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Jim Rogers : «La faillite de la Deutsche Bank va faire s’effondrer le système financier mondial»

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La raison pour laquelle les Etats-Unis veulent obtenir 14 milliards de dollars de pénalités de la banque allemande ? Ils sont très endettés. Et ils tenteront d’agir ainsi partout où ils le peuvent, selon l’investisseur Jim Rogers.

La Deutsche Bank aurait échoué à parvenir à un accord avec les Etats-Unis. La banque risque de devoir payer une amende de 14 milliards de dollars, par décision du département de la Justice des Etats-Unis et à cause de ventes abusives des titres hypothécaires dans la période ayant précédé la crise financière de 2008.

RT : Tout d’abord, pourquoi les Etats-Unis imposent-ils de telles pénalités ?

Jim Rogers (J. R.) : La raison principale est que les Etats-Unis sont gravement endettés. Ils ont un déficit gigantesque – ils ont désespérément besoin d’argent. Ils essaieront de l’obtenir partout où ils le peuvent. Je ne peux pas imaginer que la Deutsche Bank soit redevable de 14 milliards de dollars, mais je ne suis pas impliqué.

RT : La banque a dit qu’elle ne paierait rien de la somme voulue par les Etats-Unis – comment tout cela va-t-il se régler ?

J. R. : Soit la Deutsche Bank fera faillite, ce qui fera s’effondrer le système financier mondial, soit ils essaieront de parvenir à un compromis sur un chiffre moindre. Si la Deutsche Bank doit payer 14 milliards de dollars… vous devriez être très inquiets quoi qu’il arrive, mais surtout s’ils doivent payer 14 milliards de dollars.

Ça sera la fin si la Deutsche Bank échoue

RT : A quel point la principale banque allemande est-elle désespérée ? A-t-elle une chance de survivre sans plan de sauvetage ?

J. R. : Si vous regardez son bilan, vous verrez qu’elle a une dette prodigieuse, dans son bilan aussi bien qu’hors bilan […]. Elle va probablement survivre en recevant de l’aide, sinon nous aurons tous un problème énorme pendant les deux prochaines années. Comme je vous ai déjà dit, il faut être très inquiets. Le monde occidental, le monde entier va affronter beaucoup de problèmes au cours des deux années à venir. Il faut s’inquiéter !

RT: En août, les Etats-Unis étaient furieux de la décision de l’UE de demander des milliards d’euros à Apple en impôts rétroactifs. Certains considèrent le récent scandale autour de la Deutsche Bank comme une vengeance de Washington. Quelle est votre opinion ?

J. R. : Il est vrai que ces gouvernements ont ce petit jeu – ce qui n’est bon pour personne. Mais ils le font. Vous donnez du pouvoir aux bureaucrates – ils le prennent et s’enfuient. Le pouvoir corrompt, c’est ainsi depuis des centaines d’années.

L’Allemagne a dit à tout le monde de ne pas renflouer les banques, mais si elle doit renflouer subitement ses banques, les hommes politiques auront le champ libre

RT : Si la Deutsche Bank échoue, que cela signifiera-t-il pour l’UE et la finance en général ?

J. R. : L’UE se désagrégera donc, parce que l’Allemagne ne pourra plus la soutenir, ne voudra pas la soutenir. Beaucoup d’autres personnes essaieront de renflouer ; plusieurs banques en Europe ont des problèmes. Et ça sera la fin si la Deutsche Bank échoue. En 1931, quand une des plus grandes banques d’Europe a échoué, cela a mené à une grande dépression et finalement à la Seconde Guerre mondiale. Il faut s’inquiéter !

L’Allemagne a dit à tout le monde de ne pas renflouer les banques, mais si elle doit renflouer subitement ses banques, les autres pays seront furieux et les hommes politiques auront le champ libre.

Le passage du CDD au CDI est de plus en plus difficile en France

Une étude de France Stratégie, publiée lundi, met en lumière un marché du travail qui fonctionne de plus en plus « à deux vitesses » .


Cet article consiste en un extrait tiré de Le Monde.fr disponible ici.


Au moment où gouvernement, Medef et syndicats s’interrogent sur la suite à donner à la convention d’assurance-chômage, une étude publiée lundi par France Stratégie, un organisme rattaché à Matignon, apporte un éclairage intéressant sur les transitions professionnelles. Et notamment sur l’importance croissante qu’ont pris les contrats à durée limitée – au coeur du débat sur les déficits du régime de l’Unédic – dans les inscriptions à Pôle emploi.

De cette étude, il ressort que des statuts d’emploi qui « amènent » au chômage, les contrats à durée limitée – intérim, CDD, en particulier CDD d’usage dans certains secteurs – jouent un rôle de plus en plus marquant. Comparativement aux autres salariés, les salariés en CDI présentent un risque de transition très faible : leur probabilité de perdre leur emploi l’année suivante est de l’ordre de 2 %, contre 13 % pour un titulaire de CDD et 22 % en intérim. Et cet écart a tendance à s’accentuer si l’on en juge par les chiffres de France Stratégie qui compare les périodes 2003-2008 et 2008-2014 (voir graphique).

En clair, les allers-retours entre emploi et chômage sont de plus en plus fréquents depuis la crise, car les contrats à durée limitée constituent des variables d’ajustement : même s’il faut différencier domaine professionnel par domaine professionnel, ils sont de plus en plus nombreux, de plus en plus courts et la part des réembauches, c’est-à-dire des embauches récurrentes chez le même employeur, explose.

Statistiques | En France, à 60 ans, on est souvent sans retraite et sans emploi

Une partie des économies dues au relèvement de l’âge légal à 62 ans est dépensée en pensions d’invalidité, minima sociaux ou allocations chômage.

Avec le recul de deux ans de l’âge d’ouverture des droits à la retraite, initié par la réforme de 2010, le taux d’emploi à 60 ans a bondi de 14 points, à près de 40 %. Mais à cet âge, 29 % des Français sont sans emploi ni retraite, et à 61 ans le taux tombe à 15 %. Ils restent sur le carreau, car « la baisse de la probabilité d’être à la retraite se traduit principalement par une prolongation dans l’état précédent », comme le dit pudiquement le Conseil d’orientation des retraites (COR) dans une note de travail.

Autrement dit, ceux qui ont un poste peuvent le garder s’ils sont chanceux, mais les autres doivent se contenter du revenu de leur conjoint, de l’allocation chômage, des minima sociaux, d’une pension d’invalidité ou d’un arrêt maladie qui s’éternise.

Lire la suite sur Le Monde.fr

Le dangereux bilan de la BNS, le tabou commence à tomber. Vincent Held

Dans un article paru cet été et depuis largement diffusé sur les réseaux sociaux, le grand magazine économique romand Bilan a, l’air de rien, brisé un tabou journalistique majeur : alerter sur la dangerosité du gonflement du bilan de la BNS, dont les réserves de devises dépassaient désormais les 640 milliards de francs. (1)

Il y attirait l’attention du lecteur sur l’existence d’un coût caché de la politique d’affaiblissement du franc, à savoir : le risque d’une fonte – voire d’une disparition – des fonds propres de la BNS en cas de « retournement des marchés », notamment du fait de sa « surexposition à l’euro et au dollar ».

Pour en finir avec le mythe de l’autofinancement de la BNS

Pourtant, selon la thèse communément admise par les médias helvétiques, la BNS peut parfaitement « opérer avec des fonds propres négatifs » (2), puisqu’elle financerait gratuitement ses achats d’actifs en créant elle-même de la monnaie à hauteur de plusieurs centaines de milliards de francs (3). Dans ce cas, en effet, comment les pertes de la BNS pourraient-elles avoir la moindre incidence sur l’économie suisse ?

Au vu de ces arguments bien installés depuis septembre 2011, le fait qu’une revue spécialisée bien établie soulève les fragilités du bilan de notre institut monétaire a de quoi interpeller. Se pourrait-il que les propos tranquillisants dont notre presse s’est fait l’écho depuis des années reposent, tout compte fait, sur des fondements moins sûrs qu’il n’y paraissait ?

Pour y voir plus clair, il est nécessaire de rappeler que le gros de la « création monétaire » à laquelle notre banque centrale se serait livrée ces dernières années est lié à l’augmentation vertigineuse des « avoirs en compte de virement des banques suisses et étrangères » à la BNS, avoirs qui sont passés de quelque 5.5 milliards de francs en août 2008 à plus de 470 milliards en août 2016.

Or, une analyse publiée sur ce blog en début d’année 2016 nous apprenait que la compétence constitutionnelle de la BNS en termes de « création monétaire » se limite à l’approvisionnement du marché en numéraire (billets de banques et pièces de monnaie). (4) Ce constat est par ailleurs confirmé par la BNS elle-même dans son glossaire en ligne :

creation

 Or, cette monnaie numéraire qui relève de la compétence constitutionnelle de la BNS est passée de 40 à 72 milliards entre 2008 et 2016… Le reste vient des banques commerciales!

La conclusion, même si elle ne se trouve pas dans les manuels scolaires, n’en est pas moins évidente : les centaines de milliards de francs « d’avoirs en compte de virement des banques » dont nous venons de parler sont autant de dettes que les banques commerciales détiennent vis-à-vis de la BNS. (5)

En d’autres termes : l’explication convenue et rassurante qui nous a tant été rabâchée depuis des années, selon laquelle la BNS financerait gratuitement ses achats massifs d’actifs sur simple recours à la « planche à billets » était, au mieux, un mythe – au pire, un leurre.

Oser aller au bout du raisonnement

En Suisse alémanique, le Dr. Marc Meyer, éditorialiste bien connu d’InsideParadeplatz, intègre pleinement cette donnée dans ses analyses. Il indique désormais explicitement que la BNS est bel et bien financée par les banques, compagnies d’assurances et autres caisses de pension qui disposent d’avoirs auprès d’elle (on y apprend aussi que le Crédit Suisse dispose, à lui seul, de quelque 120 milliards de francs d’avoirs auprès de banques centrales).

Le Dr. Meyer constate ainsi qu’une appréciation du franc de plus de 10% se répercuterait inévitablement sur les bilans des pourvoyeurs de fonds de la BNS, de telle sorte que « ce sont nous les contribuables, les clients et le public, qui finirons par payer les pots cassés ». (6)

Une vision certes peu rassurante, mais qui a le mérite de fournir une clé de lecture à la multiplication des initiatives de la part des milieux politico-économiques suisses pour s’assurer que les pertes du secteur bancaire seront reportées sur le contribuable et le déposant le moment venu : loi « too-big-to-fail » (2011), ordonnance de la Finma sur l’insolvabilité bancaire (2012), rapport du Conseil fédéral sur le « too-big-to-fail » (2015). (7)

Ajoutons pour conclure que l’ampleur des « avoirs en compte de virement » des banques suisses auprès de la BNS, conjuguée au rôle d’interface que joue la BNS entre les banques suisses et le marché des produits dérivés sur la dette européenne (8), est un autre élément qui laisse présager d’une issue peu favorable pour le citoyen.

Vincent Held, économiste, Master of Science in Finance HEC Lausanne

Références

1) La Banque nationale suisse s’expose à des risques élevés, Bilan, 15 août 2016

2) Par exemple : Dominik Studer : « la BNS peut fonctionner avec des fonds propres négatifs », Le Temps, 15 juillet 2015

3) Par exemple : Pourquoi les planches à billets ne créent plus d’inflation, Le Temps, 29 avril 2014

4) Qui dirige la BNS ?, le Blog de Liliane Held-Khawam, 23 janvier 2016

5) Une conclusion à laquelle ce site était déjà parvenu dès le début d’année 2014 sur simple analyse du bilan de la BNS : La loi qui a permis la financiarisation à haut risque de la BNS, le Blog de Liliane Held-Khawam, 14 janvier 2014

Le passif n’est pas moins inquiétant puisqu’on y trouve un compte intitulé «comptes de virement des banques en Suisse», qui a littéralement explosé.

Il s’agit des dépôts des établissements financiers auprès de la BNS, qui sont passés de 7 milliards en 2004 à près de 318 milliards en 2013. Est-ce par ce compte que la BNS finance ses devises?

Les deux comptes ci-dessus montrent le gigantesque déséquilibre de ce bilan. La BNS a immobilisé des actifs sur le long terme en devises étrangères et en grande partie sous forme de créances gouvernementales, en échange d’emprunts bancaires tout aussi gigantesques en francs et à court terme. Elle finance donc le long terme avec du court terme!

A lire également : BNS: taille et financement du bilan 2015. le Blog de Liliane Held-Khawam, 29.01. 2016

6) Le bilan de Crédit Suisse est un terrain miné (en allemand), InsideParadeplatz, 03.08.2016

7) Ce rapport du Conseil fédéral propose de reprendre dans le droit suisse les mesures de ponctions de comptes bancaires déjà prévues par l’Ordonnance de la Finma sur l’insolvabilité bancaire.

Et pour approfondir : Ponction des comptes bancaires : la Suisse s’y met ! P Herlin, Goldbroker

8) A travers son rôle-clé dans le fonctionnement de certains produits « repo » commercialisés par une plateforme boursière allemande : La Banque nationale suisse au cœur de la finance spéculative européenne, le Blog de Liliane Held-Khawam, 22.01.2016

La Banque nationale suisse s’expose à des risques élevés. Myret Zaki, Bilan

Par Bilan.ch Le bilan de la Banque nationale suisse (BNS) n’en finit plus de grossir. Myret Zaki analyse cette croissance sans fin et surtout la composition de celui-ci, qui laisse apparaître de fortes disparités, notamment au détriment de l’or.

Avec 635 milliards de réserves de devises, principalement en euros et en dollars, acquis pour affaiblir le franc suisse, la BNS se voit contrainte de placer cet argent en Europe et aux Etats-Unis. Elle est notamment exposée à plus de 62 milliards de dollars aux actions américaines, qui représentent désormais 60% de son portefeuille actions, un record.

Les fluctuations de marché et les pertes de changes peuvent aisément manger les fonds propres de la BNS, déjà très bas en pourcentage de son bilan.

L’étau se resserre rapidement sur l’économie mondiale

Le monde de l’investissement a une durée d’attention si courte que c’en est embarrassant. Mais franchement, c’est une nécessité. Si les traders, les fonds spéculatifs et autres chevaux dans le carrousel pouvaient regarder au-delà d’une semaine en arrière sur l’activité des marchés ou lire des études de retour d’expériences sur l’histoire des marchés par rapport à aujourd’hui, ils ne seraient pas en mesure de conserver leur optimisme aveugle. C’est exactement ce qui leur est nécessaire pour continuer à fonctionner. S’ils devaient tous examiner la situation financière mondiale en toute honnêteté, l’ensemble de la façade s’effondrerait demain.

Aucune relance de la banque centrale ou intervention ne peut à elle seule entraîner les actions et les marchés obligataires; c’est la foi naïve et l’ignorance délibérée des acteurs moyens du marché qui le peut. Cependant, il y a un problème avec ce type de modèle économique. La réalité n’est jamais tenue en échec indéfiniment. Les vérités financières finissent toujours par être exposées, d’une façon ou d’une autre.

Comment peut-on savoir quand ce changement complet perçant les consciences se produira? Eh bien, il n’y a pas de science qui puisse nous aider. Bien que l’économie de base soit soumise aux forces de l’offre, de la demande et de la logique implacable des mathématiques, elle est également soumise à la psychologie humaine, ce qui est une tout autre affaire.

Dans le passé, j’ai exposé les similarités dans les réponses aux différentes crises économiques. Par exemple, la réponse des médias et la perception du public au début de la Grande Dépression était un exercice très malheureux de faux optimisme. La réponse juste avant le crash du crédit de 2008 par les médias et les masses était la même. Il est intéressant de noter en particulier que les médias traditionnels tendent à en faire plus autour de leurs certitudes sur la stabilité économique, au fur et à mesure que le système approche de l’effondrement. Autrement dit, plus nous approchons d’une calamité financière, plus violemment les médias traditionnels attaquent des gens qui suggèrent que le danger est à l’horizon.

Tout d’abord, jetez un œil aux tentatives suivantes par les médias pour embarrasser ou faire taire des analystes comme Peter Schiff juste avant le crash de 2007/2008 :

Maintenant, regardez cette tentative de CNBC d’attaquer Bill Fleckenstein pour avoir eu l’audace de remettre en question la validité des valeurs boursières actuelles et soulignant que la Réserve fédérale est en train de détruire l’économie plutôt que de la réparer:

Vous remarquez des similitudes frappantes entre la rhétorique dominante de 2006/2007 et celle d’aujourd’hui? Remarquez comme elle est émotionnellement agressive et presque désespérée pour maintenir la foi dans le marché, plutôt que de regarder la situation objectivement, alors que les fondamentaux commencent à submerger la complaisance des investisseurs.

Pour être honnête, même si les économistes traditionnels ont presque toujours tort, les analystes indépendants ne sont pas des prophètes. Nous ne pouvons généralement pas donner le moment exact des changements économiques que nous voyons venir. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de fournir une fenêtre générale durant laquelle les événements sont susceptibles d’avoir lieu. Les prédictions de Peter Schiff sur la façon dont la bulle immobilière et la crise du crédit se sont jouées étaient tout à fait correctes, même s’il s’était trompé d’environ six à huit mois sur son calendrier. Encore une fois, ce n’est pas une science exacte, et la psychologie humaine a la possibilité de compenser les fondamentaux du marché pendant des mois.

Le «catalyseur» supposé pour le krach de 2008 est principalement attribuable à la chute de Lehman Brothers. Je recommande fortement l’un des économistes «optimistes», faisant valoir aujourd’hui que les banques centrales ont l’intention de prolonger indéfiniment la montée des actions, puis d’examiner leurs déclarations faites dans les médias à propos de Lehman, alors que l’on entendait déjà les craquement avant-coureurs de la chute de Lehman Brother. Puis repensez sérieusement à certaines des déclarations récentes et des tactiques utilisées par la Deutsche Bank en Allemagne.

Plus précisément, notez que Lehman a utilisé sa comptabilité et des astuces sur les produits dérivés en faisant circuler des fonds par le biais de différents comptes, afin de rendre l’entreprise apparemment solvable. Enfin, jetez un œil aux révélations qui sortent des endroits comme l’Italie, comme quoi la Deutsche Bank a utilisé le même modèle de faux comptes et de manipulations de marché, encore une fois, avec des dérivés comme outil principal de la fraude.

Notez également les mêmes négations pures et simples de tous les éléments de preuve pertinents, selon lesquels la Deutsche Bank pourrait souffrir d’un déficit de capital, alors que le directeur John Cryan blâme les «spéculateurs» pour les pertes de la compagnie. Dick Fuld de Lehman et Jimmy Cain de Bear Stearns ont aussi blâmé les «spéculateurs», «les rumeurs et les conspirations» pour la chute de leurs entreprises, au cours de la débâcle des dérivés il y a huit ans. Il semblerait que si l’histoire ne rime pas, elle se répète parfois exactement.

Voici un tableau plutôt révélateur des gens de Zero Hedge, comparant l’effondrement des actions de Lehman Brothers et la baisse constante de la valeur de la Deutsche Bank. Vérifiez par vous même :

Pour être clair, Lehman n’était pas un catalyseur. Elle était seulement un test décisif pour un système totalement dépourvu de valeur tangible et croulant sous des dettes toxiques. Lehman était une partie d’un problème beaucoup plus vaste. Elle n’était pas la cause du problème. La même chose est vraie pour la Deutsche Bank.

La panique croissante autour de la deuxième plus grande institution financière d’Allemagne, Commerzbank, alors qu’elle s’apprête à licencier près de 10 000 employéset à suspendre ses dividendes par action est un autre indicateur de crise, en plus de celui de la Deutsche Bank. Les problèmes de solvabilité sont évidents dans les grandes banques italiennes, comme Monte dei Paschi et ils sont encore un autre élément explosif.

Gardez à l’esprit qu’alors que ces édifices commencent à se désagréger, l’Europe entrera dans un état d’urgence financier, mais les grands médias et de nombreux gouvernements continueront à blâmer les spéculateurs. Ils pourront également prétendre que toute la catastrophe a été mise en mouvement par le biais d’un «effet domino»; le premier domino étant probablement la Deutsche Bank. Ce sera un mensonge. Il n’y a pas de ligne de dominos. Une banque ne va pas faire tomber les autres banques – oui, il y a une terrible interdépendance, mais la vraie question est que toutes ces banques sont en mauvaise posture, en raison de leurs propres comportements cancéreux. Le système qu’elles ont construit est un modèle corrompu et insoutenable, et je maintiens que c’est un problème de conception.

Les financiers internationaux ne veulent pas que le grand public se mette à regarder la validité du système. Ils veulent que le public ne voie ces événements d’effondrement que comme un cas simpliste de cause à effet.

Si le public devait comprendre que le modèle bancaire mondial est destructeur (pour le public, et non pas pour les élites), alors il pourrait exiger l’effacement total du modèle et de ses institutions. Les élites n’en veulent pas. Ce qu’elles veulent, c’est être libres pour conjurer crise après crise après crise; avoir la possibilité de ne laisser ce système s’effondrer, que pour le remplacer par quelque chose d’identique dans sa nature, mais encore plus oppressant dans sa fonction. Ils veulent créer le chaos aujourd’hui, afin d’acheter une plus grande centralisation à l’avenir en s’appuyant sur les peurs des masses.

Je continue à maintenir comme je l’ai toujours fait, que les banques centrales du monde entier changent de stratégies et feront très peu, pour intervenir à partir de maintenant pour soutenir les groupes bancaires insolvables ou les marchés d’actions. Il est très peu probable que l’Allemagne ou la Banque centrale européenne, par exemple, se mettent à infuser la Deutsche Bank avec du capital (au moins, pas jusqu’à ce que le dommage soit irréversible). Il est également peu probable que la banque centrale bougera pour stimuler ouvertement les marchés, jusqu’à ce qu’un accident sur le marché des actions soit en cours. En fait, certaines banques centrales, y compris la Réserve fédérale, pourraient même agir pour accélérer un crash boursier – attendez vous que cela se produise si Donald Trump atteint la Maison Blanche.

Tout cela c’est déjà produit auparavant. C’est arrivé en 2008, lorsque la Réserve fédérale a reculé et a permis à Lehman Brothers de faire faillite. Cela se produira probablement à nouveau, lorsque le gouvernement allemand et la BCE refuseront de soutenir Deutsche Bank. L’étau se resserre sur l’économie mondiale et, encore une fois, les médias traditionnels sont trop partiaux ou trop stupides pour le voir. Ils accusent les médias alternatifs de crier au «catastrophisme», et peut-être que notre calendrier sera décalé. Mais le timing exact ne sera pas vraiment la question, une fois que le château de cartes commencera à tomber. Si nous nous en tenons à nos positions et refusons de nous laisser intimider par la rhétorique, le temps viendra où les gens se souviendront seulement que nous avions raison, pour une grande part, et que les médias traditionnels étaient incompétents ou malhonnêtes.

En attendant, nous avons tout un essaim d’autres événements déclencheurs en vue avant la fin de l’année. Je l’avais prédit dans mon article Le monde s’enlaidit alors que 2016 se termine. Le projet de loi Arabie saoudite – 9/11 pourrait se voir opposer un veto par Obama, mais ce veto serait renversé par le Sénat. Cela a maintenant eu lieu, ce qui signifie des tensions accrues entre les Saoudiens et les USA, conduisant à la disparition éventuelle du statut de pétro-monnaie du dollar. Regardez le prochain référendum constitutionnel italien, qui pourrait ouvrir la voie à des mouvements conservateurs pour lancer une version italienne du Brexit. Gardez également un œil sur la Syrie, alors que le conflit diplomatique éclate encore une fois entre les États-Unis et la Russie (qui ne l’a pas vu venir ?). Et, bien sûr, l’élection présidentielle américaine, qui semble être l’événement politique culminant générant le plus de divisions en Amérique depuis des décennies.

Ignorez le positivisme délirant des médias traditionnels et une grande partie de la communauté des traders. Leurs fantasmes poussent seulement la situation plus près d’une crise cardiaque des marchés. Et rappelez-vous, l’effondrement économique est un processus, pas une affaire du jour au lendemain. La progression du déclin global devrait être évidente, pour toute personne y accordant un peu d’attention depuis 2008. La seule question est :  quand est-ce que le citoyen moyen va en prendre conscience? Mon sentiment, d’après les tendances actuelles, est que c’est pour très bientôt.

Brandon Smith

Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone

France: les frais bancaires s’envolent

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Confrontées à la faiblesse historique des taux d’intérêt, les banques tentent par tous les moyens d’alourdir notre facture.

Des frais bancaires de plus en plus élevés. C’est la méthode à la mode pour vider votre compte de manière presque invisible. Et c’est votre banque qui s’en charge. Selon le journal Le Parisien, ces frais s’envolent. Une flambée des prix que les banques tentent de justifier par une perte de leurs revenus. La cause : les taux d’intérêt sont historiquement bas. En d’autres termes : vous prêter de l’argent rapporte moins qu’avant.

Jusqu’à 76 euros par mois !

Pour compenser ce manque à gagner, les établissements bancaires se rattrapent grâce notamment aux frais de tenue de compte. Un intitulé assez vague, mais très concret sur votre relevé : de 6,20 euros par mois jusqu’à 76 euros. Des frais qui ont augmenté de 2,2% sur les douze derniers mois selon l’UFC-Que choisir. Pour les éviter, les associations de consommateurs conseillent de comparer les tarifs et de faire jouer la concurrence pour que l’argent de votre compte y reste le plus longtemps possible.


frais bancaires

Le plus grand braquage de l’Histoire de l’humanité

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Bon, résumons l’OCDE : l’économie mondiale ralentit, les bénéfices des entreprises s’entassent, la stimulation monétaire a perdu de son charme, et les risques d’instabilité financière sont en hausse.

Oh, à propos, avez-vous noté la petite phrase sur «une importante réévaluation des actifs» ? En jargon financier ça veut dire «un crash», un grand, un cataclysme fracassant, un tremblement de terre. L’auteur constate tout simplement une évidence, que les banques centrales nous entraînent dans une autre descente en vrille à soulever les tripes, suivie d’une autre crise financière atroce. – Mike Whitney

Voici votre quiz d’économie pour aujourd’hui :

Question 1. Que pensez-vous qu’il se passerait si vous injectiez $3 000 milliards dans le système financier ?

a) Le prix des actions augmenterait.
b) Le prix des actions baisserait.
c) Le prix des actions serait stable.

Question 2. Que pensez-vous qu’il se passerait si vous injectiez $3 000 milliards dans l’économie ? (Via une relance budgétaire pour les projets d’infrastructure, la prolongation des prestations de chômage, des coupons alimentaires, etc.)

a) L’activité augmenterait et l’économie croîtrait.
b) L’activité baisserait et l’économie se contracterait.
c) L’activité resterait la même, donc la croissance resterait inchangée.

Si vous avez choisi l’option a pour les deux questions, alors félicitations, parce que vous avez les bonnes réponses.

Maintenant, essayez de répondre à cette dernière question bonus :

Question 3. Si l’ajout d’argent dans le système financier stimule les prix des actifs, et l’ajout dans l’économie stimule la croissance, alors pourquoi la Fed a-t-elle injecté $3 000 milliards dans le système financier en espérant que l’économie va croître ?

La Fed est-elle désorientée au sujet de la façon dont fonctionne l’économie ou bien la Fed est-elle paumée concernant le fonctionnement du système financier ?

Probablement pas. Il y a certainement une autre explication à tout cela ; après tout, pourquoi quelqu’un mettrait-il de l’essence dans le radiateur de la voiture quand le réservoir d’essence est vide ? Cela ne va pas à faire marcher le moteur, non ? La même règle s’applique à un stimulus financier. La seule façon pour qu’un stimulus soit efficace est de le mettre là où il est nécessaire. Et nous pouvons maintenant dire avec 100% de certitude que la relance de la Fed n’est  pas allée où il fallait, c’est pourquoi elle n’a pas fonctionné.

Comment savons-nous cela ?

Il suffit de jeter un coup d’œil au PIB. Le PIB du deuxième trimestre a atteint un lamentable 1.2 %, même si les taux d’intérêt sont encore bloqués à près de zéro et que la Fed continue de recycler l’argent des obligations arrivant à échéance dans encore plus de dette du gouvernement.

Savez-vous ce que signifie une augmentation de 1.2 % du PIB ?

Cela signifie que les dépenses sont faibles : l’investissement des entreprises est anémique, la consommation individuelle est au fond du trou et la croissance du crédit est kaputt. Cela signifie que l’économie a essentiellement cessé de respirer, que le poumon artificiel a été débranché et qu’elle est transportée à la morgue pour être embaumée avant l’apparition de la raideur cadavérique. Cela signifie que les gens qui sont affectés à la tâche de gérer le système ne savent pas comment le système fonctionne ou cachent un motif inavoué pour les politiques qu’ils utilisent.

Alors, qu’en est-il ? Les responsables de la Fed sont-ils des crétins ou des menteurs ?

Ceci étant, nous avons tous entendu l’expression, «la définition de la folie consiste à faire encore et encore la même chose en espérant un résultat différent».

Eh bien, la Fed fait la même chose depuis sept ans – le déversement de l’argent dans le système financier tout en prédisant une croissance plus forte. Cela semble suggérer que la Fed est folle, mais l’est-elle ?

Non, pas du tout, en fait les membres du FOMC 1sont extrêmement brillants, des professionnels bien formés qui ont une solide connaissance de l’économie et des nombreuses subtilités du système financier. Ce sont des gars intelligents, vraiment intelligents. Alors, peut-être qu’ils ont un motif inavoué. Peut-être est-ce la raison pour laquelle ils collent à des politiques qui ont échoué pendant toutes ces années.

Mais alors, s’ils ont une arrière-pensée, quelle est-elle ? Quel est leur but ?

La meilleure façon de répondre à cette question est de suivre simplement la piste de l’argent. Nous avons déjà vu que le QE 2 et le taux zéro n’ont rien fait pour la croissance. Donc la question est : où ces politiques ont-elles eu le plus grand impact ?

Sur le marché boursier, bien sûr !

Saviez-vous que l’indice du Dow Jones Industrials (DJIA) était descendu le 9 mars 2009 jusqu’à 6 507 points? Le jeudi 15 septembre 2016, le Dow Jones a terminé la journée à 18 211 points, près de trois fois plus. La même chose vaut pour le S&P 500 qui a glissé jusqu’à 676 points d’indice en mars 2009, mais a rebondi pour plafonner à 2 147 hier après-midi. Puis il y a le Nasdaq qui a fait encore mieux, rebondissant, après un abyssal 1 268 points en 2009, à une hauteur de 5 249, toujours hier.

Maintenant, si le cours des actions augmente en raison de fondamentaux économiques sains, alors c’est tout simplement génial car cela signifie que la force sous-jacente de l’économie est le moteur de l’augmentation de la valeur des actions. Mais si les prix des actions montent parce que les gens qui sont censés être les arbitres – la Fed – truquent le système en imprimant des milliards de dollars pour arroser les marchés financiers afin que leurs copains escrocs puissent envoyer leurs enfants dans les écoles de l’Ivy League [la crème de l’Establishment] et traîner dans les environs en Lamborghini, alors ce n’est pas aussi génial.

Lorsque la Fed pompe des liquidités directement dans le système financier, ces liquidités ne peuvent pas précisément être appelées stimulus monétaire. Il ne s’agit pas plus d’une relance que si la Fed avait mis un milliard de dollars dans votre jeune entreprise naissante dans les environs de Trifouillis-les-Oies. C’est une subvention, un don, une aumône. Quoi qu’il en soit, $3 000 milliards est une somme considérable, assez pour allumer la mèche et envoyer les marchés boursiers dans la stratosphère. Ce qui s’est produit. Mais ne nous méprenons pas, les actions n’ont pas triplé parce que la production, les revenus et la croissance s’envolent tous au son du clairon. Ce n’est pas du tout çà en fait, ils sont tous exceptionnellement faibles. Les actions sont sur un nuage stratosphérique parce que les interventions incessantes de la Fed les ont maintenues là-haut, en soutenant un système bancaire insolvable et en générant des profits gigantesques pour Wall Street.

Et tandis que la hausse de la valeur des actions ne prouve pas nécessairement que la Fed a une arrière-pensée, identifier les personnes qui bénéficient de ces prix gonflés le prouve certainement. Après tout, qui possède ces actions et obligations ?

Nous pouvons classer ces personnes en trois groupes distincts, les assez riches, les très riches et les riches aux mains sales. Ce sont ces gens qui possèdent des actions et bénéficient des politiques de la Fed.

Alors qu’est-ce que cela nous apprend sur «le plein emploi, la stabilité des prix» qui sont les mandats de la Fed ?

Cela nous apprend qu’il s’agit de balivernes. Cela nous raconte aussi son battage de relations publiques destiné à embobiner le troupeau de moutons qui ne peut pas voir ce qui se passe juste sous son nez… Il nous dit que la Fed a un mandat caché pour aider le processus d’accumulation du profit pour la classe kleptocratique des parasites appartenant à l’Ivy League–Wall Street. Il nous dit que le vrai travail de la Fed est de mettre en œuvre les politiques qui facilitent le mieux la distribution de la richesse vers le haut. Il nous dit que l’indépendance de la Fed est une tromperie complète et totale et que si Janet Yellen [directrice de la Fed, NdT] ou l’un de ses collègues laquais du FOMC s’écartait d’un centimètre à gauche de l’ordre de marche imposé par les multinationales, il se retrouverait lui-même enfermé dans un sac plastique cherchant son souffle au fond de l’East River, les deux pieds dans le béton.

L’idée que la timide Mme Yellen tient elle-même la baguette dans l’institution financière la plus puissante du monde est la chose la plus ridicule que j’ai jamais entendue. Quelqu’un croit-il vraiment ces salades ?

Yellen est une créature des relations publiques, une petite partie – mais critique – d’une bien plus grande mascarade destinée à dissimuler la manière dont la grande majorité de la richesse de la nation est transférée d’une classe à une autre. Appelons ça La Grande politique d’escroquerie de la Banque centrale, parce que c’est ce qu’elle est. La Fed est simplement une agence d’apparatchiks qui trafique les poids de la balance pour s’assurer que tout le butin va à ses maîtres vampires. Voilà comment le système fonctionne. En voici un peu plus sur le contexte, expliqué dans un article de WSWS[World Socialist Web Site] :

«Un nouveau rapport publié par la banque suisse Crédit Suisse estime que l’inégalité de la richesse mondiale continue de s’amplifier et a atteint une nouvelle étape, avec le top 1 pour cent détenant plus de richesses du monde que les 99 restants.

Le montant total des d’actifs mondiaux est de $250 000 milliards.

Les 10% les plus riches en détiennent 87,7%, laissant 12,3% aux 90% pour cent de la population qui restent.»

Source : Top 1% own more than half of world’s wealth, World Socialist Web Site

Mais il n’y a pas seulement le fait que la moitié de tout le capital est détenue par une poignée d’extorqueurs obscènement riches et fainéants. Cette même équipe vorace de mécréants s’approprie aussi la part du lion du revenu annuel. Voyez vous-même :

«Les données du recensement révèlent également que l’inégalité des revenus en Amérique est restée pratiquement inchangée par rapport à 2014, avec les riches dans le cinquième supérieur de la population prenant environ la moitié de tous les revenus des ménages, tandis que le cinquième inférieur a gagné seulement 3.4%.»

Source : Despite increase in 2015, US household income still lags behind pre-recession levels, Kate Randall, World Socialist Web site

Alors, non seulement les ploutocrates possèdent la moitié de tout sur la planète mais leur part du butin ne cesse d’augmenter chaque année. Pas mal, hein ?

La vérité c’est que rien de tout cela n’est accidentel. Ces résultats sont la conséquence directe d’une volonté, la politique de la Fed. Et la Fed n’est pas seule non plus. Cette lutte des classes grandement accélérée est un phénomène désormais mondial. Il suffit de regarder cette friandise je l’ai trouvée dans un article de CNBC :

«Les données de J.P. Morgan montrent que les 50 premières banques centrales du monde entier ont réduit les taux 672 fois depuis l’effondrement de Lehman Brothers en 2008, un chiffre qui se traduit par la moyenne d’une diminution des taux d’intérêt tous les trois jours de bourse. Cela a également été associé à des achats d’actifs de $24 000 milliards.»

Source : QE Infinity : Are we heading into the unknown ?, CNBC

24 000 milliards de dollars !

Cela représente le plus grand braquage de banque dans l’histoire humaine, et qu’est-ce que nous en avons tiré ?

Rien, rien du tout, peau de balle, voilà ce qu’on a eu ! Toutes les données sont en berne et la croissance mondiale a ralenti jusqu’à ramper. C’est comme si tout le pognon qui était censé renforcer la reprise fictive s’était juste évaporé. Poof !

Alors pourquoi ces $24 000 milliards n’ont-ils pas eu plus d’impact ? Pourquoi n’y a-t-il pas plus d’inflation, d’activité, de dépenses, de consommation et de croissance ???

C’est parce que partout où le cartel bancaire mondial a ses tentacules, les mêmes politiques d’austérité et de QE ont été adoptées – Japon, Royaume-Uni, UE, États-Unis, etc. Partout où vous regardez, c’est caviar et Dom Pérignon pour la classe des investisseurs, et gruau et restes de table pour tous les autres. Partout les économies sont vidées, pillées, creusées par des parasites financiers qui cherchent un plus grand gain en baissant les salaires, réduisant les avantages sociaux et les retraites, éviscérant le niveau de vie des ploucs de travailleurs ordinaires, tandis que les grands manitous du fric vivent la vie de Riley. Partout on affame la bête pour gaver le maître.

C’est le grand schéma de l’économie politique. Trump a raison, la Fed est l’institution la plus politique au sein du gouvernement. C’est le gouvernement, elle a une mainmise absolue sur l’économie.

Est-il étonnant que les propriétaires de la richesse n’utilisent plus leur argent pour investir dans la production future, la croissance, le réoutillage ou la construction d’usines ou quoi que ce soit ? Au lieu de cela, ils rachètent leurs propres actions [pour en augmenter le cours], encaissent de confortables dividendes sur des chiffres d’affaires en berne, diminuant la valeur de leurs entreprises dans la poursuite incessante de gains à court terme.

Ce type de comportement destructeur n’est pas sorti de rien. Fichtre non. Les politiques d’argent facile de la Fed ont créé des incitations irrésistibles pour ce comportement téméraire suicidaire. Cela signifie que la Fed est à 100% responsable de l’état fragile du système financier et de la faramineuse bulle des prix des actifs qui se dirige fissa vers les lignes à haute tension.

Mais maintenant, il n’y a plus à tergiverser, toutes les institutions mondiales, un paquet – FMI, BRI, OMC, OCDE – avertissent que l’«on va vers un automne d’avis de tempête» et que le jour du jugement est peut être à portée de main. Selon un récent rapport de l’Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE), le PIB par habitant augmentera de seulement 1% en 2016, ce «qui est la moitié de la moyenne des deux décennies précédant la crise».

Comme on le voit, le rapport de l’OCDE est plus apocalyptique que les autres, il est seulement un peu plus explicite dans ce qu’il attend de voir arriver. En voici plus sur Wolf Street :

«Les risques d’instabilité financière sont à la hausse, y compris du fait des taux d’intérêt exceptionnellement bas et de leurs effets sur les actifs financiers et les prix de l’immobilier […]

Les prix des actions ont augmenté de manière significative au cours des dernières années dans les économies avancées, notamment aux États-Unis. En revanche, la croissance des bénéfices des entreprises non financières a récemment ralenti à un rythme modeste, à la suite d’une reprise post-crise […]

Une réévaluation sur les marchés financiers des taux d’intérêt pourrait entraîner une importante réévaluation des actifs et accroître la volatilité financière, même si les taux d’intérêt devaient rester en deçà des moyennes à long terme […].»

Source : L’OECD Warns Fed, BOJ, ECB of Asset Bubbles, ‘Risks to Financial Stabilit‘, Pinpoints US Stocks & Real Estate, Wolf Street

Bon, résumons l’OCDE : l’économie mondiale ralentit, les bénéfices des entreprises s’entassent, la stimulation monétaire a perdu de son charme, et les risques d’instabilité financière sont en hausse.

Oh, à propos, avez-vous noté la petite phrase sur «une importante réévaluation des actifs» ? En jargon financier ça veut dire «un crash», un grand, un cataclysme fracassant, un tremblement de terre. L’auteur constate tout simplement une évidence, que les banques centrales nous entraînent dans une autre descente en vrille à soulever les tripes, suivie d’une autre crise financière atroce.

Tout cela vient de la conception, c’est le résultat inévitable de la politique déstabilisatrice de la Fed pour déplacer la richesse.

Combien de fois allons-nous repasser par cet exercice avant de dissoudre la Fed et de recommencer à partir de zéro ?

Mike Whitneyvit dans l’État de Washington. Il est contributeur à Hopeless : Barack Obama et la politique de Illusion (AK Press). Hopeless est également disponible dans une édition Kindle. Il peut être joint à [email protected].

Traduit et édité par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

  1.  Le Federal Open Market Committee – FOMC qui signifie en français le Comité fédéral d’open market est un organe de la Réserve fédérale américaine, chargé du contrôle de toutes les opérations d’open market (achat et vente de titres d’État notamment) aux États-Unis.Wikipédia
  2.  Le terme assouplissement quantitatif, traduction de l’anglais Quantitative easing – QE désigne un type de politique monétaire dit «non conventionnel» consistant pour une banque centrale à racheter massivement des titres de dettes aux acteurs financiers, notamment des bons du trésor ou des obligations d’entreprise… Wikipédia

 

François Hollande relance le projet de TGV Poitiers-Limoges, jugé trop cher par le Conseil d’Etat

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Le président de la République, François Hollande, a relancé samedi 8 octobre à Brive le projet de Ligne à grande vitesse (LGV) entre Poitiers et Limoges, en déclarant lors de son déplacement en Corrèze : « Il ne faut pas perdre l’idée de la LGV. Le ministre des transports a ouvert une consultation et va nommer très rapidement une autorité pour remettre l’ensemble du sujet au clair et pour que nous puissions présenter une solution. »

« Si on fait une infrastructure, ce n’est pas toujours pour qu’elle soit rentable »

Le Conseil d’État avait annulé en avril le décret de 2015 déclarant d’utilité publique la LGV Poitiers-Limoges, invoquant des « insuffisances » de l’évaluation économique et sociale, et des inconvénients qui « l’emportent » sur les avantages. En octobre 2014, le projet avait déjà été épinglé par la Cour des comptes, qui doutait, notamment, de la possibilité « d’assurer une rentabilité socio-économique même minimale à la LGV Poitiers-Limoges ».

Lire la suite sur : LeMonde.fr

La crise de 2008 n’était-elle qu’un simple avertissement

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Inévitable pour certains, impossible à concevoir pour d’autres, la prochaine crise financière majeure pourrait coûter jusqu’à 40 fois ce que la crise des subprimes a fait perdre à l’économie mondiale. Et quand on sait que la crise de 2008 a été la plus importante jamais connue dans l’histoire des marchés financiers, on imagine sans peine les efforts déployés par tous les acteurs d’aujourd’hui pour éviter une rechute à des niveaux, cette-fois, bien plus catastrophiques.

La situation actuelle est pour le moins paradoxale. Jamais les taux d’intérêt n’avaient été aussi bas, sachant qu’ils sont même désormais négatifs pour environ un quart de l’économie mondiale. Conséquence directe, jamais la dette n’avait été aussi considérable, impactant aussi bien les marchés que les entreprises, les individus ou encore les États. Et pourtant, jamais le monde n’a paru à ce point aveugle face aux signaux d’alerte qui ne cessent de clignoter dans tous les sens, les banquiers centraux et les gouvernements faisant comme si tout allait bien, allant même jusqu’à encourager les acteurs économiques à amplifier le processus de délitement des modèles macro-économiques. Dans leur ouvrage intitulé La finance de l’ombre a pris le contrôle, Dominique Morisod et Myret Zaki l’ont bien résumé en disant qu’avec la politique monétaire actuelle résolument orientée en territoire de taux négatifs « tout le paradigme économique s’inverse : les épargnants sont sanctionnés pour le fait d’économiser, les débiteurs sont récompensés pour le fait de s’endetter. »

La FED ne peut pas remonter ses taux sans créer un krach

Dans ces conditions, il est étrange d’attendre encore de la FED qu’elle relève un jour ses taux directeurs. Car il est évident qu’elle ne pourra jamais le faire sans créer les conditions d’un krach monumental. Certes, la FED a déjà réduit ses taux plusieurs fois au cours des dernières décennies, mais la situation actuelle est inédite à plus d’un titre. D’abord, jamais on n’était descendu aussi bas que depuis 6 ou 7 ans,avec des taux d’intérêt à zéro, mais surtout, si on revient par exemple au milieu des années 1990, il n’y avait pas cet excès d’endettement dans le système qui pouvait tout faire exploser à la moindre remontée du coût de l’argent. Ensuite, les banques elles-mêmes (et dans une moindre mesure, les marchés boursiers) n’avaient pas subi de gros dommages depuis, grosso modo, la Seconde Guerre mondiale, voire depuis la crise de 1929 pour les institutions les plus résilientes. Enfin, la confiance dans les marchés était intacte.

Aujourd’hui, tout cela est révolu. Au lieu de tirer les leçons des dernières crises, notamment de la plus grave, celle de 2008, tout le monde semble avoir pris le parti de reproduire le même schéma ayant conduit à la catastrophe… mais en faisant bien pire encore. Ainsi, comme l’écrit Dominique Morisod « la dette globale des gouvernements, des entreprises, des ménages et du secteur financier a augmenté de près d’un tiers depuis la crise des subprimes […] pour atteindre 200 000 milliards fin 2014, soit 286% du PIB mondial« . Cet emballement de l’endettement est justement dû au fait qu’il a fallu « sauver » un système qui menaçait de s’effondrer sur lui-même à la suite des nombreuses crises successives survenues depuis la fin des années 80. Enfin, question confiance, les banques sont désormais massivement rejetées par une majorité d’acteurs économiques qui les voient, au mieux comme des parasites qui gangrènent le système économique, au pire comme les responsables directes des difficultés croissantes que traverse le monde.

La Deutsche Bank n’est qu’un exemple parmi d’autres

Les récentes mésaventures de la Deutsche Bank, première banque européenne d’investissement, ne sont que le dernier épisode d’une lente descentes aux enfers de la mauvaise réputation d’un marché financier qui n’a pas su abandonner ses mauvaises habitudes. Ainsi, que dire d’une situation qui porte désormaisl’endettement direct des banques (actions, comptes bancaires, dettes publiques et privées) à plus de250 000 milliards de dollars, alors même que le PIB mondial atteint péniblement les 80 000 milliards de dollars ? Mais surtout, que penser de ces banques qui, tout en cumulant 21 000 d’exposition nette au niveau mondial, ont réussi à hypothéquer leur avenir (et surtout celui de l’économie de leur pays respectif) sur plus de 630 000 milliards de produits dérivés ?

Tous ces montants sont délirants, hors de proportion, et ils constituent une véritable montagne de risques qui peut devenir un volcan à tout moment. Un volcan dont l’éruption pourrait justement être déclenchée par une remontée des taux d’intérêt, ce qui obligerait brusquement les débiteurs chroniques (les États par exemple) à payer beaucoup plus d’intérêt sur de l’argent qu’il avait été si facile d’emprunter en grosses quantités peu de temps auparavant. N’oublions pas en effet que la dette des États est régulièrement couverte à échéance par la création de nouvelles dettes, qui devront à leur tour être compensées par de futures dettes, et ainsi de suite.

Trop exposés pour être sauvés

Bref, aujourd’hui, le moindre frémissement à la hausse des taux d’intérêt poussera beaucoup de gens à se débarrasser de leurs titres les plus risqués, lesquels n’étaient intéressants que dans le cadre d’unepolitique monétaire à taux nul voire négatif (on prend plus facilement des risques lorsque l’argent ne coûte rien, ou mieux, lorsqu’on est rémunéré pour emprunter). Sauf que le taux de liquidité des marchés, c’est à dire la capacité pour un investisseur à vendre rapidement ses titres, s’est considérablement détérioré depuis 10 ans (-80% environ !). De fait, en cas de course à la revente, seul 1 investisseur sur 5 parviendra peut-être à tirer son épingle du jeu, et probablement pas les plus gros ni les plus exposés. Ainsi, ce ne sont plus 15 000 milliards de dollars que l’économie risque de perdre, comme en 2008, mais entre 500 et 600 000 milliards, soit 40 fois plus !

Autant dire que, dans ce cas, il n’y aura plus beaucoup de questions à se poser quant à la manière de sauver ou non les marchés financiers… tout simplement parce qu’il n’y aura sans doute plus de marchés du tout. D’aucuns appellent ce cataclysme de leurs vœux, en disant qu’il n’y a guère qu’une « épuration » de cette sorte qui puisse désormais réparer le système, en remettant tout à plat, et en revenant par exemple à des mécanismes plus cohérents, plus concrets, basés notamment sur un retour à une politique monétaire basée sur des contreparties physiques comme l’or et les métaux précieux.Mais d’ici là, il semble surtout urgent de prendre un certain nombre de précautions (débancariser ce qui peut l’être, investir dans la pierre ou le foncier, placer une partie de son patrimoine en pièces d’or et d’argent) afin de se protéger des conséquences d’une future conflagration financière mondiale.

Le Qatar pourrait monter au capital de Deutsche Bank

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La Deutsche Bank dans la tourmente. La presse allemande spécule sur plusieurs modèles de renflouement de la première banque allemande, empêtrée dans une série de conflits juridiques, dont le principal aux Etats-Unis pourrait lui coûter jusqu’à 14 milliards de dollars.

Plusieurs scénarios sont évoqués par la presse allemande. La famille Al-Thani, au pouvoir au Qatar et actionnaire à hauteur de 10% de Deutsche Bank, serait prête à s’engager à hauteur de 25% selon le magazine Der Spiegel de samedi 8 octobre.

Le quotidien des affaires Handelsblatt spécule lui sur un coup de pouce de la part de grosses entreprises du Dax, le principal indice boursier allemand. Certains de ces groupes seraient prêts à souscrire à une augmentation de capital de Deutsche Bank selon le quotidien.

Lire la suite sur : RFI

Réflexions sur l’indépendance des banques centrales. Le cas de la BNS. Noël Benalou

La décision de la BNS d’abolir le taux plancher n’est-elle pas la politique appropriée pour inciter les acteurs économiques à privilégier les mesures structurelles en faveur de l’investissement de productivité, de l’innovation et de la formation du capital humain? Sachant que la politique industrielle de type colbertiste ne fait pas partie de la culture économique de la Suisse. D’autre part l’histoire nous montre que l’économie suisse s’est toujours adaptée à l’appréciation du franc en se spécialisant dans les industries à forte valeur ajoutée et en privilégiant la compétitivité hors prix (DP 2095). Compte tenu de ces considérations, le risque de désindustrialisation et les difficultés temporaires rencontrées par certaines entreprises exportatrices ne sont-ils pas exagérés dans le but d’obtenir le soutien de l’Etat sous forme de subventions à l’exportation ou de garantie publique contre les risques de change?

La décision prise la BNS de mettre fin à l’arrimage du franc à l’euro continue de susciter des interrogations dans les milieux économiques, politiques et syndicaux, en raison de ses conséquences sur l’économie réelle et de l’incertitude qu’elle a engendrée en matière de taux de change. Cependant, force est de constater que la politique monétaire n’est pas totalement responsable des difficultés réelles ou supposées de certains acteurs économiques. Ainsi tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne et les difficultés rencontrées par certaines entreprises ne semblent pas avoir une cause monétaire liée à la force du franc. Par exemple, la baisse de la demande adressée à l’industrie horlogère s’expliquerait par la moralisation de la vie politique en Chine, par le ralentissement de la croissance et sans doute par la chute du tourisme d’achats en raison notamment des attentats de Paris. De même les difficultés du secteur du tourisme ne sont qu’en partie d’origine monétaire, car ce secteur est en réalité confronté à la concurrence de la France et de l’Autriche. Pour survivre, ce dernier est condamné à innover, sachant que la force actuelle du franc ne lui facilite pas la tâche en l’obligeant à raboter ses marges via des remises de prix.p

Quelques propositions de solutions

Face à la persistance de la vigueur du franc et à ses inconvénients à court terme, les propositions susceptibles de sortir la Suisse de cette mauvaise passe prolifèrent. Mais elles comportent toutes des avantages et des inconvénients et ne semblent donc pas faire l’unanimité dans les milieux économiques et politiques. Ainsi, pour le parti socialiste, l’Union syndicale suisse et certains exportateurs, la réintroduction d’un nouveau plancher serait une solution appropriée afin de préserver la croissance et les emplois en réduisant l’incertitude sur le taux de change. De toute manière la BNS est contrainte d’intervenir sur le marché des changes avec ou sans objectif de change explicite même s’il est vrai que l’absence d’un lien fixe officiel avec l’euro lui confère une marge de manoeuvre. Cependant, une telle solution n’est plus praticable, car elle se heurterait à un sérieux problème de crédibilité et pourrait nuire aux autorités monétaires en les mettant dans une situation de faiblesse face aux spéculateurs.

Probablement l’alternative à cette proposition résiderait dans la mise en place d’un contrôle de capitaux et la taxation des activités spéculatives. Mais là encore, force est de remarquer que ces instruments sont peu compatibles avec la culture économique libérale de la Suisse. Bien évidemment, celle-ci n’est pas figée pour l’éternité et pourrait donc évoluer sous la pression d’événements sur lesquels la Suisse ne semble pas avoir de prise comme par exemple la croissance et les divers chocs adverses affectant ses principaux partenaires commerciaux, en raison du fort degré d’extraversion de son économie et d’un marché de capitaux de dimension internationale.

L’autre idée qui revient sans cesse sur le tapis est la création d’un fonds souverain à l’instar de celui de la Norvège afin de compenser le manque d’appétit des investisseurs institutionnels pour l’investissement à l’étranger. Aux yeux des dirigeants anciens et actuels de la BNS, une telle proposition est une fausse bonne idée dans la mesure où elle ne changerait pas fondamentalement la donne sur le marché des changes. En outre, la BNS place déjà ses réserves de changes dans des obligations et des actions. Mais la proposition en question veut que la BNS prenne davantage de risques en investissant les fruits amers d’une crise de changes dans les actifs privés à l’étranger afin d’affaiblir le franc.D’aucuns lui reprochent de ne pas profiter de cette manne de changes pour reconstituer le stock d’or dont une partie substantielle a été vendue au cours de ces dernières années.

Or, l’institution a besoin de garder ses réserves sous la forme plus ou moins liquide pour pouvoir mener à bien sa politique monétaire. Par ailleurs il n’est un secret pour personne que les caisses de pension et les assurances disposent de sommes colossales qu’elles rechignent à investir dans des actifs étrangers, sans doute en raison d’une légitime aversion pour le risque. Dans ces conditions, il serait absurde de demander à une banque centrale indépendante, mais soucieuse de la défense de l’intérêt général, de corriger une défaillance du marché. Au risque des se faire l’avocat du diable, la BNS tente d’atteindre cet objectif via la politique des taux négatifs au point de susciter l’ire des banques cantonales et d’autres acteurs économiques tels les épargnants ou les horlogers dont les critiques se font récurrentes dans la presse.

L’indépendance sacrée de la BNS

Au-delà du débat technique concernant la politique monétaire à mettre en œuvre pour gérer la relation entre le franc et l’euro, compte tenu de la dépendance structurelle de la Suisse vis-à-vis de la zone euro et du statut de la monnaie helvétique comme valeur refuge en périodes de tensions et d’incertitudes, il est difficile de reporter le débat ad vitam aeternam sur la question de l’indépendance de la BNS, bien que celle-ci soit considérée par beaucoup comme une vache sacrée. Sans doute du fait que la politique monétaire est fortement associée au havre de stabilité et de prospérité que représente la Suisse, et ce tant dans les séries statistiques que dans l’imaginaire des citoyens suisses.

Pourquoi a-t-on besoin d’une banque centrale indépendante? L’idée de base peut être résumée ainsi en paraphrasant Georges Clémenceau: la monnaie est chose trop sérieuse pour être laissée entre les mains des hommes politiques .

Ceux-ci sont souvent préoccupés par le court terme et l’agenda électoral. Dans ces conditions il n’est donc pas certain que l’instrument monétaire soit exclusivement utilisé en faveur du  bien-être des citoyens,tout particulièrement lorsque la banque centrale est sous tutelle. De surcroît la démocratie engendre un biais inflationniste en raison du cycle électoral,et donc de la politique discrétionnaire comme en témoignent les politiques de stop and go pratiquées par les grandes démocraties dans le passé.

 Afin de protéger la société contre la tentation de succomber à  l’inflation via par exemple la monétisation des déficits et des dettes, la politique monétaire devrait être confiée à une banque centrale indépendante du pouvoir politique et de préférence conservatrice. En effet un banquier central conservateur selon certains travaux théoriques par exemple comme ceux développés par Kenneth ROGOFF (1985) devrait avoir une forte aversion pour l’instabilité des prix c’est -à-dire la BC conservatrice devra valoriser la lutte contre l’inflation au détriment de la croissance ou de l’emploi. C’est une solution entre autres pour rompre avec les anticipations inflationnistes dommageables, et, partant espérer instaurer les conditions favorables à la stabilité monétaire et à la croissance. .

Cependant la crainte a été exprimée qu’une banque centrale trop focalisée sur l’objectif de la stabilité des prix risque de ne pas faire jouer sa fonction de stabilisation de manière optimale afin de neutraliser les chocs adverses d’offre et de demande. En conséquence il existe un risque qu’une banque centrale trop conservatrice n’exploite pas l’arbitrage entre la stabilité et la stabilisation conjoncturelle en s’abstenant de réagir à l’information nouvellement acquise sur le système économique. A cet égard il importe de remarquer que le mandat confié à la BNS par le pouvoir politique s’inscrit par bien des côtés dans cette logique de conservatisme en matière de politique monétaire : la Banque nationale a l’obligation de veiller à la qualité de la monnaie émise, mais il est vrai qu’elle dispose de manière implicite d’un pouvoir discrétionnaire pour lutter contre les forces déflationnistes souvent par le truchement du taux de change, comme c’est le cas actuellement.

Bien sûr la BNS a d’autres tâches qui lui sont assignées par la loi telles que la surveillance du système financier en collaboration avec d’autres instances autonomes de régulation. En tout état de cause l’action de l’institut d’émission est évaluée à l’aune de la stabilité du pouvoir d’achat de la monnaie mise en circulation. Il va sans dire que les dirigeants de la BNS ont toujours interprété leur mandat avec pragmatisme et souplesse, ce qui leur confère d’ailleurs une certaine réputation, sachant que ce mécanisme autorise la discrétion en matière de politique monétaire, sans pour autant déclencher une spirale des anticipations inflationnistes incontrôlables. Nonobstant, l’affaire du taux plancher imposée par la crise au sein de la zone euro semblerait avoir affecté négativement la crédibilité de la Banque nationale. C’est pourquoi le retour à un lien fixe entre le franc et l’euro n’est pas réaliste quand bien même une banque centrale ne pourra pas faire faillite comme une banque commerciale, du fait qu’elle dispose d’un pouvoir de création monétaire illimité. Le danger vient principalement de l’explosion du bilan et son corollaire l’exposition à des pertes comptables.

Enfin l’analyse empirique et académique apporte un faisceau d’arguments en faveur de l’indépendance de la banque centrale (BC) : une politique monétaire temporellement cohérente est sous-optimale. En revanche  une politique monétaire temporellement incohérente  est optimale, mais elle n’est pas crédible en l’absence d’une contrainte institutionnelle : par exemple la prescription de l’équilibre budgétaire de l’Etat dans la Constitution, l’adhésion à un système de changes fixes ou bien les gouvernements devraient se lier les mains en transférant la gestion de la monnaie à une instance indépendante, un peu à l’instar d’Ulysse qui s’attache au mât de son bateau pour ne pas succomber au chant des sirènes.

Même si la BNS fait bon usage de son indépendance, elle devrait passer contrat avec le Conseil fédéral.

En tous les cas, la littérature académique a montré que la politique monétaire n’est pas un jeu contre la nature, comme le suggère l a théorie du contrôle optimal, laquelle dicte aux autorités monétaire et budgétaire un comportement de tricherie afin d’engranger des gains macroéconomiques en manipulant les anticipations des acteurs privés. Bref, la politique monétaire est un jeu stratégique entre le gouvernement et le secteur privé capable de se projeter dans l’avenir en tirant les conséquences futures des décisions publiques qu’il observe aujourd’hui. Même s’il est vrai que tous les agents économiques ne sont pas des experts en analyse économique et et qu’ils ne disposent pas de la même information ni d’ailleurs de la même représentation du monde économique (modèle).

Par ailleurs les travaux empiriques montrent une corrélation négative entre le taux d’inflation et le degré d’indépendance des banques centrales: la stabilité des prix prévaut dans les pays où les banquiers centraux sont à l’abri des pressions politiques. Dans cette histoire empirique, la BNS est souvent citée comme la banque archétypale dans la mesure où elle est associée à la prospérité de l’économie helvétique depuis sa création en 1907.

A présent il convient de s’interroger sur le concept d’indépendance de la banque centrale, d’autant plus que s’y ajoute celui de la responsabilité démocratique. En Suisse, la gestion de la politique monétaire est confiée à un directoire compensé de trois personnes choisies par le pouvoir politique selon leurs compétences techniques. Ces techniciens de la monnaie n’ont pas à rendre compte à la société, même s’il est vrai qu’ils doivent expliquer leur politique aux instances politiques, à la presse et au public. Alors qu’ils peuvent prendre des décisions lourdes de conséquences sur le bien-être des citoyens (emplois, revenus, patrimoines).

A la recherche du contrat optimal

La Constituton précise le mandat de la BNS, celle-ci ne doit recevoir aucune instruction des responsables politiques. Pour toutes ces raisons on peut se demander s’il n’est pas opportun de revisiter l’indépendance de la BNS en analysant sa relation dans un cadre de délégation ainsi que le suggère le modèle de principal-agent afin d’introduire une bonne dose de responsabilité démocratique. Car dans la situation actuelle c’est la technocratie qui prime sur la démocratie. Cette situation de fait est tolérée tant que la politique monétaire engendre les résultats escomptés par la société. Mais il est exact que la Suisse n’est pas une exception en la matière, puisqu’il n’existe aucun pays où le gouverneur de la banque centrale est élu au suffrage universel.

En revanche l’approche contractuelle semble être un bon substitut au conservatisme, lequel semble offrir une rente de situation aux banquiers centraux en leur permettant de s’abriter derrière leur mandat : le choix des objectifs et des instruments est en effet du ressort exclusif de la BC. D’autre part l’approche contractuelle telle qu’elle a été développée par l’économiste Carl Walsh (1995) ne néglige pas la question des incitations et des sanctions. Elle limite l’indépendance de la BC à la gestion des instruments et elle implique la responsabilité personnelle des dirigeants de la banque centrale dans la mesure où leur sort est fortement conditionné par les résultats de la politique monétaire. C’est pourquoi l’indépendance de la BC sous la forme contractuelle semblerait être une voie prometteuse à explorer, à tout le moins elle présente la meilleure réponse à la contestation des décisions technocratiques.

En clair le Conseil fédéral devrait trouver le contrat optimal avec la BNS. En effet, pour donner une légitimité démocratique à l’institut d’émission, celui-ci devra rendre des comptes en cas de mauvaises décisions, en particulier quand celles-ci engendrent des difficultés pour un grand nombre de citoyens au point que la contestation de ceux-ci devient audible sur la place publique. Par exemple réviser à la baisse les rémunérations des dirigeants et/ou le budget alloué à la BNS .Du point de vue de la légitimité démocratique, l’approche contractuelle semblerait mieux convenir à une démocratie directe que le conservatisme de la BC, même s’il est incontestable que celui-ci a fait preuve de son efficacité au regard de l’histoire monétaire de la Suisse.

Cependant, il est vrai qu’il est difficile de mettre en œuvre de tels contrats dans le monde réel, du fait des asymétries d’information. Ainsi la relation entre les actions entreprises par le banquier central et les résultats obtenus peut être bruitée  du fait de la survenance des aléas qui ne sont pas observables de manière symétrique par les parties contractantes.

Quoi qu’il en soit, le statut  quo ne semble pas tenable selon certains, compte tenu des risques qui planent sur le bilan de la BNS et des tensions persistantes au sein de la zone euro. C’est pourquoi, on peut se demander si la solution à cette situation inédite de la BNS ne réside pas dans l’adoption d’un schéma contractuel analogue à celui de la banque centrale de la Nouvelle-Zelande : le gouverneur de la BC est responsable des résultats de la politique monétaire. Il jouit d’une indépendance instrumentale entière, en revanche les objectifs de la politique monétaire sont définis en collaboration avec le ministre des finances. En cas de mauvais résultats, le gouvernement qui doit rendre compte au parlement s’arroge le droit de changer temporairement l’orientation de la politique ( procédure d’ override). De même le gouverneur peut voir sa rémunération et/ou le budget de l’institution révisés à la baisse, voire perdre son poste. Ce modèle a au moins le mérite de ne pas conférer un statut des dieux de l’Olympe aux dirigeants de la banque centrale. Ils sont aussi des mortels. Et comme tels ils doivent rendre des comptes à des mortels qui pâtissent de leurs décisions.

Noël Benalou, ancien chargé d’enseignement à l’Université Paris-Dauphine, modélisation mathématique et analyse économique.

Deutsche Bank et la crise financière mondiale

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Les actions de la Deutsche Bank ont plongé cette semaine à leur plus bas en soulevant la question d’un renflouement du gouvernement dans le but d’éviter un nouveau krach financier. Les remous que connaît la plus grande banque d’Allemagne montrent que toutes les contradictions du système financier mondial qui ont produit l’effondrement de 2008 sont en train d’éclater une fois de plus. Ces contradictions alimentent et s’entrecroisent cependant actuellement avec les tensions économiques et politiques qui existent entre les principales puissances. À leur tour, ces conflits géopolitiques intensifient la crise financière.

La position financière de la Deutsche Bank est préoccupante depuis quelques années et le Fonds monétaire international avait dit l’année dernière en juin que la banque semblait être « le plus important contributeur net aux risques systémiques du système financier mondial ». Mais la cause immédiate de la crise actuelle est politique.

Suite à une enquête prolongée, le ministère américain de la Justice a décidé le mois dernier d’imposer à la Deutsche Bank une amende de 14 milliards de dollars pour pratiques frauduleuses liées à ses transactions sur le marché américain des prêts hypothécaires subprime durant la période qui a précédé la crise financière de 2008. Tant le fond de la décision que les circonstances l’entourant montrent qu’elle visait à porter un coup à l’unique grande banque internationale allemande.

La décision fut divulguée au Wall Street Journal au lieu d’être discutée à huis clos et d’arriver à un règlement amiable. Elle fut prise au milieu de tensions croissantes entre les États-Unis et l’Union européenne, notamment avec l’Allemagne.

Suite à la décision de l’UE d’infliger à Apple la restitution de 13 milliards d’euros d’impôts impayés – une mesure qui a fait l’objet d’acerbes critiques du gouvernement et des milieux patronaux américains – la décision du département de la Justice concernant Deutsche Bank est largement considérée par les cercles européens comme une rétribution. Les tensions au sujet de l’amende d’Apple et de ses implications pour les investissements américains et la maximisation du profit en Europe avaient été aggravées par le quasi-sabordage par l’Allemagne et la France du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP).

La dégringolade de l’action Deutsche Bank fut enrayée vendredi, du moins pour le moment, sur fond d’informations que les États-Unis seraient disposés à réduire son amende à 5,4 milliards de dollars. Cela se révélera toutefois être une trêve de courte durée dans une guerre économique et financière en cours.

Ces conflits ne sont pas un phénomène temporaire mais sont enracinés dans deux développements objectifs interconnectés : la stagnation persistante de l’économie mondiale, caractérisée par de faibles niveaux de croissance, une diminution des échanges commerciaux, des investissements faibles et une rentabilisé en baisse ainsi que le développement d’une massive bulle financière qui se reflète dans la hausse des cours des marchés boursiers et obligataires.

Les contradictions entre les marchés financiers florissants et l’incurable marasme de l’économie réelle sont en train de prendre une forme de plus en plus explosive. Nonobstant l’illusion que l’argent peut tout simplement créer de l’argent par la spéculation et une relance de la banque centrale, les valeurs financières représentent en fin de compte une créance sur la richesse produite dans l’économie réelle.

Pendant des années, les valeurs financières étaient approximativement équivalentes en taille au produit intérieur brut mondial. Mais la montée de la financiarisation qui a débuté dans les années 1980, a mené à une situation où au moment de la crise de 2008, ces valeurs représentaient plus de 360 pour cent du PIB mondial. Ce ratio n’a fait que s’accroître depuis suite à l’extraordinaire politique monétaire – l’injection de milliers de milliards de dollars dans le système financier et des taux d’intérêts ultra-bas et même négatifs – que les principales banques centrales mondiales ont adoptées.

En commentant la crise de Deutsche Bank, un analyste financier a dit auFinancial Times : « Les investisseurs s’inquiètent maintenant de ce qu’il y aura tôt ou tard un lourd prix à payer pour les actuelles distorsions du marché ». Les distorsions du marché ne sont pourtant que l’expression immédiate de profondes contradictions dans les fondements même du système financier mondial.

Dans les conditions où les créances financières dépassent la richesse réelle, chaque section du capital financier doit défier de plus en plus brutalement ses concurrents dans une tentative de les éliminer.

Ces tendances trouvent une expression particulière dans le cas de la Deutsche Bank. Des décennies durant, elle a travaillé en étroite collaboration avec les grandes industries allemandes. Mais avec la croissance du capital financier mondial, ce modèle d’entreprise devint de moins en moins viable et à la fin des années 1980, Deutsche Bank chercha à devenir une banque d’investissement mondiale et à s’en prendre de manière agressive ses rivales et particulièrement aux banques américaines. Ses activités criminelles sur le marché américain des titres hypothécaires subprime, qui sont à l’image de celles de Goldman Sachs, font partie de ce processus.

Alors que les banques américaines furent consolidées par les renflouements organisés par le gouvernement américain, la position financière de la Deutsche Bank n’a cessé de s’éroder.

Sans un renflouement, elle est contrainte pour rester concurrentielle de lever du capital additionnel auprès du marché. Mais, à des taux d’intérêts ultra-bas et négatifs mis en place par les principales banques centrales, cela signifie que son modèle commercial de base a subi un effet néfaste et que les attentes en termes de rendement ont été revues à la baisse. Dans des conditions où Deutsche Bank continue d’afficher sur son bilan de hauts niveaux de produits dérivés toxiques et où les perspectives d’une sérieuse relance du commerce mondial et de la croissance économique deviennent de plus en plus distantes, les contreparties exigent des taux de rendement de crédit de plus en plus élevés.

Comme l’a souligné le Wall Street Journal : « Le plus gros problème de la Deutsche Bank n’est pas d’avoir simplement besoin de capital mais qu’il sera très difficile d’en lever », car la banque devra « travailler dur pour convaincre les investisseurs qu’elle sera en mesure de réaliser un rendement qui dépassera son coût en capital durant les années à venir ».

Tout comme des bandes rivales menant une guerre d’influences chacune contre toutes les autres afin de renforcer leurs propres positions, la Deutsche Bank est devenue un cible toute trouvée. Des fonds spéculatifs et des spéculateurs s’en sont donné à cœur joie en pariant contre la banque.

Vendredi, dans une allocution devant le personnel, le PDG de Deutsche Bank, John Cryan, a fait allusion aux forces à l’œuvre en déclarant que dans le secteur bancaire, rien ne compte plus que la confiance et qu’« actuellement des forces sont à l’œuvre sur le marché qui veulent affaiblir cette confiance en nous ».

La Deutsche Bank n’est pas la seule cible. Les dimensions plus larges du conflit furent formulées cette semaine dans une déclaration de Valdis Dombrovski, vice-président de la Commission européenne. Il a dit que les réformes du secteur bancaire mondial prônées par les États-Unis et qui entraîneraient « des hausse significatives des exigences de fonds propres assumées par le secteur bancaire européen », ne seraient pas acceptées.

Sans cependant nommer directement les États-Unis, il a dit : « Nous voulons une solution qui marche pour l’Europe et qui ne désavantage pas nos banques par rapport à nos concurrents ».

La manière dont les insolubles contradictions de l’économie capitaliste mondiale sont en train d’alimenter les tensions géopolitiques et vice versa, comme l’a révélé la crise de la Deutsche Bank, revêt une profonde signification. Comme le montre l’histoire tourmentée du 20e siècle, c’est l’expression incontestable d’un effondrement mondial du système capitaliste qui conduira inexorablement à la guerre mondiale, à moins qu’elle ne soit empêchée par la classe ouvrière mondiale.