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WHAT ? Les dépenses mondiales en armement dépassent 1,9 billion de dollars

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Par Bill Van Auken
4 mai 2020

Au milieu du sinistre décompte mondial de plus de 3 millions de cas confirmés de coronavirus et d’environ 220.000 décès – ainsi que de la certitude scientifique que les deux chiffres sous-estiment largement le bilan réel du virus mortel – un rapport publié cette semaine a fourni une autre série de statistiques qui donnent à réfléchir.

Selon le rapport annuel publié par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), les dépenses militaires mondiales ont atteint un nouveau sommet d’après guerre froide, dépassant 1,9 billion de dollars en 2019. Il s’agit d’une grande quantité de ressources sociales qui ont été canalisées vers les préparatifs d’une nouvelle guerre mondiale, dans des conditions où l’humanité est confrontée aux ravages d’une pandémie mondiale.

«Il s’agit du niveau de dépenses le plus élevé depuis la crise financière mondiale de 2008 et représente probablement un pic de dépenses», a expliqué à l’agence de presse AFP Nan Tian, chercheur au SIPRI.

[image]Un travailleur de PSE & G regarde des avions militaires survoler la ville. (Photo de Charles Sykes / Invision / AP) – https://www.wsws.org/asset/ab8e8f38-4a98-4a0b-b214-6c021257b52O/image.jpg?rendition=image960[/image]

Comme toujours, l’impérialisme américain a provoqué la montée de niveaux de dépenses de plus en plus obscènes en faveur du militarisme, représentant 38% des dépenses mondiales en armement. Le budget militaire de Washington pour 2019 (exercice 2020) était de 738 milliards de dollars, soit une augmentation de 5,3% par rapport à l’année précédente, et égal à 3,4% du PIB américain. Les dépenses militaires américaines ont dépassé celles des 10 prochains pays dont les dépenses militaires sont les plus élevées.

Ce sont les énormes crédits alloués à la triade nucléaire du Pentagone, qui comprennent de nouveaux missiles balistiques terrestres intercontinentaux, de nouveaux bombardiers à longue portée, un nouveau missile de croisière et un nouveau sous-marin nucléaire. L’accent a également été mis sur la production de nouvelles armes nucléaires plus petites et plus «utilisables», rapprochant de plus en plus la menace d’une guerre catastrophique.

Le chiffre total donné par le SIPRI n’inclut pas les 12,6 milliards de dollars affectés à la National Nuclear Security Administration (NNSA), une agence semi-autonome au sein du ministère de l’Énergie, pour les «activités d’armement», c’est-à-dire la fabrication, le maintien et la modernisation des stocks de têtes de missiles et de bombes nucléaires de l’impérialisme américain.

Les sommes immenses dépensées pour moderniser et développer l’arsenal américain préparent ce que les documents de stratégie américains définissent comme des «conflits de grande puissance», la Chine et la Russie étant les premières cibles. Le Pentagone prévoit de dépenser 500 milliards de dollars sur dix ans pour moderniser tous les aspects de la triade nucléaire américaine.

Les dépenses d’armement de l’impérialisme américain dépassent de loin celles de ses rivaux parmi les «grandes puissances». En 2019, il a dépensé bien plus de deux fois et demie que son principal concurrent économique, la Chine, dont le budget militaire de 261 milliards de dollars est le deuxième plus gros au monde, et bien plus de 10 fois plus que la supposée pire menace, la Russie (61,4 milliards de dollars), qui s’est classée quatrième sur la liste des pays les plus dépensiers.

L’immense construction des capacités militaires de Washington bénéficie du soutien de toutes les factions de l’establishment politique américain, agissant sous les administrations démocrates et républicaines. L’opposition démocrate à Trump n’a jamais été fondée sur l’hostilité au militarisme; elle cible plutôt sa réticence supposée à adopter une attitude suffisamment agressive envers la Russie.

Il est assuré que les deux parties apporteront le soutien nécessaire à la dernière demande de budget du Pentagone de 740,5 milliards de dollars, ce qui représente une augmentation de 2,5 milliards de dollars par rapport à l’année dernière.

L’augmentation des dépenses militaires de la Chine a suivi de près la croissance économique du pays, ce qui signifie que, même si elle était de 5,1% supérieure à celle de 2018, elle était de 85% supérieure à 2010. Elle représente 1,9% du PIB chinois, contre 3,4% pour les États-Unis.

Après les États-Unis et la Chine, le troisième budget militaire le plus élevé a été celui de l’Inde, qui a atteint 71,1 milliards de dollars en 2019, soit une augmentation de 6,8% par rapport à l’année précédente et une augmentation de 37% par rapport à 2010. Le renforcement militaire sous le gouvernement nationaliste hindou de droite du premier ministre Narendra Modi éclipse celui de son rival régional, le Pakistan, qui a dépensé 10,3 milliards de dollars, 1,8% de plus qu’en 2018. Les deux pays sud-asiatiques dotés d’armes nucléaires ont été à plusieurs reprises au bord de la guerre.

L’Arabie saoudite (61,9 milliards de dollars), dont la monarchie au pouvoir, qui les mains tachées de sang, consacre la plus grande part de son PIB (8%) aux armes et complète le top 5 des dépenses militaires. La part du lion de ces armes a été canalisée dans le royaume par les États-Unis qui, sous Obama et Trump, ont fourni les avions de guerre, les missiles et les bombes que le régime saoudien utilise pour mener une guerre quasi génocidaire contre le Yémen, tuant plus de 100.000 personnes et menant des millions d’autres au bord de la famine.

L’Allemagne, tout en se classant septième sur la liste après la France, s’est distinguée en atteignant le taux d’augmentation le plus élevé (10%) des dépenses militaires parmi les grandes puissances. Le gouvernement de coalition à Berlin a déployé des troupes lors de multiples interventions militaires en Afrique, au Moyen-Orient, en Méditerranée et en Afghanistan. Soixante-quinze ans après la défaite du IIIe Reich et la fin de la Seconde Guerre mondiale, la classe dirigeante allemande se prépare elle-même à nouveau à des «conflits de grande puissance».

Alors que ce rapport documente l’immense richesse qui a été dépensée pour se préparer et mener une guerre mondiale, il est tout à fait clair que la pandémie mondiale de coronavirus n’a dissuadé aucune des grandes puissances, en particulier les États-Unis, de continuer à intensifier cette accumulation.

Au contraire, Washington a systématiquement instrumentalisé le virus mortel, l’utilisant pour diffamer la Chine et justifier une escalade militaire en mer de Chine méridionale. Dans le même temps, il a durci les sanctions contre l’Iran, qui fait face à l’une des pires épidémies de coronavirus au monde, et a envoyé des navires de guerre contre le Venezuela, dont le système de santé menace de s’effondrer, dans le but de faire avancer son programme de changement de régime dans les deux pays.

La dépense continue de milliers de milliards de dollars en armes et en guerre au cours de la pandémie actuelle est un crime contre l’humanité.

Alors que les démocrates et les républicains ont massivement approuvé les 738 milliards de dollars pour le Pentagone, ils ont systématiquement affamé de financement le Centers for Disease Control and Prevention (CDC), la principale agence américaine de lutte contre les pandémies, son budget subissant une réduction de 10% par rapport à la dernière décennie (2010-19). Ces coupures de financement ont joué un rôle majeur dans l’incapacité du gouvernement à se préparer à la pandémie et à sa réponse chaotique à l’épidémie une fois qu’elle a commencé, sabotant le déploiement par l’agence des tests de dépistage du coronavirus et se traduisant par des décès inutiles et évitables.

Le CDC reçoit à peine 1,5% des financements accordés au Pentagone. Pendant ce temps, l’administration Trump se prépare à dépenser des milliards de dollars pour renflouer les principaux fabricants d’armes, alors même que des dizaines de millions de travailleurs licenciés ne sont pas en mesure d’obtenir une indemnité de chômage, face à la menace de la faim et de l’itinérance, tandis que les petites entreprises, privées de l’aide promise, font face à la faillite.

Les vastes ressources consacrées aux armes pourraient fournir les moyens de lutter contre la pandémie et d’empêcher les travailleurs de sombrer dans la pauvreté.

Comme l’a souligné un récent rapport préparé par la Campagne mondiale sur les dépenses militaires, les 89 millions de dollars dépensés pour acheter un seul avion de chasse F-35 – le Pentagone prévoit en acheter jusqu’à 3000 – financeraient 3244 lits de soins intensifs pendant un an, alors que les 44000 $ qu’il en coûte par heure pour faire fonctionner ces avions représentent à peu près l’équivalent du salaire annuel moyen d’une infirmière dans les pays de l’OCDE. De même, le prix à payer pour un missile Trident II à capacité nucléaire – 31 millions de dollars – paierait 17 millions de masques respiratoires N95.

Le rapport SIPRI expose le fait qu’environ trois décennies après la dissolution de l’Union soviétique et la fin de la guerre froide, l’impérialisme américain fomente une nouvelle course aux armements qui menace l’humanité de destruction dans une guerre mondiale catastrophique entre puissances nucléaires.

Dans la lutte pour le contrôle des ressources, des marchés et des sources de main-d’œuvre bon marché, le militarisme capitaliste continue de consommer une quantité colossale de ressources, les détournant de la réalisation des droits essentiels des travailleurs du monde à des revenus viables, à l’éducation, aux soins de santé et à une vie décente.

Le mépris de la classe dirigeante capitaliste pour la vie des travailleurs du monde entier est démontré dans ses ordonnances de retour au travail, émises alors que le COVID-19 revendique un nombre toujours croissant de victimes, tout comme dans leur recours au militarisme pour atteindre les intérêts géostratégiques et de profit des banques et des sociétés.

La seule réponse à la course criminelle à la guerre qui menace toute l’humanité réside dans la mobilisation de la classe ouvrière internationale contre le capitalisme. Les travailleurs doivent lutter pour l’expropriation sans compensation de la vaste industrie de l’armement et la confiscation des profits obscènes de ses principaux actionnaires afin que ces ressources puissent être mobilisées pour lutter contre la pandémie mondiale et assurer les besoins sociaux de la grande majorité de la population. Ces exigences indispensables sont inextricablement liées à la lutte pour le transfert du pouvoir à la classe ouvrière et l’instauration du socialisme.

(Article publié en anglais le 29 avril 2020)

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