d’Angleterre. La plus grande Chambre d’Europe a été créée en 2004, après le rapprochement de la britannique London Clearing House et de la française Clearnet. Elle est aujourd’hui détenue à 58 % par le London Stock Exchange. Une situation inacceptable pour la BCE, qui est susceptible de lui fournir de la liquidité en euros. Seule la filiale française de la chambre britannique, LCH.Clearnet SA, est contrôlée par les autorités françaises.

La crise financière ayant mis en lumière le rôle des chambres de compensation dans la prévention des effets dominos sur les marchés, la BCE avait demandé en 2011 aux grandes chambres de compensation de se localiser en zone euro. Le Royaume-Uni, soutenu par la Suède, avait contesté cette décision en justice. Et gagné. Mais la Cour de justice avait prévenu que les réticences de la BCE n’avaient pas lieu d’être… car le Royaume-Uni était membre de l’Union européenne.

Quant à la raison de l’intervention de M. Hollande sur un sujet aussi technique, certains soulignent que Stéphane Boujnah, le nouveau patron d’Euronext, un des principaux clients de LCH.Clearnet, faisait partie de son entourage lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2012. De là à dire qu’il a joué les lanceurs d’alerte…

 Isabelle Chaperon

Produits dérivés / EMIR (Site de l’UE)

Les dérives jouent un rôle important dans l’économie, mais présentent également certains risques. La crise a montré que ces risques n’étaient pas suffisamment couverts sur la partie gré à gré (OTC) du marché, en particulier en ce qui concerne les « contrats d’échange sur défaut » (CDS). Depuis le début de la crise financière, la Commission a travaillé en vue de répondre à ces risques.

Actes législatifs et propositions

Règlement (EU) No 648/2012 sur les produits dérivés négociés de gré à gré, aux contreparties centrales et les référentiels centraux (EMIR) – 04.07.2012

Le 9 février 2012, le Parlement européen et le Conseil sont parvenus à un accord concernant un règlement qui apportera davantage de stabilité, de transparence et d’efficacité aux marchés de produits dérivés. Il s’agit d’une étape majeure dans les efforts visant à la mise en place d’un cadre réglementaire plus fiable pour les marchés financiers européens.

Le 4 juillet 2012, a été adopté le Règlement relative aux produits dérivés négociés de gré à gré, aux contreparties centrales et aux référentiels centraux (surnommé « EMIR » – « European Market Infrastructure Regulation »). Il est entré en vigueur le 16 août 2012. Cet important développement permet à l’Union européenne de mettre en œuvre les engagements en matière de produits dérivés négociés de gré à gré pris au G20 de Pittsburgh en septembre 2009.

Ce Règlement permettra d’assurer que l’information relative à toute transaction européenne sur des produits dérivés sera adressée à un registre de données accessible à l’ensemble des autorités de supervision concernées, y compris l’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF), afin de donner une vue d’ensemble claire du fonctionnement de ces marchés aux décideurs politiques et aux superviseurs.

Ce Règlement impose également la compensation par contrepartie centrale (CCP) de tout contrat dérivé standardisé, ainsi que des appels de marges pour les contrats non-standardisés. Il établit en outre des règles d’organisation et de conduite d’activités ainsi que des exigences prudentielles pour ces CCPs.

Voir aussi :

Normes techniques

Adoption d’un Règlement délégué sur la compensation centrale de certains produits dérivés de taux d’intérêt – 10.06.2016

Le 10 Juin 2016, la Commission européenne a adopté un Règlement délégué visant à rendre obligatoire la compensation centrale de certains contrats dérivés de taux d’intérêt de gré à gré.

Adoption d’un Règlement délégué régissant les exigences applicables aux contreparties centrales – 21.04.2016

Le 21 avril 2016, la Commission européenne a adopté un Règlement délégué modifiant les normes techniques de règlementation régissant les exigences applicables aux contreparties centrales en ce qui concerne les périodes de risque pour les marges pour les comptes des clients.

Adoption d’un Règlement délégué sur la compensation centrale de certains contrats d’échange sur risque de crédit (CDS) – 01.03.2016

Le 1er mars 2016, la Commission européenne a adopté un Règlement délégué visant à rendre obligatoire la compensation centrale de certains contrats d’échange sur risque de crédit (CDS).

Adoption d’un Règlement délégué sur la compensation centrale de certains produits dérivés de taux d’intérêt – 06.08.2015

Le 6 août 2015, la Commission européenne a adopté a un Règlement délégué visant à rendre obligatoire la compensation centrale de certains contrats dérivés de taux d’intérêt de gré à gré.

Adoption de normes techniques de réglementation concernant le Règlement sur les produits dérivés de gré à gré, les contreparties centrales et les référentiels centraux – 13.02.2014

Le 13 février 2014, la Commission Européenne a adopté des normes techniques de réglementation précisant les contrats considérés comme ayant un effet direct, substantiel et prévisible dans l’Union ou prévenant le contournement des règles et obligations.

Ces normes ont été élaborées par les autorités européennes de supervision et ont été approuvées par la Commission Européenne sans modification.

Adoption des normes techniques de réglementation et d’exécution concernant le Règlement sur les produits dérivés de gré à gré, les contreparties centrales et les référentiels centraux – 19.12.2012

Le 19 décembre 2012, la Commission Européenne a adopté neuf normes techniques de réglementation et d’exécution pour compléter les obligations définies en vertu du Règlement sur les produits dérivés de gré à gré, les contreparties centrales et les référentiels centraux. Ces normes ont été élaborées par les autorités européennes de supervision et ont été approuvées par la Commission Européenne sans modification.

L’adoption de ces normes techniques finalise les exigences relatives à l’obligation de compensation et de déclaration des produits dérivés, conformément aux engagements de l’Union Européenne pris lors du sommet du G20 de Pittsburgh en septembre 2009.

Décision de la Commission rejetant les normes techniques d’exécution provisoires visant à amender le Règlement d’exécution (EU) No 1247/2012 – 06.11.2013

La Commission rejette le projet de norme technique d’exécution de l’AEMF modifiant leRèglement d’exécution (EU) No 1247/2012 pour reporter au 1er janvier 2015 la date de début de déclaration des dérivés négociés en bourse. Le 6 novembre 2013, la Commission avait communiqué à l’AEMF son intention de ne pas approuver l’amendement proposé par l’AEMF. [plus]

Autres actes délégués

Les fonds de pension se voient accorder une période de deux ans supplémentaires d’exemption de l’obligation de compensation centrale – 05.06.2015

Le 5 juin 2015, la Commission a adopté un règlement délégué, conformément à l’article 85(2) d’EMIR, qui prolonge la période transitoire relative à l’obligation de compensation prévue par les dispositifs de régime de retraite jusqu’a 16 août 2017.

Adoption d’un règlement délégué concernant les règles de procédure relatives aux amendes infligées aux référentiels centraux – 13.03.2014

Le 13 mars 2014, la Commission européenne a adopté un règlement délégué précisant les règles de procédure relatives aux amendes infligées aux référentiels centraux par l’Autorité européenne des marchés financiers (AEFM).

Adoption d’un règlement délégué sur les collèges des contreparties centrales – 28.05.2013

Le 28 mai 2013, la Commission a adopté un règlement délégué sur les collèges des contreparties centrales.

Adoption d’un règlement délégué concernant les frais de surveillance facturés aux référentiels centraux – 12.07.2013

Le 12 juillet 2013, la Commission européenne a adopté un règlement délégué précisant les frais de surveillance à payer par les référentiels centraux à AEFM.

Adoption d’un règlement délégué concernant la liste des entités exonérées sous EMIR – 12.07.2013

Le 12 juillet 2013, la Commission européenne a adopté un règlement délégué ajoutant les banques centrales et agences de gestion de dette publique des Etats-Unis et du Japon à la liste des entités exemptées sous EMIR, conformément au Rapport adopté par la Commission européenne le 22 mars 2013.

La Commission suivra la finalisation des réglementations applicables aux produits dérivés de gré à gré dans les autres juridictions du G20, en vue d’également exempter les banques centrales et agences de gestion de la dette publique d’autres pays si nécessaire, en adoptant d’autres règlements délégués similaires.

Équivalence des CCPs

Adoption d’une decision d’équivalence pour la Commodity Futures Trading Commission – 15.03.2016

Le 15 Mars 2016, la Commission européenne a adopté une décision d’équivalence (acte d’exécution) concernant le cadre réglementaire applicable aux contreparties centrales agréées par la Commodity Futures Trading Commission américaine.

Obligations des contreparties centrales transatlantiques: approche commune Commission européenne/Commodity Futures Trading Commission – 10.02.2016

Le 10 février 2016 la Commission européenne et la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) américaine ont annoncé une approche commune s’agissant des obligations des contreparties centrales.

Adoption de décisions d’équivalence pour les contreparties centrales – 13.11.2015

Le 13 novembre 2015, la Commission européenne a adopté cinq décisions d’équivalence (actes d’exécution) concernant le cadre réglementaire applicable aux contreparties centrales de l’Afrique du Sud, du Canada, du Mexique, de la Suisse et de la République de Corée.

Adoption de décisions d’équivalence pour les contreparties centrales – 30.10.2014

Le 30 octobre 2014, la Commission européenne a adopté quatre décisions d’équivalence (actes d’exécution) concernant le cadre réglementaire applicable aux contreparties centrales d’Australie, Hong Kong, Japon et Singapour.

Autres documents

Rapports

03.02.2015 – Rapport évaluant les progrès et les efforts réalisés par les contreparties centrales dans l’élaboration de solutions techniques pour le transfert, par les dispositifs de régime de retraite, de garanties autres qu’en espèces en tant que marges variables, ainsi que la nécessité de mesures visant à faciliter une telle solution
Afin d’évaluer la situation actuelle dans tous ses éléments, la Commission a commandé une étude de référence sur ce sujet qui a été préparée par Europe Economics et Bourse Consult.

22.03.2013 – Rapport sur le traitement international des transactions sur produits dérivés négociés de gré à gré conclues par les banques centrales et les entités en charge de la gestion de la dette publique
Ce rapport fournit une analyse comparative du traitement des banques centrales et des agences de gestion de dette publique prévu par les cadres juridiques d’un nombre significatif de pays-tiers. Ce rapport est la première étape vers l’exemption du champ d’application du Règlement No 648/2012 relatif aux produits dérivés négociés de gré à gré, aux contreparties centrales et aux référentiels centraux de données (EMIR) des banques centrales et agences de gestion de dette publique établies dans certains pays-tiers. Il sera mis à jour régulièrement au fur et à mesure de des avancées des processus de réforme dans les pays-tiers considérés où la législation n’est pas encore finalisée et dans les autres Etats du G20 non-encore inclus dans le rapport.

Réunions, consultations, auditions publiques et conférences

29.05.2015 – Audition publique sur la révision du Règlement EMIR
21.05.2015 – Consultation publique sur le Règlement (UE) n°648/2012 sur les produits dérivés de gré à gré, les contreparties centrales et les référentiels centraux (« EMIR »)
14.06.2010 – Consultation publique sur les Dérivés et sur les infrastructures de marché
25.09.2009 – High-level conference on OTC derivatives markets
03.07.2009 – Consultation publique sur comment améliorer la robustesse des marchés de dérivés OTC

Notifications à la Commission

Notifications par les États membres du régime des sanctions applicables aux violations des dispositions du Titre II d’EMIR (Article 12).

Communications

20.10.2009 – The Commission propose de mener des actions en faveur de marchés de produits dérivés efficaces, sûrs et solides
03.07.2009 – La Commission propose de rendre les marchés de produits dérivés plus efficaces, plus sûrs et plus solides

La croissance de l’Irlande explose … sans répercussions sur l’emploi

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Par Tigre, le

D’après le bureau national des statistiques de la République d’Irlande (Central Statistics Office, CSO), de nouvelles données financières ont permis d’établir un chiffre quasi-définitif concernant le taux de croissance de l’Eire pour l’année 2015, multipliant les prévisions initiales de 7,8% de taux de croissance du PIB à plus de leur triple : 26,3%.

Avec seulement 4,8% de croissance pour 2014, le pays des « green boys » s’était déjà hissé au rang de champion européen de la croissance. 

Concrètement : des achats d’avions de ligne, des restructurations de groupes, et … des sociétés étrangères ou britanniques qui relocalisent leur siège en Erin.

Du côté du CSO, si l’on reconnaît que ces prodigieux résultats sont le fruit d’une hausse des mouvements d’import-export, ils n’ont eu qu’un impact relatif sur l’emploi, déplore Michael Connolly, analyste senior chez CSO.

Projet Jaspar | La mort du cash et des banques telles que nous les connaissons ?

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Qu’est-ce que le “Projet Jaspar ?”

Au mois de juin, on apprenait que le Canada travaille sur l’introduction d’une version numérique de sa monnaie, le dollar canadien. Ce projet est tenu confidentiel mais des slides provenant d’une réunion à la Banque du Canada au début du mois de juin à Calgary sont parvenues au Financial Times. La Banque du Canada réfléchit à la façon d’établir une monnaie garantie par l’Etat et basée sur la technologie blockchain, le grand registre numérique qui sous-tend la crypto-monnaie bitcoin.

Ce projet est porté en collaboration avec plusieurs des plus grandes banques canadiennes : Royal Bank of Canada, CIBC, TD Bank et Payments Canada. Il utilise la propriété intellectuelle mise au point par R3, un consortium New-Yorkais d’une cinquantaine de banques du monde. La “blockchain” est une base de données partagée de transactions à laquelle on peut accéder de partout dans le monde via l’Internet. Elle est partagée à travers des serveurs informatiques et cryptée pour empêcher ses données d’être falsifiées. Vous voyez un peu vers quoi on se dirige…

D’abord remplacer une monnaie physique par une alternative numérique. Puis frapper les épargnants avec un “impôt” à taux négatif auquel ils ne peuvent échapper. Mais ce n’est pas tout… Une fois que les Etats auront transformé leur monnaie fiduciaire en monnaie légale numérique (MLN)… et que toutes les transactions seront enregistrées dans un registre réparti… les banques centrales pourront sortir les banques commerciales du jeu de la création monétaire.

La monnaie légale numérique

Actuellement, lorsque nous disons que nous avons de “l’argent,” nous signifions le plus souvent que notre compte en banque affiche un solde positif. Autrement dit, nous détenons une créance sur notre banque qui nous doit de l’argent. Quand nous convertissons nos dépôts bancaires en cash physique, nous changeons la nature de cette créance. Avec du cash, nous avons à présent une créance vis à vis de la banque centrale. Imaginez à présent un monde où le cash n’existe plus.

Vous pourriez simplement mener vos opérations bancaires avec la banque centrale. La plupart des gens n’ont aucune idée de ces développements. Et rares sont les analystes qui maîtrisent réellement ce qui se passe. Vous ne possèderez pas physiquement de l’argent. Cela signifie que vous ne pourrez pas l’échanger en privé avec ceux que vous voulez. Et il peut être… oui, il peut être effectivement effacé. Son existence même est basée sur une autorisation. Votre autorisation de l’utiliser peut vous être retirée.

C’est le rêve de tout planificateur central. Plus besoin d’inciter les gens à dépenser ni d’encourager les banques à prêter. Les banques sont entièrement retirées du processus de création de crédit.

La création monétaire est totalement numérisée… tout comme la destruction monétaire.

Plus d’infos sur : http://la-chronique-agora.com/mort-cash-banques/
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Les petits épargnants italiens vont passer à la caisse

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Le chef du gouvernement Matteo Renzi négocie avec Bruxelles pour éviter une crise bancaire. Les ménages devront passer à la caisse. Qu’ils soient contribuables ou investisseurs.

Le chef du gouvernement italien a deux feux simultanés à éteindre. Le premier, peut-être le plus urgent, concerne la recapitalisation des banques. Signe du degré d’urgence, la plus internationale d’entre elles, Unicredit, a annoncé mardi la vente de 10% de l’une de ses filiales, FinecoBank, pour 328 millions d’euros. But de l’opération: renforcer son bilan – précisément son ratio CET1, l’indicateur le plus scruté par les marchés.

Le second problème à régler – directement lié au premier – porte sur la qualité des portefeuilles des établissements financiers. Ceux-ci contiendraient quelque 360 milliards d’euros de créances douteuses.

[…] Pour remédier à la situation, il va falloir procéder à un «bail-in». Le problème, c’est que les créanciers en question sont aussi des petits épargnants.

Selon les estimations de Bank of America Merrill Lynch, les petits investisseurs détiennent 235 milliards d’obligations bancaires italiennes. Ces titres représenteraient entre 11 et 14% de l’épargne privée en Italie.

Lire la suite sur Le Temps

Italie, la crise qui vient

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La situation des banques italiennes est aujourd’hui critique. Le dossier de leur recapitalisation occupera une bonne partie de cet été. Il met en cause directement les règles de l’Union bancaire, qui est entrée en vigueur au 1er janvier 2016. L’impossibilité pour le gouvernement italien de respecter les règles de l’Union bancaire met en lumière les dysfonctionnements toujours plus importants de la zone euro.

La part des prêts dits « non-performants » dans le bilan des banques atteint désormais près de 18%, d’après une étude du FMI [1]. En dehors de la Grèce, où ce taux atteint plus de 34%, c’est le taux le plus élevé de la zone euro. Le Portugal suit d’ailleurs ce mouvement, mais à un niveau bien moindre, puisque le pourcentage des mauvaises dettes n’est « que » de 12%. En montant, on estime le volume total des encours à 360-400 milliards d’euros, dont 70 à 100 milliards devront être couverts, soit par l’État, soit par d’autres mécanismes.

Il faut ici noter que le mouvement de la part des « mauvaises dettes » peut être lié à des causes très diverses. En Irlande et en Espagne, c’était une spéculation immobilière qui avait provoqué ce mouvement. Rien de tel dans le cas de l’Italie, et c’est ce qui rend la progression des mauvaises dettes bien plus inquiétantes. Ces dernières sont issues des prêts qui ont été consentis par les banques régionales italiennes aux PME de la péninsule. En réalité, c’est bien la stagnation économique de ces dernières années qui est la cause de cette crise bancaire qui arrive aujourd’hui en Italie.

L’évolution des données macroéconomiques de l’économie italienne montre l’ampleur de cette crise, et surtout montre que sa cause est clairement l’introduction de l’euro. Si on calcule les évolutions de l’économie italienne depuis 1990, soit en prenant en compte la décennie ayant précédée l’introduction de l’euro, les évolutions sont très marquées et très importantes.

Lire la suite de l’article sur russeurope.hypotheses.org

Vous me mettrez un Brexit et petit vent de panique, merci

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Ceux qui me lisent régulièrement, ou ceux qui, plus simplement, se tiennent un peu au courant de l’état économique mondial, savent que la situation européenne n’est pas à proprement parler réjouissante. Dans un précédent billet où je notais l’extraordinaire résilience des États devant l’adversité, j’avais en outre mentionné la probabilité non nulle qu’un événement singulier (je pensais au Brexit) pourrait peut-être provoquer un grain boursier tant les tensions accumulées étaient grandes. Dernièrement, les faits semblent me donner raison.

Et bien évidemment, la presse (notamment française) est en première ligne pour se goinfrer de poncifs, de raccourcis et de sous-entendus douteux. Alors qu’on apprend jeudi matin que six fonds de gestion d’actifs immobiliers ont gelé toutes leurs opérations, nos journaux, plein de courage et de fine analyse, n’hésitent plus à titrailler que le Brexit n’en finit plus d’affoler.

Il est vrai qu’il y a matière à se poser des questions : en l’espace d’une semaine, six fonds de gestion immobilière ont été obligés de suspendre les remboursements devant l’afflux des demandes de particuliers, qui ont augmenté de façon sensible après le Brexit. En substance, des milliers d’investisseurs positionnés dans l’immobilier anglais et ayant fait appel à ces fonds pour gérer leurs placements demandent maintenant à en sortir suite au changement possible de fiscalité liée à la sortie britannique de l’Union Européenne. Bien évidemment, l’immobilier étant par nature bien moins liquide que d’autres types de fonds, le manque de liquidités disponibles s’est rapidement fait sentir pour un premier puis un second fonds qui ont été obligés d’arrêter leurs remboursements en attendant de pouvoir liquider certaines de leurs positions.

L’information, rapidement connue de tous, n’a fait qu’encourager les clients d’autres fonds à prendre leurs dispositions pour éviter de se retrouver coincés à leur tour. On est dans un schéma classique de « bank run » sur un marché qui, de surcroît, est particulièrement délicat puisque non seulement peu liquide mais aussi particulièrement profond et très lié au reste de l’activité économique du pays. Les fonds actuellement bloqués représentent ainsi plus de 17 milliards d’euros d’actifs, et pour répondre aux demandes des clients, les gérants de ces fonds doivent à présent … vendre des biens immobiliers. Par ricochet, il n’est pas invraisemblable d’imaginer une baisse sensible de l’immobilier britannique, notamment à Londres où le marché du haut de gamme est particulièrement tendu selon la Banque d’Angleterre et où les prix dépassent de 54% les sommets atteints avant la crise financière de 2008.

Cette situation, propre au marché britannique, intervient alors que d’autres problèmes continuent de se développer sur le continent.

D’une part, on ne peut plus passer sous silence la situation aussi gênante que visible de la Deutsche Bank, dont le cours ne cesse de s’éroder ces derniers mois (avec une chute de 49% depuis le début de l’année – et de 89% depuis son sommet de 2008) et qui s’accélère ces derniers jours puisque son cours a atteint son plus bas historique.

Le souci est que cette banque n’est pas une petite banque régionale pépère, qu’elle ne gère pas qu’une poignée d’euros d’un modeste Land, mais qu’elle représente aussi bien sur le plan psychologique que financier une part importante de la puissance allemande : pour le Fonds Monétaire International, le groupe allemand, avec plus de 1 600 milliards d’euros à son bilan et 100.000 salariés, « apparaît comme le plus important contributeur net aux risques systémiques au sein du secteur bancaire international, devant HSBC et Crédit Suisse ». Autrement dit, s’il y a bien une banque qui ne peut pas, ne doit surtout pas faire faillite, c’est bien la Deutsche Bank, et on peut raisonnablement imaginer que tout sera fait pour l’éviter. Maintenant, compte tenu des volants énormes de produits dérivés (on parle de 50.000 milliards d’euros), on se perd un peu en conjectures sur la puissance des expédients que Mario Draghi, à la tête de la BCE, pourrait utiliser pour éviter la catastrophe…

D’autre part, la banque allemande n’est pas seule dans la tourmente, puisque les banques italiennes, de leur côté, accumulent des difficultés : grevées de 360 milliards d’euros de créances douteuses dont elles n’ont pu se séparer depuis la récession de 2011, elles affichent un besoin de capitaux de l’ordre de 40 milliards qu’elles sont bien en peine de trouver. Et si la Deutsche Bank peut prétendre, par son aspect systémique, à une aide bienvenue de la part de la BCE, la plupart des établissements italiens n’auront pas cette chance et devront se diriger vers la faillite (en effet, même avec un petit 20% de pertes, seul Unicredit serait encore solvable). Compte-tenu des dernières règles bancaires, on assisterait à un bail-in, c’est-à-dire un renflouement via les créanciers, les actionnaires … et les déposants de ces banques.

Politiquement, c’est si impopulaire que c’en est quasiment suicidaire. Or, à cette situation financière périlleuse, il faut ajouter le piège dans lequel s’est fourré le gouvernement actuel de Matteo Renzi en proposant un référendum en octobre prochain qui a toutes les chances d’entraîner sa démission et de déclencher des élections législatives. Les sondages actuels montrent que ces dernières amèneraient probablement au pouvoir Beppe Grillo, du mouvement M5S dont l’une des promesses de campagne porte sur … un référendum sur le maintien de l’Italie dans l’euro (toute ressemblance avec un cas précédent n’est pas totalement fortuite).

Ici, je pourrais choisir de m’appesantir sur les taux de rendement des emprunts d’État, tous en territoire négatifs, y compris en Suisse, et sur les attentes de plus en plus pressantes des investisseurs de nouvelles actions de la part des banques centrales sur le mode « faites un truc, n’importe quoi, mais vite », et noter avec un certain désabusement que « n’importe quoi » est tout à fait dans leurs cordes. Mais je me contenterai de fournir un graphique, celui du cours de l’or qui monte gentiment, montrant que certains se retirent à l’abri et que l’ambiance globale n’est plus du tout à l’euphorie.

Bref, comme j’expliquais en introduction, quelques jours après le Brexit, les problèmes de l’Union européenne font surface avec violence et la sidération politique qui a accompagné le vote britannique laisse maintenant place à un petit vent de panique boursière.

Malgré tout, il serait faux de caractériser ce qui se passe actuellement comme la résultante de ce Brexit, en condamnant au passage la décision des Britanniques, quitte à l’affubler de petits adjectifs acides comme « irresponsable » ou « émotionnelle ». Non, décidément, le Brexit n’est pas la cause des craquements qu’on entend de toute part sur les marchés, et n’est certainement pas la cause des difficultés de la Deustche Bank ou des banques italiennes (ou même françaises), qui couvent depuis bien plus longtemps que le référendum britannique. Ce dernier n’est qu’un élément déclencheur, la petite piqûre de rappel de la réalité à tous ceux qui pensaient qu’on pouvait continuer à faire ainsi léviter les marchés à coup d’injections de monnaie, de bricolages monétaires plus ou moins subtils, d’incantations politiques et de petits mouvements de mentons décidés.

Et surtout, s’il est hasardeux de lancer un pronostic sur ce qui peut se produire maintenant, il est encore plus hasardeux de croire que ces problèmes vont se résoudre tout seuls, sans casse, et a fortiori en augmentant les doses de ce qui a été tenté, sans succès, toutes ces années précédentes, par les mêmes fines équipes qui nous ont fourré là en premier lieu.

this will not end well - vélo

Barroso chez Goldman Sachs : Qui s’en étonnera ?

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Et voilà, ça devait arriver. On sait depuis longtemps que l’Union européenne, et la Commission européenne qui en est l’organe exécutif (non-élu faut-il le rappeler), ne défend pas les peuples européens mais les vils intérêts de la haute finance. Qui renvoie ensuite l’ascenseur par des nominations ou de grasses rémunérations. Et ce n’est pas l’actuel président de la Commission, le lamentable Jean-Claude Juncker, qui pourra me contredire. OD

« La banque d’affaires américaine Goldman Sachs a annoncé vendredi avoir engagé l’ancien président de la Commission Européenne José Manuel Barroso pour la conseiller, au moment où le secteur financier est secoué par les craintes autour du Brexit.

Le Portugais occupera les fonctions de président non-exécutif de Goldman Sachs International, branche internationale du groupe américain basée à Londres, et de conseiller de Goldman Sachs, a précisé la banque dans un communiqué.

« José Manuel va apporter une analyse et une expérience immense à Goldman Sachs, et notamment une profonde compréhension de l’Europe. Nous sommes impatients de travailler avec lui alors que nous continuons à aider nos clients à évoluer au sein d’un contexte économique et de marché incertain et délicat », ont déclaré Michael Sherwood et Richard Gnodde, co-directeurs généraux de Goldman Sachs International, cités dans le communiqué.

Pluie de critiques

Cette annonce a provoqué samedi 9 juillet une pluie de critiques en France. « Desservir les citoyens, se servir chez Goldman Sachs : #Barroso, représentant indécent d’une vieille Europe que notre génération va changer », a twitté le secrétaire d’Etat français au Commerce extérieur, Matthias Fekl.

Comme le ministre socialiste, les eurodéputés PS français jugent « scandaleux » ce qu’ils qualifient de « nouveau pantouflage, qui ressemble fort à un conflit d’intérêt ». « Nous exigeons une révision des règles pour empêcher de tels recrutements d’anciens Commissaires européens », écrivent-ils dans un communiqué.

Premier ministre du Portugal de 2002 à 2004, M. Barroso a occupé la présidence de la Commission européenne de 2004 à 2014, période durant laquelle l’Europe et le monde ont été secoués par la grave crise financière de 2008. Or, rappelle la presse française, la banque de Wall street est l’une de celles ayant vendu le plus de produits financiers complexes – les subprimes – à l’origine de la crise de 2008.

La présidente du parti d’extrême droite Front national, Marine Le Pen, a par ailleurs estimé sur Twitter que la nouvelle n’avait « rien d’étonnant pour ceux qui savent que l’UE ne sert pas les peuples mais la grande finance ».

José Manuel Barroso n’a enfreint aucune règle, puisqu’au delà de 18 mois après la fin de leur mandat, rien n’oblige les anciens membres de la Commission à rendre des comptes à cette institution.

« Les anciens commissaires ont évidemment le droit de poursuivre leur carrière professionnelle ou politique », a déclaré à l’AFP un porte-parole de la Commission. « C’est légitime que des personnes dotées d’une grande expérience et de qualifications continuent à jouer des rôles de premier plan dans le secteur public ou privé. »

Challenges.fr, le 9 juillet 2016 (Avec AFP)