Pourquoi un cimetière devrait être glauque ? C’est l’image que l’on en a souvent en France. Pourtant, les cimetières peuvent être des lieux de balades agréables où se retrouver avec des proches. C’est le cas de nombreuses forêts cinéraires en Allemagne et de cimetières-parcs au Royaume-Uni. En France, les propositions pour les familles en quête d’obsèques écologiques pour leur défunt ne sont pas encore très nombreuses. A ce jour, seuls la forêt cinéraire d’Arbas, le cimetière naturel de Niort et deux parcs funéraires privés offrent une alternative à l’inhumation traditionnelle. Et si on s’inspirait de nos voisins ? Voici quatre exemples qui vous donneront envie de vous balader plus souvent dans des cimetières.
Le Johannisfriedhof à Nuremberg, une faune et une flore au poil
Ce cimetière allemand porte le nom de “cimetière des roses”, et pour cause : il est fleuri abondamment par des rosiers. Le cimetière de Saint-Jean de Nuremberg abrite notamment la tombe de Dürer, le célèbre graveur allemand. Ce cimetière date du Xème siècle et devient “le cimetière des lépreux” deux siècles plus tard. Il n’en a rien de triste ou de terne pour autant, mais comporte au contraire de nombreuses couleurs, grâce à ses fleurs et à son église orange qui trône au milieu des tombes. Comme c’est souvent le cas en Allemagne, de nombreuses tombes sont paysagères, c’est-à-dire fleuries en terre directement. Elles sont toutes entretenues. Les visiteurs humains ne sont pas les seuls à profiter de ce lieu de balade champêtre, c’est également un lieu prisé des écureuils et des lapins ! Ouvrez l’oeil…
Le cimetière de Milan, VIP only
Le cimetière de Milan est un cimetière de 25 hectares qui fait honneur à la culture latine. Sculptures, temples grecs et obélisques…: un patrimoine d’une très grande richesse qui rendra votre déambulation inoubliable ! Vous pourrez plonger dans l’histoire des familles milanaises et italiennes nobles du XIXème siècle. Vous pouvez même voir la tombe de Stendhal, enterré ici après avoir vécu en Italie à la fin de sa vie. Sa sépulture est placée dans le bâtiment le plus célèbre du cimetière : le Panthéon du Famedio. Réservé aux défunts les plus illustres, il contient de nombreuses tombes ornées de bas-reliefs représentant des scènes religieuses, et témoignant de la puissance de ces familles italiennes. Si vous rêvez d’un lieu de sépulture aussi majestueux, sachez que certaines concessions, laissées à l’abandon sont régulièrement vendues par la mairie. Vous rejoindriez ainsi des centaines d’autres mortels sur la liste d’attente qui espèrent vivre leur dernier repos dans ce lieu mythique…
Le cimetière de Gyeongju en Corée du Sud, des dunes à perte de vue
Lorsqu’on entre dans le cimetière de Gyeongju, la seule chose que l’on voit ce sont des petites collines vertes à perte de vue. Or, c’est bien sous ces petits dômes que se trouvent les tombes ! Et pas n’importe lesquelles, car ce sont d’anciens rois et reines qui sont enterrés dans ce cimetière. Plus la colline est haute, plus le personnage inhumé est important. Pourtant, les Coréens eux-mêmes l’ignoraient et des habitants vivaient même sur ces collines autrefois, avant que l’on ne creuse et découvre ces tombeaux. Pour visiter tout le parc, il faut payer, mais une partie est gratuite. Un des tumulus étant ouvert, vous pourrez voir une des tombes de l’intérieur et contempler sa structure. Pour les plus noctambules d’entre vous, une visite est possible de nuit, l’occasion de voir les dunes se teinter d’autres couleurs.
Le cimetière de Sapanta en Roumanie, le funéraire est une fête
Lorsque l’on se rend en Roumanie, un cimetière détonne : le cimetière de Sapanta, aussi appelé le cimetière “joyeux”. Il tient son nom de ses stèles en bois colorées et sculptées, représentant le défunt, à travers un trait de caractère ou une activité. Cette façon de considérer la mort vient des Daces, un peuple qui croyait à l’immortalité de l’âme et pour qui la mort permettait d’accéder à une vie meilleure. L’ensemble du cimetière est donc plein d’humour et offre une balade amusante, à la découverte de tous ceux qui y sont enterrés. Et si l’une des images vous laisse à court d’idées, un court poème écrit sous le bas-relief vous raconte l’histoire représentée. À condition de comprendre le roumain bien sûr !
Autant d’idées inspirantes pour faire des cimetières des lieux vivants, comme le montre le portail dédié au deuil et aux obsèques Happy End, où il fait bon de se recueillir mais pas seulement…
