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Aramco: la plus grande introduction en bourse de l’histoire serait-elle en train de tourner au fiasco?

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La compagnie pétrolière saoudienne Aramco reporte à nouveau son introduction en bourse. Celle-ci devait normalement être annoncée dimanche, mais cela ne s’est pas produit. Selon le Financial Times, les Saoudiens veulent d’abord clarifier les résultats trimestriels, après que leur capacité de production ait été temporairement réduite de moitié. Ce serait une conséquence des attaques terroristes sur les champs de pétrole d’Abqaiq le mois dernier.

Les Saoudiens semblent également avoir de plus en plus de difficultés à attirer des investisseurs étrangers. Mais ce sont ces investisseurs étrangers dont MbS a besoin pour assoir sa réputation. A la base de ces problèmes se trouvent les fréquents faux pas du Prince héritier Mohammed ben Salmane (MbS). Jusqu’à récemment, il aimait se profiler comme le nouvel « homme fort » du régime. Beaucoup le considéraient comme un « visionnaire », qui mènerait l’Arabie saoudite dans une nouvelle ère. Une ère dans laquelle le pétrole jouerait un rôle de second ordre.

Les bénéfices qu’Aramco peut présenter sont donc hallucinants. Ils constituent le cœur de la réalisation du plan Vision 2030 que MbS a lancé il y a quelques années et qui, à terme, doit briser la dépendance du royaume vis-à-vis de sa production de pétrole.

EPA-EFE / Comment Hwee Young

Aramco, la société la plus rentable au monde

Au premier semestre de cette année, Aramco a réalisé un bénéfice de 47 milliards de dollars (42 milliards d’euros). Comme le prix du pétrole avait fortement chuté au cours des derniers mois, il était de 11,5 % inférieur à celui de l’an dernier. Mais l’entreprise conserve facilement son statut de société la plus rentable au monde. À titre de comparaison : Apple, la société cotée en bourse la plus rentable au monde, a enregistré un bénéfice de 31,5 milliards de dollars (28 milliards d’euros) au cours de la même période.

Riyad promeut l’introduction en bourse d’Aramco comme la plus importante de  l’histoire. En levant 5 % en actions sur le marché boursier, le Royaume d’Arabie saoudite veut récupérer 100 milliards de dollars. Mais ce n’est pas encore le cas. Il y a plusieurs raisons à cela. Il y a, entre autres choses, des tensions croissantes avec l’Iran dans le golfe Persique, la guerre sans fin avec le Yémen et bien sûr, le meurtre du journaliste américano-saoudien Jamal Kashogghi, il y a un peu plus d’un an. L’introduction en bourse d’Aramco devrait donc servir à renforcer la crédibilité de Mohammed ben Salmane.

EPA-EFE / Ali Haider

Aramco, une entreprise familiale?

Le mois dernier, MbS avait contraint le ministre saoudien de l’énergie, Khaled Al Faleh, président de facto d’Aramco, à démissionner. Il s’était interrogé sur la pertinence du calendrier de l’introduction en bourse en raison du prix bas d’un baril de pétrole aujourd’hui. Al Faleh a été remplacé par deux hommes de confiance de MbS, son bras droit Yasser Al Roumayyan et son demi-frère Abdelaziz ben Salmane. Il semble donc que ce soit la famille royale qui dicte les conditions de l’introduction en bourse, plutôt que les marchés financiers.

« The Big One »

Deux jours après ce changement de pouvoir, le destin a frappé : la production de pétrole saoudienne fut immédiatement divisée par deux après que les champs de pétrole d’Abqaiq ont été attaqués par une série de drones. Abqaiq est le plus grand complexe de traitement du pétrole au monde. Il s’agissait de la troisième attaque contre l’infrastructure du plus grand exportateur mondial de pétrole brut en cinq mois. Mais maintenant, on évoque le « Big One ». Les panaches ​​de fumée provenant des incendies déclenchés par cette attaque étaient visibles jusqu’à des centaines de kilomètres de distance.

À lui seul, le site touché pompe 5,7 millions de barils de pétrole par jour, soit 5 % de la production mondiale. Le statut de la Riyad toute-puissante  dans la région en a été durement affecté. Bien que les Saoudiens aient acheté des milliards d’armes aux États-Unis ces dernières années, ils semblent incapables de protéger leur principal fonds de commerce – leurs usines de traitement du pétrole – contre les attaques terroristes. En conséquence, l’introduction en bourse est à nouveau reportée.

Aucun grand centre financier ne souhaite être celui où Aramco sera coté

Entre-temps, les investisseurs doutent de plus en plus de la crédibilité de l’ensemble du projet. Aucun centre financier majeur au monde ne souhaite être celui où Aramco sera coté. Une fois de plus, c’est le manque de transparence qui pose problème. Tout au long des 80 ans d’existence du pays, la comptabilité de la société est demeurée un secret d’État. Il n’y avait donc pas d’autre option que de faire coter la société à la bourse de Riyad. Au fil du temps, une introduction à la Bourse de Tokyo a été envisagée, compte tenu que cette dernière est généralement plus souple que celle de Londres. New York était également une possibilité, mais elle posait des risques en raison de la prétendue implication saoudienne dans les attentats du 11 septembre 2001. On craint à Riyad qu’Aramco ne soit utilisée comme monnaie d’échange pour indemniser les victimes américaines. 

1200 ou 2000 milliards?

Ensuite, il y a l’appréciation. Le prince héritier a toujours estimé la valeur d’Aramco à 2 000 milliards de dollars, soit plus que la valeur combinée d’Apple et de Google. Ce sur quoi il se base n’a jamais été précisé. Les analystes et les investisseurs institutionnels estiment que la juste valeur est très inférieure : le consensus général se situe entre 1 200 et 1 500 milliards de dollars. La question est également de savoir quel cabinet d’audit acceptera de signer la valeur des réserves prouvées de pétrole.

Comme les grandes banques ne semblent pas très impressionnées par cet état de fait, MbS compte d’abord sur le fait que de riches familles saoudiennes vont s’inscrire à l’introduction en bourse. MbS a fait peur à ces familles lorqu’il y a deux ans, il a emprisonné plusieurs piliers de l’économie saoudienne pendant des semaines à l’hôtel Ritz-Carlton de Riyad. Ces familles ont été allégées de centaines de millions. Il a aussi fait geler leurs avoirs. Ce sont ces mêmes familles auxquelles on demande maintenant d’investir des sommes importantes. Elles n’ont probablement pas le choix. Mais c’est précisément ce qui fait douter de la crédibilité du projet au-delà des frontières.

On entend de moins en moins dire que MbS est un « visionnaire » 

Il y a quelques jours, l’agence de notation de crédit Fitch a abaissé la cote de crédit de l’Arabie saoudite de A+ à A. Selon Fitch, la politique menée par le royaume en consultation avec les États-Unis à l’égard de l’Iran met en danger l’industrie locale de transformation du pétrole. De nouvelles attaques restent donc possibles. Les investisseurs internationaux semblent également de moins en moins impressionnés par la politique étrangère agressive menée par Mohammed ben Salmane. En outre, ils craignent que l’ingérence de la politique dans la gestion d’Aramco ne soit pas de bon augure. De nos jours, on entend de moins en moins parler de MbS comme d’un  » visionnaire » dans les cercles d’investissement.

Manchester United - Mohammed bin Salman
Getty Images

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