par Modeste Schwartz
Vous vous souvenez des produits « essentiels » et « non-essentiels » de l’âge d’or du Rhume19 ? Ce qui est alors apparu à beaucoup comme une nouveauté radicale n’était en réalité que la généralisation d’un type d’ingérence bancaire dans la vie privée que connaissaient déjà bien tous ceux qui ont fréquenté le monde magique du crédit immobilier.
C’est un éditorial du site SeLoger qui vient nous rappeler cette vérité simple : les banquiers n’ont pas attendu le déclenchement officiel du Great Reset pour faire leurs besoins sur tous ces droits (notamment : à la protection de la vie privée) dont le système occidental se gargarise.
Face au durcissement des conditions de crédit (inévitable dans un contexte de remontée des taux), l’éditorialiste nous materne, nous apprenant à « soigner [n]otre profil pour maximiser [n]os chances d’obtenir le précieux sésame ».
Et il est bien clair que ce « profil » ne se résume pas à notre santé financière globale (équilibre recettes/dépenses), mais s’étend volontiers au détail le plus privé de nos dépenses, donc de notre mode de vie : il faudrait éviter les jeux d’argent (passe encore…), les crypto-monnaies (probablement pas celles que s’apprêtent à émettre les banques centrales, cela dit…), mais aussi (tenez-vous bien) « divers abonnements (streaming, magazines…) ». En d’autres termes :
Pour plaire à votre banquier, lisez la presse subventionnée !
(Et pas le CDS !)
Or, face à ce tableau assez inquiétant, notons bien que, pour l’instant, nous disposons de deux libertés garanties par l’économie de marché, et susceptibles de contrebalancer cette tendance scrutatrice du prédateur bancaire :
- On n’est pas obligé de vivre à crédit : l’épargne reste possible, quoique d’ores et déjà compromise (et ce, à dessein !) par l’inflation.On peut choisir son créancier : quoiqu’en situation d’oligopoles, les banques privées se font encore concurrence.
La mauvaise nouvelle, c’est que le Great Reset se propose justement – via l’institution des crypto-monnaies de banque centrale (CBDC) – de mettre fin à ces deux libertés
- en rendant l’épargne impossible, au moyen de coins assortis (entre autres conditions d’utilisation…) d’une date de péremption, et en faisant disparaître tout étage intermédiaire (banque privée) entre la Banque centrale (l’Etat) et le citoyen devenu fourmi productrice/consommatrice de la ruche post-humaine – conséquence logique des CBDC, malgré les dénégations ambiguës de la BCE en la matière.
Modeste Schwartz, Le Courrier des Stratèges, le 13 juin 2023