Divided States of America ? – Partie 1

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« Le rêve américain ». Cette expression trouva son essor dans les années 50 et 60, dépeignant l’Amérique comme un nouvel eldorado digne de l’épopée de Christophe Colomb. Phénomène de société équivalent à une 2ème Découverte des Amériques, le pays incarnait une terre d’asile et d’acceptation, de prospérité et de richesses, stimulé par un libéralisme politique et économique presque utopique, symbolisé par un art cinématographique et une littérature grandioses.

La Crise a mis au jour les inégalités, la pauvreté. Les interventions militaires sont désormais sévèrement critiquées et se révèlent infructueuses. La politique étrangère semble primer sur la politique interne. La réalité sociale et la politique étrangère actuelles sont amères et montrent l’envers du décor. L’American Dream fait-il toujours rêver ?

Au vu de l’actualité et du risque grandissant de confrontation Ouest / Est, les frontières sont en mouvement avec l’instabilité politique dans certaines régions et de nouvelles alliances entre états. S’y ajoutent les contradictions internes sur la ligne politique à suivre et la pression économique qui ne font que diviser davantage les élites intellectuelles sur le long terme. Les États-Unis ne sont pas épargnés par cette évolution.

Alors, comment ce pays va-t-il évoluer ?

La pression budgétaire, les fermetures d’entreprises, le chômage de masse poussent les 50 états dans une situation de plus en plus précaire. Certains sont dans de meilleures situations que d’autres. Le temps n’est plus à l’expansion et à la croissance économique. Aussi, la conjoncture engendre une situation de repli. Ce constat est décelable notamment en Espagne et en Italie où le régionalisme ressurgit. Ce mouvement gagnerait-il les États-Unis ? Récemment, de nombreux signaux ont été dans ce sens.

Si certains états américains se replient sur eux-mêmes, pourraient-ils développer une certaine autonomie ? Après tout, chaque état dispose de ses organes représentatifs : Gouvernement, Parlement, lois, cours de justice, etc.

Compte-tenu de ces éléments, des demandes d’autonomie accrue amèneraient-elles vers de nouvelles Déclarations d’Indépendance de certains états américains ? Sont-elles viables et envisageables ?

En quelques années, ce scénario a traversé plusieurs cercles de réflexion en passant de « pure fiction » à « hypothèse plausible ».

Pour mesurer l’hypothèse d’une scission au sein des États-Unis, il convient d’en comprendre l’origine en faisant un tour d’horizon des difficultés auxquelles est confronté le pays. La situation financière et économique sera rapidement évoquée en raison des commentaires et du suivi régulier d’experts comme Pierre Jovanovic, Olivier Delamarche, Philippe Béchade et autres chroniqueurs relayés. D’autres points et réflexions moins souvent évoqués retiendront l’attention.

Il s’agira d’expliquer en détail les raisons qui pousseraient vers une décomposition de la Fédération des États-Unis, qui sont désormais bien connus de tous, mais surtout d’approfondir sur le devenir territorial et politique de ce pays. S’il éclatait, à quels développements s’attendre ? À quoi ressemblerait-il ?

Situation

À savoir que ce pays se distingue en 3 niveaux de pouvoir : gouvernement fédéral, état (gouvernement, Parlement, législation propre, organes de justice, etc.), collectivités locales (municipalités et comptés). Il est donc utile d’étudier chaque niveau séparément tout en les comparant.

Evolution dette publique totale USA - 1790 à 2014

L’analyse de ce graphique montre 3 éléments. L’information la plus évidente montre actuellement que les collectivités locales (villes, comtés) sont moins endettées que le gouvernement fédéral. Vient ensuite le niveau d’endettement global de cet acteur central qui dépasse les 100 %, ce qui conduit parallèlement au résultat essentiel simplifié à tirer de cette synthèse. L’endettement est mesuré en pourcentage du PIB car il faut une valeur absolue sur laquelle se baser. Le PIB est un outil économique qui représente l’ensemble des richesses données d’un pays. Si les États-Unis sont endettés à plus de 100 %, concrètement cela veut dire que la vente de toutes leurs richesses (ressources, entreprises, immobilier, machines, brevets, main d’œuvre, capitaux, etc.) ne suffirait pas à rembourser leurs dettes. Qui plus est, une partie de la dette publique américaine est détenue par d’autres pays. S’ils demandent à être remboursés, la situation financière interne sera intenable face à de telles pressions.

La comparaison entre ces deux échelons que sont le gouvernement fédéral et les administrations locales amène une interrogation. Individuellement, chaque état et pouvoir local est-il mieux gérer que ce vaste ensemble hétérogène ?

Evolution recettes & dépenses administrations locales USA - 1900 à 2011

Evolution recette & dépenses gouvernement USA - 1900 à 2011

Le premier constat de ces deux graphiques montre nettement un clivage s’agrandissant, deux situations bien distinctes. Depuis 1900, les recettes et dépenses des administrations locales et des états sont en progression constante et se suivent tout en maintenant un déficit stable. Il y a donc un équilibre. De l’autre côté, le gouvernement fédéral n’affiche pas la même progression jusqu’à la Première Guerre Mondiale. De 1900 à 1916, les recettes et dépenses se suivent sur une timide tendance à la baisse avec un déficit presque nul. D’ores et déjà, une différence s’installe sur cette période entre les administrations locales et états d’une part et du gouvernement fédéral d’autre part. Cette situation à la baisse s’observe lentement, à nouveau de 1921 à 1930, ressemblant à une stagnation, une fois la guerre terminée.

La Seconde Guerre Mondiale révèle que l’essentiel de l’effort de guerre est fourni par le gouvernement avec une hausse énorme des dépenses, les recettes ne suivent pas et expliquent l’augmentation du déficit. La situation des administrations locales est tout autre : jusqu’en 1933, le déficit s’améliore en concordance avec l’augmentation confondue des recettes et dépenses. Les 10 années suivantes représentent une baisse des recettes et dépenses mais une amélioration du déficit alors que le gouvernement voit ses recettes croître, tout comme ses dépenses et son déficit. Au niveau local, la transformation vers une économie de guerre ne semble pas fructueuse avec ses seules données.

À partir de 1948, la situation repart à la normale pour les administrations locales avec une progression suivie des recettes et dépenses et une stabilité du déficit proche de 0. À partir de 1953 concernant le gouvernement fédéral, le phénomène de baisse des recettes et dépenses et de la constance très faible du déficit, revient à nouveau. Cette répétition s’est déjà observée par deux fois comme expliqué précédemment sur les périodes 1900 – 1916 et 1921 – 1930. À chaque fois, ce sont des baisses frôlant la stagnation mais lentes et mesurables. S’agirait-il de cycles ou d’une tendance inéluctable à la baisse de la santé financière fédérale seulement interrompue à cause des deux guerres mondiales ?

En dernière lecture jusqu’en 2010, les administrations locales disposent d’une augmentation continue et confondue des recettes et dépenses qui se suivent avec un déficit presque nul. Alors que l’État fédéral voit un écart se creuser entre des recettes en diminution, des dépenses en hausse et traduisant un déficit accéléré.

Les graphiques se placent sur une échelle de 100 ans, donc cette évolution devrait se poursuivre pour les prochaines années. Alors les états et administrations locales sont-ils en meilleure santé financière que le gouvernement fédéral ? D’une manière générale, l’analyse tend visiblement à le montrer avec ces données mais il faudrait encore étudier chaque cas individuellement.

Solde mensuel budget USA - 2002 à février 2012

La tendance générale montre clairement un déficit budgétaire. Pour compenser, le gouvernement américain emprunte et s’endette. Sans dégagement positif rapide et continuel du solde budgétaire fédéral, l’endettement ne pèsera que davantage sur une économie déjà en manque de croissance suffisante. Chaque banque et acteur sur le marché de la dette américaine a bien compris qu’un coup d’arrêt aux prêts et à l’émission de dettes envers l’État fédéral conduirait à un effondrement et une panique générale des marchés financiers. Trop d’enjeux sont concernés et cette composante intégrée ne peut être retirée sans dégâts irréversibles. La dette fédérale américaine est donc un facteur-clé de la géoéconomie actuelle.

Comment expliquer ce solde négatif ? L’État fédéral américain a-t’il trop de dépenses ? Vit-il au-dessus de ces moyens ? Ce qui amène à se pencher plus en détails sur un état des lieux interne du pays.

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