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Le ministre des Comptes publics assure que les restrictions budgétaires qui s’imposeront aux ministères toucheront principalement les frais de bouche. Mais la relative imprécision dont fait preuve l’exécutif rend l’opposition plus que sceptique.

Le Parisien publie ce 11 juillet un entretien avec le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, dans lequel celui-ci expose en détail le plan d’économies du gouvernement d’Edouard Philippe. La veille, Emmanuel Macron avait annoncé qu’il souhaitait mettre en œuvre les réformes de la taxe d’habitation et de l’Impôt sur la fortune (ISF) dès 2018. Le budget de l’Etat pour l’an prochain doit en effet tenir le déficit public sous la barre des 3% du PIB… tout en respectant certains engagements de campagne du président.

«Nous avons trouvé 4,5 milliards d’euros d’économies sur le seul budget de l’Etat», se réjouit Gérald Darmanin, qui précise toutefois que «ni les collectivités locales ni la Sécurité sociale ne seront mises à contribution». Les coupes budgétaires ne devraient donc pas affecter ces deux budgets votés séparément. L’exercice sera d’autant plus difficile que, comme le confirme le ministre, l’engagement de ne pas augmenter les impôts devrait être respecté.

Où donc s’appliqueront les réductions de dépense qu’imposent les engagements européens de la France ? Tout d’abord dans les dépenses des ministères. «Il n’y a pas de coup de rabot global, selon la volonté du président de la République», précise Gérald Darmanin. Appels d’offre mieux négociés, réduction du parc de véhicules… : les coupes seront taillées sur mesure, au cas par cas.

Des économies tous azimuts avec des contraintes nombreuses

Dans le détail, les économies toucheront principalement Bercy, Beauvau et le Quai d’Orsay. Les réductions prévues pour ces trois ministères s’élèvent respectivement à 268 millions d’euros, 526 millions d’euros et 282 millions d’euros. Autre réduction drastique des dépenses : le ministère des Transports engagera un passage en revue de tous les grands projets afin d’évaluer leur utilité, avec pour objectif 260 millions d’euros d’économie. Le ministère de la Culture sera mis à contribution dans une moindre mesure, avec 50 millions d’euros d’économies.

Selon les ministères, les contraintes et les moyens sont très différents. Dans le cas du ministère des Affaires étrangères, c’est l’aide au développement qui sera drastiquement diminuée. En effet, à en croire une déclaration récente d’Emmanuel Macron, celle-ci serait inutile tant que les femmes africaines auront «sept à huit enfants». Le ministère de l’Intérieur devra parvenir à réduire ses dépenses… sans toutefois diminuer effectifs de policiers et de gendarmes. Du côté de l’Education nationale, l’exercice risque de prendre des allures de dilemme cornélien : pas question de supprimer des postes de professeur, du moins pour la rentrée 2017, mais 75 millions d’euros d’économie sont attendus… tout en respectant  «l’intégralité des promesses du président de la République, notamment sur l’accompagnement des auxiliaires de vie scolaire auprès des enfants handicapés».

En revanche, le budget de la Défense ne devrait pas être entamé. Il semblerait qu’après une hésitation, Emmanuel Macron ait finalement fait marche arrière. La ministre de la Défense Florence Parly avait annulé en urgence un déplacement prévu ce 11 juillet dans les Landes afin de poursuivre les négociations sur ce sujet… Si l’enveloppe dont elle dispose devrait restée inchangée, elle devra en revanche s’en contenter sans espérer de rallonge : les 850 millions d’euros prévus (pour le fonctionnement du ministère et non pour la Défense nationale) devront suffire.

La droite sceptique, les socialistes ménagent leurs critiques, les communistes s’inquiètent

La droite s’est montrée méfiante à l’annonce de ce plan de restrictions budgétaires dans les ministères. Eric Woerth, président Les Républicains (LR) de la commission des Finances de l’Assemblée, y a décelé «un peu de mise en scène». Appelant le Premier ministre Edouard Philippe à se montrer plus précis quant aux moyens selon lesquels le ministère de la Défense pourrait se restreindre à 850 millions d’euros, il a souligné que le gouvernement ne faisait qu’appliquer les recommandations d’un audit réalisé par la Cour des comptes.

«Qu’on évite de nous faire le coup des membres des cabinets et des voitures», a pour sa part réagi le chef de file des députés LR Christian Jacob. Il a pointé du doigt un «cafouillage entre les deux têtes de l’exécutif». En effet, Emmanuel Macron a repris la main sur le dossier budgétaire le 10 juillet dernier, après avoir dans un premier temps laissé son Premier ministre et le ministre des Comptes publics s’en charger.

A gauche, les critiques sont bien moins virulentes. Les députés socialistes du groupe Nouvelle gauche réclament certes «de la clarté» sur les intentions budgétaires du gouvernement, a fait savoir l’un de leurs porte-parole, Boris Vallaud. Mais la critique porte davantage sur la forme que sur le fond. «Ce dont nous avons besoin, c’est de savoir quelle est la réalité des intentions du gouvernement et aujourd’hui, nous ne les connaissons pas», a-t-il précisé lors d’une conférence de presse, assurant que les députés de son groupe se contentaient de «poser des question», «sans formuler aucune espèce d’accusation» et récusant tout «cynisme».

Les députés communistes, de leur côté, ont eu la dent plus dure. Ils ont dénoncé la «cacophonie» des ces annonces gouvernementales. Elsa Faucillon, l’une des portes-paroles du groupe parlementaire communiste, s’est étonnée : «Le Premier ministre annonce en déclaration de politique générale le report de certaines mesures, qui sont finalement maintenues, peu ou prou.» Ne croyant pas que les restrictions budgétaires se limiteront aux frais de bouche, elle dit redouter des conséquences directes pour les Français : «Comment penser que les économies sur le budget de l’Education n’auront aucune conséquence sur les enfants et les enseignants ?»

Plusieurs ONG ont vivement dénoncé la réduction de l’aide au développement annoncée par Gérald Darmanin. «Mettre dans le même panier l’aide publique au développement et les frais de gestion des ministères, c’est considérer la lutte contre l’extrême pauvreté, les changements climatiques et les grandes pandémies mondiales comme accessoires», estime Friederike Röder, directrice France de l’ONG One, dans un communiqué de presse.

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