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Vous êtes méchant avec votre banquier ? Attention, il peut fermer votre compte…

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Jadis, la France était un Etat de droit où les troubles à l’ordre public étaient réprimés par la police et les tribunaux. Mais tout change. Aujourd’hui, un banquier peut se faire justice lui-même. Vous n’êtes pas gentil avec lui ? Il a le droit de fermer votre compte, sans préavis ni autre forme de procès. Ainsi en a décidé la Cour de cassation. OD

« Les relations entre les clients et les employés de banque ne sont pas toujours paisibles, plombées par un contexte socio-économique difficile. Toutefois, en tant que client de banque, sachez que vous devez vous maîtriser sous peine de voir votre compte clôturé et votre prêt arrêté, le tout sans préavis.

Pour conserver votre compte bancaire, il vous faudra garder vos nerfs. En effet, comme l’a confirmé un arrêt de la Cour de cassation du 13 décembre 2016, tenir des propos agressifs ou menaçants à l’encontre de son banquier peut lui donner le droit de clore votre compte bancaire et même de mettre fin à votre crédit. Ces faits constituent en effet un « comportement gravement répréhensible » qui permet à la banque de cesser toute relation sans préavis.

Dans le cas précis étudié par la Cour de cassation, la banque avait ouvert un compte et accordé un crédit à un professionnel qui avait remis en cause l’honnêteté de la banque en question. Après plusieurs injures et menaces effectués par le client à l’encontre des employés de la banque, celle-ci a décidé de mettre un terme à leurs relations. Outre la fermeture du compte, cela signifiait également la fin du crédit et donc son remboursement immédiat. La Cour a considéré que le « comportement gravement répréhensible » ne concernait pas uniquement des opérations bancaires anormales mais aussi le comportement social de ce client.

Une relation clients-employés souvent tendue

Si à la base le code monétaire et financier n’envisage cette hypothèse que dans ce genre de contexte, ceux des prêts accordés aux professionnels, certains établissements ne font pas cette distinction et affirment que la banque a le droit de rompre sans préavis avec n’importe quel client, professionnel ou non, qui aurait ce « comportement gravement répréhensible ». Sans un tel comportement, la banque est obligée, avant de fermer un compte, de respecter un préavis fixé à l’origine par le contrat.

La décision de la Cour de cassation intervient quelques jours après la publication d’une enquête intitulée « les Français et les services » réalisée par le cabinet de conseil l’Académie du service. Relayée par le Figaro, cette enquête mettait en exergue le grand nombre d’incivilités vécues par les employés du secteur de l’assurance et de la banque. Ainsi, 71% des employés du secteur bancaire estiment que les équipes au contact des clients sont régulièrement victimes d’agressions verbales ».

La Tribune.fr, le 17 janvier 2017

Accrochez-vous ! Pour le ministre italien des Finances… « le problème de l’Europe c’est l’euro »

C’est juste un article du plus grand quotidien francophone suisse, à savoir La Tribune de Genève, alors que chez nous, personne ou presque n’a cru bon de relayer cette information.

En effet, le ministre des Finances italien (rien que ça) a regretté le manque de stratégie de l’UE et taclé sévèrement le système de monnaie unique.

Pour lui, « il n’y a pas de «vision», ni de «stratégie» au sein de l’UE et la monnaie unique est un frein.

Encore plus « grave », et pour être sûr d’être bien compris par tous, « le ministre italien des Finances, Pier Carlo Padoan, s’en est pris donc vertement à l’UE, et plus particulièrement à la monnaie unique.

Il a affirmé mercredi à Davos que le problème de l’Europe «c’est l’euro» et l’appelant à «prendre au sérieux le populisme».

«Le défi que posent (les défenseurs du) Brexit et Donald Trump, c’est qu’ils ont une vision, qu’on soit d’accord ou pas avec elle. Or, en Europe, on n’en a pas», a regretté le ministre lors d’un débat au World Economic Forum (WEF) sur comment l’élite peut renouer avec les classes moyennes.

«Je suis préoccupé parce que l’Europe n’a pas de stratégie pour faire face au nouveau visage de la mondialisation. Elle ne fait que réagir», a assuré Padoan, qui est allé plus loin encore en affirmant que «le problème de l’Europe était l’euro». L’Italie est un des pays fondateurs de l’Union européenne et signataire du Traité de Rome de 1957. »

En fait, l’Europe ne réagit pas, elle est bien LE problème !

L’Europe est bien le problème et ce n’est pas faute de le dire. Le problème de l’Europe c’est qu’elle ne peut pas changer sans renier son propre ADN, sa propre raison d’être. L’Europe est anti-nation, mondialiste et achetée par les intérêts privés et marchands.

Elle ne peut donc pas combattre les idées du Brexit ou de Trump, ou tous les autres souverainismes qui se manifestent autrement que par l’invective, l’insulte, et sans doute prochainement, avant de s’effondrer par une forme de répression plus ou moins violente.

Bienvenue en « UERSS ».

Mais notez bien précieusement les paroles du ministre italien, ce n’est pas rien du tout, c’est même tout un symbole. Le problème c’est l’euro. Nous sommes en 2017 et, enfin, nous y arrivons !

Pour protéger vos patrimoine et vous organiser vous trouverez les pistes nécessaires dans ma lettre STRATEGIES. Plus d’informations ici. Pour toute souscription, vous aurez accès à tous les dossiers de la base STRATEGIES.

Charles SANNAT

Source La Tribune de Genève ici

Ils en veulent à votre épargne… et ils sont en train de gagner

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3500 milliards d’euros d’épargne privée, cela aiguise bien des appétits, et certaines des nombreuses manœuvres visant à s’approprier cette manne fabuleuse sont malheureusement en train de porter leurs fruits.

Enfin, malheureusement pour nous, simples épargnants de plus en plus souvent considérés comme de mauvais citoyens, car pour tous les autres acteurs du monde économique et financier, la spoliation qui est en marche est plutôt une excellente nouvelle.

Des actions nombreuses et coordonnées

Une fois encore, j’avoue que le titre de cet article est volontairement provocateur, et il a même quelques relents complotistes qui font généralement la joie des médias alternatifs. Sauf que, pour le coup, on est bel et bien dans la réalité. Mais d’abord, qui est ce « Ils » qui en veut ainsi à nos économies ? Pour commencer à répondre, il serait déjà bien plus simple d’énumérer ceux qui ne cherchent pas à prendre leur part du gâteau. Et là, malheureusement, on ne trouve pas grand monde. Au final, la plupart des acteurs économiques, financiers et politiques sont plus qu’alléchés à la perspective de faire main-basse sur tout ou partie des 3500 milliards d’euros qui constituent l’épargne des Français. Et pour ce faire, leur imagination n’a pas de limite : lutte contre le cash, taux d’intérêts nuls voire négatifs, rétention des assurances-vie, bancarisation de plus en plus obligatoire, imposition généralisée, etc. Au final, l’objectif est d’assécher purement et simplement les réserves de précaution des Français.

Et ça marche. Si 74% des Français indiquent posséder encore un ou plusieurs livrets, ils sont de plus en plus nombreux à se dire «frustrés» ou «inquiets» de la faible rémunération de leur bas de laine. Une récente enquête réalisée par ING Direct à l’échelle européenne montre d’ailleurs que ce sentiment est partagé par la plupart des ressortissants de l’Union, les plus mécontents étant au passage, non pas les Français (que l’on taxe généralement d’éternels râleurs), mais les Belges (53%) et les Néerlandais (46%). Conséquence directe, les épargnants rechignent désormais à mettre de l’argent de côté, en se demandant de plus en plus souvent si ça en vaut encore la peine. D’autant que la rumeur très exagérée d’une survenue prochaine des taux négatifs sur les comptes d’épargne des particuliers en a conduit plus d’un à dépenser davantage, quitte à puiser dans leurs réserves.

Entre dépenses « inutiles » et arbitrage prudent

Sauf que dépense n’est pas forcément synonyme de consommation au sens économiquement vertueux du terme. Et acheter davantage de smartphones ou de chaussures de sport griffées, qui sont autant de produits d’importation, n’a pas non plus d’effet très positif sur la balance économique du pays ni sur sa croissance. Au final, seuls 3% des personnes interrogées ont cherché à compenser la baisse de rentabilité de leurs placements… en investissant davantage, ce qui implique qu’ils disposent de davantage de liquidités à épargner. Et pour cela, pas de mystère, il leur a fallu procéder à des arbitrages au cours desquels les placements dits risqués ont été désertés au profit de ceux qui assuraient une plus grande stabilité. Car dans un monde où la rentabilité disparaît, la seule garantie qui continue à avoir du sens c’est bien celle de la préservation du capital. Exit donc les actions, sicav et autres obligations auxquelles les Français sont de plus en plus ouvertement hostiles depuis 2008, et bonjour les bons vieux livrets, y compris les livrets A.

Même l’immobilier commence à perdre de son attrait, car entre les taxes toujours plus lourdes, les droits de succession revus à la hausse ou encore les locataires de plus en plus souvent en situation précaire, le jeu n’en vaut visiblement plus la chandelle. Restent l’or et l’argent, même si le dernier trimestre 2016 a vu les cours retomber brusquement après leur belle envolée du premier semestre. Les gens sont conscients de la faible rentabilité potentielle des métaux précieux, mais ce n’est justement pas l’objectif premier de ce type de placement. Répondant parfaitement à la préoccupation actuelle de préservation du capital, l’or d’investissement constitue par exemple une valeur refuge indéniable qui n’a jamais manqué de faire ses preuves à moyen et long terme. Et parce que les cours sont justement revenus à des niveaux plus intéressants qu’il y a 6 mois, certains en profitent pour racheter davantage d’or et d’argent qui ne manqueront pas de revaloriser le patrimoine investi à la prochaine remontée des cours.

Enquête sur le colossal lobbying des géants du Web auprès de l’Union européenne

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Évasion fiscale, contournement du droit social, vie privée, situations de monopole… De Google à Uber en passant par Microsoft, Amazon ou Facebook, les géants américains du net se retrouvent souvent sous le feu des critiques en Europe.

Pour désamorcer ces controverses et s’assurer que les législations adoptées ne nuisent pas trop à leurs intérêts, ils ont déployé depuis quelques années une véritable armée de lobbyistes à Bruxelles et dans les capitales européennes, en n’hésitant pas à débaucher anciens élus ou hauts fonctionnaires.

[…]

Le journaliste Alexandre Léchenet, en collaboration avec BiG, a mené l’enquête sur le lobbying de Google, Microsoft, Amazon, Apple, Facebook, Uber et Twitter à Paris et à Bruxelles, auprès des institutions européennes.

Les dépenses annuelles de lobbying de ces sept firmes américaines dans la capitale européenne s’élèvent à 13 millions d’euros.

Lire la suite de l’article sur multinationales.org

Europe et banquiers associés dans la plus grande arnaque de tous les temps

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Perte de souveraineté des Etats : grâce à la complicité de l’Union Européenne, 90% de la monnaie est émise par les banques, sous forme de dettes et emprunts -l’argent scripturaire-, dont les intérêts engraissent comme jamais la finance mondiale. Tout aussi préoccupant, en 2014, la Commission européenne a décidé de limiter la garantie des dépôts bancaires.

Contraints d’emprunter sur le marché privé, les Etats, dépossédés de leur droit régalien de frapper monnaie, appelée la monnaie fiduciaire (pièces et billets), sont emprisonnés dans un système suicidaire, otages des agences de notation, officines au service exclusif des fonds d’investissement et autres fonds de pensions (principalement anglo-saxons), hautement spéculatifs. En favorisant le profit facile et la cupidité des banquiers, l’Europe a ouvert la boîte de Pandore.

Résultat : la croissance de l’économie réelle européenne est en berne, depuis le traité de Lisbonne, en 2007 (merci Messieurs Sarkozy et Fillon qui ont bafoué le référendum du 29 mai 2005), faute, pour les investisseurs et entrepreneurs, de pouvoir de trouver les capitaux suffisants, nécessaires au financement de leur développement.

Autre conséquence : les particuliers se retrouvent, comme les Etats, couverts de dettes, sans savoir que les banques qui leur ont prêté l’argent, n’ont en fait débloqué qu’un montant « virtuel », en quelque sorte une monnaie « fantôme », qui n’est un jeu d’écriture comptable. L’argent des épargnants n’abonde plus les crédits. Ce ne sont pas les dépôts qui font les crédits, mais l’argent scripturaire, créé d’un simple clic sur un clavier d’ordinateur.

Même le FMI préconise le contrôle étatique de la monnaie

En abandonnant leur souveraineté monétaire, les Etats de la zone euro ont transféré leur pouvoir à la Banque Centrale européenne, laquelle est elle-même tenue de respecter l’article 104 du traité de Maastricht, confirmé par l’article 123 du traité de Lisbonne, qui lui interdisent de financer directement les Etats.

Inconscients, ou complices des banquiers, les dirigeants européens n’ont cessé d’accorder des privilèges aux banques, depuis le traité de Maastricht. Résultat : le système financier, au bénéfice d’une poignée de profiteurs, étouffe les sociétés humaines, sans que l’individu lambda ne comprenne grand-chose aux problèmes financiers qui le minent, alors qu’il n’est que la victime d’un système mafieux.

Sortir de ce système infernal, dans lequel 90% de la monnaie est en réalité « fausse », en tout cas, non garantie en valeur, impose que la création monétaire redevienne le monopole des Etats, par le biais de leur Banque Centrale. Avec comme mesure corollaire l’indispensable nationalisation des banques et des établissements financiers. En 2012, même le très libéral FMI préconisait le contrôle étatique de la création monétaire

Baisse des réserves obligatoires et limitation de la garantie des dépôts

Mis en place, en 1999, dans la zone euro, le pourcentage des réserves obligatoires que les banques sont tenues de déposer à la Banque Centrale, a été baissé de 2 à 1% en janvier 2012. Un cadeau colossal fait aux banques par l’U.E., soi-disant, pour leur permettre de dégager des marges. Résultat, la garantie des dépôts des particuliers s’est trouvée amputée.

Au lieu d’exiger des banques de maintenir une garantie intégrale -équivalente à la valeur de l’argent présent en compte- la Commission Européenne a, au contraire, sous couvert de renforcer leur protection, décidé de la limiter, en faisant payer en partie les déposants, en cas de défaillance de leur banque, pour les comptes supérieurs à 100 000 € (1). Une arnaque scandaleuse.

« On ne gouverne pas à la corbeille »

Conscient du danger que représentait la mainmise de la finance sur l’économie réelle, pendant dix ans de présence à l’Elysée, le Général de Gaulle, qui clamait « on ne gouverne pas à la corbeille », a favorisé la croissance par une politique industrielle active (les plans), avec de grands projets monétisés par l’Etat. Une période pendant laquelle la bourse et les spéculateurs ont été au régime sec, tandis que le taux de croissance moyen annuel dépassait les 5%.

Les Suisses veulent retirer aux banques le pouvoir de créer la monnaie

A la suite d’une votation, qui a recueilli plus de 100 000 signatures, les Suisses voteront pour retirer aux banques le pouvoir de créer la monnaie. Au-delà du symbole, une prise de conscience qui devrait éclairer quelques prétendants avisés au trône républicain français, en cette année d’élection présidentielle, à haut risque pour d’autres.

En 1922, Henri Ford déclarait :

« Il est une chance que les gens de la nation ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire, parce que si tel était le cas, je crois qu’il y aurait une révolution avant demain matin. »

Verdi

Lundi 16 janvier 2017

(1) Directive « DGSD2 » adoptée le 16 avril 2014 (2014/49/UE) transposée dans le droit français depuis fin 2015

A lire  : « La dette publique, une affaire rentable », A-J Holbecq et P Derudder, Editions Yves Michel, texte publié en août 2011

Pour une monnaie à l’abri des crises : émission monétaire uniquement par la banque centrale

Loi de 1973 : ne pas tomber dans le panneau du complot

L’Europe et l’évasion fiscale des multinationales

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L’Europe ne devrait plus tolérer l’existence d’entités opaques ou anonymes, par lesquelles transitent des flux financiers considérables sans rapport avec des échanges économiques réels. Trusts, fiducies, sociétes- crans, ces entités n’ont d’autre but que d’empêcher l’identification de leurs ayants droit.

Et la réalité institutionnelle est toute autre. Jean- Claude Juncker a été coopté président de la Commission Européenne en juillet 2014, après avoir été premier ministre entre 1995 et 2013 du paradis fiscal qu’est devenu le Luxembourg.

Le cadre juridique 

Il aura fallu attendre l’année 2013 pour que le projet mené par l’OCDE et les pays membres du G20 à l’encontre des pratiques des multinationales visant à utiliser les paradis fiscaux pour échapper à l’impôt, soit relayé par la Commission européenne.
En 2014, l’enquète Luxleaks nous apprenait que les Grandes Entreprises Internationales ne payaient pratiquement pas d’impôts en Europe, au travers d’accords passés avec le Luxembourg.
En 2016, les révélations sur les Panama Papers ont dévoilé les activités dissimulées de personnes aisées dans le monde entier au travers de sociétés offshores domiciliées dans 21 paradis fiscaux.
D’où la nécessité d’aller vers plus de transparence fiscale entre les Etats membres de l’UE.
C’est ainsi qu’en Avril 2016, la Commission a proposé une directive visant à une obligation de transparence s’appliquant à l’ensemble des multinationales dans tous les pays où elles exercent des activités.
En Octobre 2016, la Commission a élaboré une nouvelle proposition autour de la mise en place d’une assiette commune consolidée pour l’impôt sur les sociétés ( ACCIS), le projet étant coordonné par Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques et à la fiscalité qui permettrait de faire un grand pas en avant, si l’on parvenait à éviter la création de nouveaux mécanismes dont les entreprises se servent pour échapper au fisc, sous la forme de déductions fiscales massives.

D’après les estimations du service de recherche du Parlement européen en 2016, l ‘évasion fiscale des grandes entreprise en Europe représente chaque année aux États membres un manque à gagner entre 50 et 70 Milliards d’euros de recettes.
Soulignons aussi que, face à la concurrence fiscale déloyale et débridée que se livrent les États, les GAFA ( Google, Apple, Facebook et Amazon ) géants de l’économie numérique, échappent presque entièrement au fisc, de par leur talent à tirer parti des disparités légales dans l’Union.
Cinq millions d’euros est la modeste somme que Google a versé en 2015 au Trésor public français au titre de l’impôt sur ses bénéfices.

Quelques pratiques des multinationales dans l’espace européen

L’Irlande avait accordé à Apple des aides d’ État considérées illégales, lui permettant de ne payer que 0,005% d’impôts dans ce pays. La Commission a demandé à la firme à la pomme en 2016 de rembourser 13 milliard d’Euros à l’Irlande, décision aussitôt contestée au cours du mois de décembre sous prétexte de la violation de la souveraineté du pays.
Le Luxembourg aurait aussi conclu des accords secrets avec Engie, Fiat et Amazon ;
La dernière enquête effectuée par la Commission concerne le géant de l’énergie ENGIE dont l’État français est le principal actionnaire en détenant 32,76% du capital.
Le montage dénoncé concerne des transactions entre plusieurs sociétés de droit luxembourgeois du Groupe, lui permettant d’éviter de payer 300 millions d’Euros d’impôts au Luxembourg , lorsqu’il était encore GDF SUEZ.
Mc Donald’s va transférer sa holding d’optimisation fiscale du Luxembourg vers le Royaume Uni au cours de ce mois de Janvier. Actuellement fixé à 20%, le taux d’IS au RU va être fixé à 17% d’ici l’année 2020, ce qui en fera le taux le plus faible de l’ensemble des pays du G20 .
Selon un récent rapport, le Groupe Inditex qui recouvre l’enseigne Zara aurait évité de payer 585 millions d’Euros en élaborant des montages fiscaux entre les Pays-Bas, l’Irlande, la Suisse et le Luxembourg.

Comment se diriger vers plus de transparence pour rétablir l’égalité devant l’impôt

L’UE a adopté en Janvier 2016 le “paquet “sur la lutte contre l’évasion fiscale permettant de mettre en place une convergence des systèmes fiscaux des 28 pays :
Un « reporting public pays par pays »obligeant les multinationales réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 750 millions d’Euros de publier les données relatives aux impôts dans les pays où elles exercent leurs activités tout en renforçant les pouvoirs de contrôle des administrations fiscales sur les opérations internes aux groupes. Ces dispositions s’appliquent déjà depuis le mois de Juillet 2014 aux banques internationales, mais ont été censurées en france par le Conseil Constitutionnel au cours du mois de décembre dernier.
Une assiette commune consolidée de l’impôt sur les sociétés ( ACCIS).
Une harmonisation des règles du droit pénal de l’évasion fiscale.
Une liste noire des paradis fiscaux à partir d’indicateurs plus stricts que ceux retenus par l’OCDE, en y intégrant les territoires européens ,et prendre des mesures de rétorsion à leur encontre.

Car, rappelons le, chaque année la fraude et l’évasion fiscale, coûtent, d’après un rapport parlementaire publié en 2015 environ 1000 milliards d’Euros, dont 60 à 80 Milliards pour la France.
Face à ce projet ambitieux, l’actuel président de la Communauté, Jean-Claude Juncker est-il le mieux placé pour mener le chantier de la nécessaire convergence fiscale ?
D’autant plus qu’il existe depuis l’année 1998 un groupe «  Code de conduite fiscalité des entreprises », chargé de mettre un terme à la concurrence fiscale dommageable entre les pays de l’UE ( Source Conseil européen ), à caractère consultatif.

On se heurte ici à la complexité du fonctionnement des institutions de l’UE qui fait poser de sérieux doutes sur l’aboutissement de telles mesures. Le Parlement européen, dès le mois de septembre 2011 avait demandé à la Commission de “ faire de la lutte contre les sociétés-écrans anonymes dans les juridictions opaques une priorité de la prochaine réforme de la directive sur le blanchiment des capitaux.”

Est-il raisonnable de donner le même poids dans l’union à des pays dont le business model est d’être des paradis fiscaux ( Luxembourg, Chypre, Irlande) face à la France, l’Allemagne , l’Italie et l’Espagne qui regroupent 77% du PIB de la zone, pour mener à terme ce type de projet essentiel ? On observe que les blocages institutionnels sont liés à un processus de décision incompatible avec la gestion d’un ensemble de 28 pays très disparates, regroupant 510,1 Millions d’habitants. D’autre part les règles de l’union demandent l’unanimité des 28 États membres avant qu’une décision finale ne soit adoptée en matière de fiscalité.

« L’effondrement de la grande distribution est en marche !! » L’édito de Charles SANNAT

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

C’est une immense mutation qui touche actuellement la grande distribution à travers le monde, en commençant évidemment par les États-Unis qui sont le pays le plus touché par ce phénomène, tout en sachant qu’il en sera de même pour l’ensemble des pays de la planète dont la France.

Que se passe-t-il exactement ?

Partout aux USA, les grandes chaînes traditionnelles de magasin ferment les unes après les autres, ou réduisent considérablement la voilure en fermant de très nombreux points de vente.

Les centres commerciaux eux-mêmes ferment leurs portes car leurs taux d’occupation deviennent trop faibles.

Même un géant comme Walmart vacille et s’apprête à tomber. Seul sa taille lui permet encore de survivre, car plus on est gros, plus on met de temps à maigrir.

Pourquoi donc ce mouvement ?

Vous avez sans doute vu passer mon article rapide la semaine dernière sur Amazon qui vient d’annoncer le recrutement de 100 000 personnes (vous avez bien lu, 100 000) dans les prochains 18 mois.

C’est un tsunami qui est en train de déferler sur les centres commerciaux et la grande distribution traditionnelle qui n’a tout simplement pas vu arriver la vague gigantesque du commerce en ligne, de sa praticité pour les consommateurs, et de sa rentabilité pour une entreprise comme Amazon.

Si les hypermarchés ont réduit considérablement le petit commerce de centre-ville, c’est au tour de la grande distribution de se faire réduire considérablement par les géants du net.

D’ailleurs, si nous prenons le cas de la France, les « drive » qui poussent comme des champignons ne sont pas non plus sans poser des problèmes considérables de rendement aux grandes surfaces. Certes le « drive » est plus que pratique, et ne plus perdre sa vie à la passer dans des allées lugubres de supermarché est un indéniable progrès pour l’humanité, mais pour les ventes des supermarchés, c’est une catastrophe ! Vous ne passez plus devant les têtes de gondoles, on ne peut plus vous faire acheter des tonnes de serviettes blanches chinoises parce que cette semaine c’est la « semaine du blanc et du linge de maison ». C’est donc une perte sèche de ventes additionnelles, hors l’équilibre financier de ces énormes structures est infiniment plus précaire que ce que l’on pourrait croire.

Sous vos yeux, les temples de la consommation et les géants d’hier s’effondrent à une vitesse remarquable. Ils sont incapables de s’adapter.

Internet n’est pas le seul phénomène en cours. Les gens souhaitent aussi consommer autrement, privilégier dans certains cas les circuits courts, voire même penser leur consommation comme un acte citoyen et de rejet de cette consommation de masse.

Il y a aussi bien évidemment les conséquences de la crise économique, la paupérisation générale et l’obligation de devenir plus économes de façon contrainte et forcée pour beaucoup, mais objectivement, ce qui touche la grande distribution aujourd’hui, ce n’est pas tant une crise économique… qu’une immense mutation de ce secteur, pour ne pas dire sa disparition.

Ne vous leurrez pas. Si Amazon recrute 100 000 personnes (rien qu’aux USA) dans les 18 prochains mois, c’est que l’on peut raisonnablement penser que cette phase d’expansion du leader mondial du e-commerce va s’accompagner de la destruction de 200 000 emplois dans le même temps chez les acteurs historiques de la grande distribution.

Pour gagner de l’argent, Amazon ne remplacera jamais les emplois détruits sur la base de 1 pour 1 mais de 1 pour deux, voire de 1 pour 30 quand on peut utiliser des drones, des robots et autres automates pour préparer ou expédier les commandes.

À terme d’ailleurs, Amazon, techniquement, devrait pouvoir livrer le monde entier sans une seule intervention humaine, des robots livrant des entrepôts, des automates préparant vos commandes, et des drones livrant votre marchandise directement dans votre salon… Pour le moment, ce n’est que de la théorie, mais ce n’est déjà plus de la science-fiction.

Des conséquences énormes !

Les conséquences de cette mutation sont énormes, et je ne vais en citer que quelques-unes, juste pour illustrer l’ampleur de ce phénomène.

Quelle sera la valeur d’une foncière qui investit dans les centres commerciaux ? Parce que nombreux sont les épargnants à se diversifier vers de tels placements, et ce n’est pas franchement une bonne idée à moyen terme.

Quels seront les prix ou les conditions pratiquées par Amazon lorsque cette entreprise aura tuée toute concurrence à l’échelle entière de la planète ?

Vous vous rendez compte que les fournisseurs sont déjà pressurés par la grande distribution actuelle qui est infiniment plus morcelée au niveau mondial que le e-commerce essentiellement aux mains d’un seul et unique distributeur… Amazon.

La fiscalité, elle aussi, est une question épineuse. Simple en réalité mais très complexe à mettre en œuvre, car elle va contraindre notre pays à affronter un géant commercial capable de mesures de rétorsions évidentes (Amazon) et que son pays d’origine, à savoir les États-Unis d’Amérique, bien que fort sympathique ne brille pas ces dernières années par sa douceur dans les relations internationales.

Notre indépendance ne sera donc le fruit que d’une grande dose de courage et de conviction qui, disons-le, font cruellement défaut à l’ensemble de notre classe politique.

Enfin, et pour ne citer plus que ce problème, les conséquences sur le niveau d’emploi sont colossales. Globalement, le secteur de la grande distribution c’est 200 milliards d’euros et 750 000 personnes ! Un entrepôt Amazon, c’est 2 000 personnes aux périodes de pointe !

Je ne pleurerai donc pas sur un secteur qui a fait un mal terrible à notre économie, à notre manière de vivre et aussi aux liens sociaux.

Néanmoins, ce qui s’en vient risque d’être non pas un progrès (si ce n’est en praticité), mais un pas de géant vers encore plus de déshumanisation des relations commerciales.

Si aucun grand de la distribution ne peut résister à Amazon, imaginez alors ceux qui avaient survécu des petits commerces de centres-villes, qui eux aussi commencent à être balayés et qui en dehors des commerces de bouche ou de ceux nécessitant un fort service n’y survivront pas.

L’analyse économique fondamentale indique donc qu’il ne faut pas investir dans les foncières des centres commerciaux, ni dans les murs de boutiques de centre-ville et encore moins… de racheter un fonds de commerce appelé à perdre de la valeur dans les années qui viennent quels que soient les efforts du commerçant.

Il est déjà trop tard. Préparez-vous !

Charles SANNAT

8 milliardaires détiennent autant de richesses que 50% de la population mondiale

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Dans le monde, les riches sont toujours plus fortunés, et les pauvres sont chaque jour de plus en plus nombreux.

Les écarts de richesses atteignent des niveaux jamais vus: aujourd’hui sur la planète, huit personnes seulement détiennent autant que 3,5 milliards d’individus, soit 50% de la population mondiale, selon le rapport de l’ONG Oxfam.

Les grandes fortunes, un club fermé quasi exclusivement masculin. En tête du palmarès, l’Américain Bill Gates, suivi de l’Espagnol Ortega Gaona, fondateur de la marque Zara, et de l’investisseur américain Warren Buffet. La France n’échappe pas aux inégalités de patrimoine : 21 milliardaires possèdent autant que 40% des Français les plus pauvres. Sur le podium figurent Liliane Bettencourt, héritière du groupe L’Oreal. Mais aussi Bernard Arnault, propriétaire de LVMH, et l’industriel Serge Dassault.

La BCE a acheté pour 24,7 milliards d’euros d’actifs en une semaine, un record !

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La Banque centrale européenne a acheté pour 24,7 milliards d’euros de dettes la semaine passée, un record, profitant d’une offre abondante de titres bancaires pour poursuivre son programme de soutien à l’économie.

Le montant de la semaine dernière est le plus élevé depuis que la BCE a lancé en 2014 son programme dit d’assouplissement quantitatif (QE, quantitative easing) destiné à réduire les coûts de financement et à relancer ainsi l’inflation et la croissance dans la zone euro.

Le bond des achats, qui compense une activité plus faible de la BCE sur le marché en décembre, a été notamment rendu possible par une offre abondante, comme souvent en début d’année, de titres sécurisés, émis par les banques et adossés à des créances hypothécaires ou des créances des collectivités locales.

« Il y a une raison très simple : il y a enfin assez d’obligations sur le marché pour que la BCE se serve », note Günther Scheppler, spécialiste des produits titrisés chez DZ Bank.

Quelque 13 milliards d’euros d’obligations d’entreprise ont été émis la semaine dernière contre à peine 500 millions lors de la dernière semaine de 2016, selon les données d’IFR, un service d’information de Reuters sur le marché obligataire.

Le programme d’achat de dette sécurisée, lancé en octobre 2014, représentait la première salve du QE de la BCE. Vite insuffisant, il a été complété par des achats d’obligations souveraines, qui constituent maintenant le gros des 80 milliards d’euros de rachats mensuels de la BCE, et plus récemment par des obligations d’entreprise.

Les achats d’obligations sécurisées avaient tendance à diminuer ces derniers mois, la BCE détenant déjà une part non négligeable de ce segment du marché et les banques étant lestées en cash.

« A mon avis c’est un événement ponctuel », estime Frederik Ducrozet, économiste chez Pictet Wealth Management. « Je m’attends à ce que la tendance baissière continue. »

L’économie mondiale est en feu – Les banques centrales ne savent pas comment éteindre l’incendie

L’ancien chef d’UBS critique le pouvoir des banques centrales: « Elles possèdent une arme de destruction massive »

Source: boursorama

Les documents secrets du FMI sur la Grèce, par CADTM

Source : Le blog Mediapart, 13-01-2017

Nous mettons à la disposition du public francophone des documents tenus secrets par le FMI. Il s’agit de documents authentiques qui ont été mis à la disposition de la Commission pour la vérité sur la dette publique grecque par Zoe Konstantopoulou, présidente du Parlement grec du 6 février au 3 octobre 2015. Le contenu de ces 2 documents qui datent de mars et de mai 2010 est accablant pour le FMI.

Le compte-rendu officiel de la réunion du 9 mai 2010 au cours de laquelle la direction du FMI approuvé un crédit de 30 milliards € à la Grèce montre très clairement qu’un nombre élevé de membres de la direction ont exprimé de très fortes critiques à l’égard du programme que l’institution s’apprêtait à mettre en œuvre. Certains d’entre eux ont dénoncé le fait que le programme visait à sauver les banques privées européennes qui étaient créancières de la dette publique et privée grecque, principalement quelques grandes banques françaises et allemandes. Plusieurs d’entre eux ont dénoncé une politique qui reproduisait ce qui avait conduit à la crise argentine de 2001 et à la crise asiatique de 1996-1997 (voir encadré avec la citation du directeur exécutif argentin). Plusieurs dirigeants ont dénoncé le fait que le noyau dirigeant du FMI avait modifié à l’insu des autres membres du conseil d’administration une des règles fondamentales qui conditionnent les crédits alloués par le FMI à ses membres. En effet, pour qu’un crédit puisse être octroyé par le FMI, il faut démontrer que ce crédit et le programme qui l’accompagne rendront soutenable le remboursement de la dette. Vu que cette condition ne pouvait pas être satisfaite dans le cas de la Grèce étant donné que la direction du FMI et les autorités européennes refusaient de réduire la dette grecque et d’y faire participer les banques privées, la condition mentionnée plus haut a été supprimée en catimini. Elle a été remplacée par un nouveau critère : la nécessité d’éviter un risque élevé de déstabilisation financière systémique internationale.

La direction du FMI a justifié par l’urgence ce changement de critère non respectueux des règles de fonctionnement. Afin de convaincre ceux des dirigeants du FMI qui émettaient de très fortes réserves, les dirigeants français, allemand et hollandais ont menti en assurant que les banques de leur pays ne se débarrasseraient pas des titres grecs. Selon eux, les banques françaises, allemandes et hollandaises allaient conserver les titres grecs en leur possession afin de permettre la réussite du programme qui allait commencer. Or il est prouvé que les banques françaises, allemandes et hollandaises ont vendu massivement les titres qu’elles détenaient sur le marché secondaire en provoquant une aggravation de la crise grecque et en reportant sur le dos des contribuables européens, et en premier lieu sur le peuple de la Grèce, les risques qu’elles avaient pris et la crise qu’elles avaient très largement contribué à provoquer. Toujours pour lever les réticences de certains membres de la direction du FMI, les responsables du FMI en charge des relations avec la Grèce ont affirmé que des mesures sociales seraient prises pour éviter que les bas salaires et les petits retraités soient touchés par les mesures d’austérité. Ils ont menti. Pour emporter également l’accord des membres de la direction du FMI, ils ont affirmé que les banques grecques étaient saines et que leurs problèmes provenaient uniquement des risques que faisaient porter sur elles le poids d’une dette publique trop importante et d’un déficit public abyssal. C’était faux : les banques grecques se trouvaient dans un état désastreux. Toujours pour convaincre ceux des dirigeants qui doutaient, on leur a déclaré que le plan serait soumis pour approbation au Parlement grec. Or, en réalité, le programme a été imposé à la hussarde au parlement, sans possibilité d’amendement et en bafouant la constitution grecque, comme l’ont dénoncé à l’époque de nombreux juristes.

Pour convaincre les membres de la direction du FMI qui souhaitaient qu’on demande aux banques de participer « collectivement » à l’effort en acceptant une réduction de leurs créances, les responsables du dossier grec ont affirmé que les autorités grecques ne voulaient pas d’une réduction de la dette publique. Et le représentant grec, Panagiotis Rouméliotis, a confirmé cette version des faits. Plus tard, ce même représentant a affirmé que c’est sous la pression du président de la Banque centrale européenne (BCE) que la Grèce a déclaré qu’elle ne souhaitait pas une réduction de sa dette. Selon le représentant de la Grèce au FMI, Jean-Claude Trichet aurait menacé la Grèce de couper l’accès des banques grecques aux liquidités de la BCE. Il est certain que Jean-Claude Trichet a utilisé cette menace dans les mois au cours desquels le mémorandum a été négocié. Il est également avéré qu’il a utilisé la même menace à l’égard de l’Irlande quelques mois plus tard lors de la mise au point du mémorandum concernant ce pays. Il est également certain que les banquiers grecs, tout comme les banquiers français, allemands ou hollandais ne voulaient pas entendre parler d’une réduction de la dette grecque car ils n’acceptaient pas d’être mis à contribution pour assurer leur propre sauvetage. Les banquiers ont obtenu deux ans de répit afin de pouvoir se dégager et obtenir des compensations importantes.

Le FMI affirme très clairement que, vu l’appartenance de la Grèce à la zone euro, il lui est impossible de retrouver de la compétitivité en dévaluant sa monnaie. Du coup, le FMI considère qu’il faut dévaluer les salaires et les allocations sociales : c’est ce qu’on appelle la dévaluation interne. Elle fait des ravages en Grèce et dans d’autres pays périphériques au sein de la zone euro. Le contenu de ces documents secrets conforte le jugement porté par la Commission pour la vérité sur la dette : les dettes réclamées par le FMI à la Grèce sont illégitimes, illégales, odieuses et insoutenables (voir le chapitre 8 du rapport de la commission)

En premier lieu, nous proposons à la lecture le compte-rendu de la réunion du conseil d’administration du FMI du 9 mai 2010 car il met en évidence les divergences internes et n’est pas rédigé dans la langue de bois habituelle du FMI. Ce compte-rendu officiel sort tout à fait de l’ordinaire. Il est certain qu’il n’a pas été apprécié par les principaux dirigeants de cette institution despotique et mortifère. À vous de lire et de vous faire une opinion.


10 mai 2010

STRICTEMENT CONFIDENTIEL

Sujet : Réunion du Conseil d’administration à propos de la demande d’un Accord de confirmation (Stand-By Arrangement, SBA) pour la Grèce – 9 mai 2010

Le Conseil d’administration a adopté à l’unanimité la demande formulée par la Grèce afin d’obtenir un Stand-By Arrangement (SBA) sur trois ans pour un total de 30 milliards d’euros (26,4 milliards DTS), soit 32 fois le quota grec, le plus important programme adopté par le Fonds à ce jour. Les partenaires de la zone euro participeront à une aide financière bilatérale à hauteur de 80 milliards d’euros. Le montant total de 110 milliards d’euros couvrira le manque attendu de financements publics durant la période d’application du programme. Pour chaque paiement qui aura lieu durant la période d’application du programme, la Grèce s’est engagée à utiliser les ressources du FMI et de la Commission européenne (CE) dans un ratio constant de 3 pour 8.

Les principaux objectifs du programme sont : (i) de réduire le déficit budgétaire en-dessous de 3 % du PIB d’ici à 2014, le ratio dette/PIB devant commencer à se stabiliser à partir de 2013, puis décliner progressivement ; (ii) de sauvegarder la stabilité du système financier à travers l’établissement d’un Fonds de stabilité financière (FSF) entièrement indépendant qui soutiendra les banques si nécessaire |2| ; et (iii) de restaurer la compétitivité de l’économie grecque à travers des réformes structurelles complètes.

En plus des mesures budgétaires déjà adoptées par les autorités au début de l’année 2010 (totalisant 5 % du PIB), le programme envisage un ajustement budgétaire de départ de 11 % du PIB entre 2010 et 2013. Toutes les mesures ont été identifiées, les principales étant : (i) une augmentation des recettes fiscales à hauteur de 4% du PIB, principalement par une TVA plus élevée ; (ii) une réduction significative des dépenses à hauteur de 5,2 % du PIB, principalement à travers l’abolition des 13e et 14e mois de salaire pour les fonctionnaires ainsi que des 13e et 14e mois de pension, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, à l’exception de ceux qui ont de bas salaires ou de basses pensions ; et (iii) des mesures budgétaires structurelles à hauteur de 1,8 % du PIB.

Tout en soutenant le programme, plusieurs directeurs exécutifs non-européens ont soulevé de nombreuses critiques.
1. Une demande d’aide du Fonds arrivée trop tard

Selon certains directeurs exécutifs (Australie, Canada, Chine, Russie, Suisse), le caractère tardif de la demande d’aide révélait des défauts dans l’architecture de la zone euro, y compris dans sa stratégie de communication (portant plutôt à confusion), qui semblait « parcellaire » selon le directeur étatsunien. Le directeur exécutif allemand a clarifié le fait qu’en l’absence d’une disposition appropriée dans le Traité de Maastricht, l’Union européenne avait dû rapidement concevoir un mécanisme d’assistance financière, désormais entièrement opérationnel. Il a été largement remarqué que six directeurs exécutifs européens (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Pays-Bas et Danemark) avaient publié un communiqué commun soutenant l’accord du SBA à la Grèce.
2. Des hypothèses de croissance optimistes

Les directeurs exécutifs chinois et suisse ont mis l’accent sur le fait que la croissance déterminerait à terme la capacité de la Grèce à se débarrasser du fardeau de sa dette. Un seul écart au scénario de référence du programme suffirait à faire dérailler l’objectif de consolidation budgétaire, mettant en danger la soutenabilité de la dette. Le staff du FMI a répondu en mentionnant qu’il pouvait à l’inverse y avoir des risques à la hausse, en raison des incertitudes sur l’ampleur de l’économie informelle.
3. Risques liés au programme

En raison de l’ajustement budgétaire à deux chiffres face auquel se retrouve la Grèce, certains directeurs exécutifs (Argentine, Australie, Canada, Brésil et Russie) ont souligné les risques « immenses » que comporte le programme (ainsi que le risque de réputation qui s’en suivrait pour le Fonds). Certains ont comparé la situation grecque à celle de l’Argentine avant la crise de la fin 2001.

1er commentaire réalisé par le CADTM et inséré dans le texte du FMI afin de le rendre plus compréhensible.

Pablo Pereira, le représentant argentin, critique sans ambages l’orientation passée et présente du FMI : « Les dures leçons de nos propres crises passées sont difficiles à oublier. En 2001, des politiques similaires ont été proposées par le Fonds en Argentine. Ses conséquences catastrophiques sont bien connues (…) Il y a une réalité qui ne fait aucun doute et qui ne peut être contestée : une dette qui ne peut pas être payée ne sera pas payée sans une croissance soutenue (…) Nous savons trop bien quelles sont les effets des « réformes structurelles » ou des politiques d’ajustement qui finissent par déprimer la demande globale et, par conséquent, les perspectives de reprise économique (…) Il est très probable que la Grèce finisse plus mal en point après la mise en œuvre de ce programme. Les mesures d’ajustement recommandées par le Fonds vont réduire le bien-être de sa population et la capacité réelle de remboursement de la Grèce ». |3|

D’un autre côté, le directeur exécutif russe a fait remarquer que, par le passé, d’autres programmes du Fonds (par exemple au Brésil et en Turquie) que l’on estimait particulièrement risqués se sont finalement révélés être des succès.
Le staff du FMI a lui-même reconnu les risques exceptionnellement élevés du programme, notamment dans leur évaluation de la soutenabilité de la dette à propos de laquelle ils déclarent : « dans l’ensemble, le staff considère que la dette est soutenable sur le moyen terme, mais des incertitudes de taille sur ce sujet rendent difficile toute affirmation catégorique qui dirait qu’il y a une forte probabilité que la dette soit soutenable ».

Le staff du FMI a souligné que la crédibilité du programme repose en partie sur le fait qu’il permet à la Grèce de ne pas devoir retourner sur les marchés financiers avant longtemps (un à deux ans). La mise en place effective du programme conduirait à des excédents budgétaires considérables dont on estime qu’ils rassureront les marchés malgré le niveau élevé de la dette publique.

Le staff du FMI admet que le programme ne fonctionnera pas sans la mise en œuvre de réformes structurelles. À cet égard, les autorités auront pour plus grand défi de vaincre l’opposition féroce des intérêts particuliers. Le directeur exécutif australien a mis l’accent sur le fait qu’il existe un risque à répéter les erreurs commises durant la crise asiatique, en ce qui concerne le fait d’imposer trop de conditionnalité structurelle. Alors que la conditionnalité structurelle du Fonds est vitale au niveau « macro », celle imposée par la Commission européenne ressemble à une « liste de courses » (« shopping list ») – un inventaire à la Prévert ou un catalogue des Trois Suisses.

Le staff du FMI reconnait que le programme mettra certainement la société grecque au défi. Le staff du FMI a rencontré les principaux partis d’oppositions, organisations non-gouvernementales et syndicats. Selon le staff du FMI, la « chose frappante » est que le secteur privé soutient entièrement le programme, vu comme l’instrument qui permettra de mettre fin à de nombreux privilèges du secteur public.

Extrait du document - page 3 - version annotée

Extrait du document – page 3 – version annotée

Extrait du document – page 3 – version annotée
4. Restructuration de la dette.

Plusieurs directeurs exécutifs (Argentine, Brésil, Inde, Russie et Suisse) ont regretté l’absence d’un volet dans le programme : celui-ci devrait avoir inclus la restructuration de la dette et la « participation du secteur privé » (Private Sector Involvement, PSI), afin d’éviter, selon le directeur brésilien, « un bail-out des détenteurs privés de la dette grecque, principalement des institutions financières européennes ». Le directeur argentin a largement critiqué le programme en ce que celui-ci semble répéter les erreurs (c’est-à-dire un resserrement budgétaire insoutenable) qui ont préparé la crise argentine de 2001. À la surprise des autres directeurs exécutifs européens, le directeur suisse a répété énergiquement les inquiétudes mentionnées ci-dessus en ce qui concerne l’absence d’une mesure de restructuration de la dette dans le programme, et a pointé du doigt la nécessité de reprendre les discussions concernant un mécanisme de restructuration des dettes souveraines.

Le staff du FMI a fait remarquer que la restructuration de la dette avait été écartée par les autorités grecques elles-mêmes. Bien qu’il y ait eu des discussions sur le PSI, il était impossible de reproduire l’expérience de la Bank Coordination (« Vienna ») Initiative, en raison de la dispersion des titres publics grecs entre un nombre indéfini de porteurs. En outre, M. Lipsky a souligné le fait que 90% de ces titres ne comportent pas de clause d’action collective, ce qui rendrait une restructuration encore plus difficile.

Les directeurs exécutifs néerlandais, français et allemand ont fait part au conseil d’administration des engagements de leurs banques commerciales destinés à soutenir la Grèce et plus largement à maintenir leur exposition.

2e commentaire réalisé par le CADTM et inséré dans le texte du FMI afin de le rendre plus compréhensible :

Une socialisation des pertes des banques privées et une thérapie de choc qui rappelle ce qui s’est passé en Amérique latine et en Asie

Voici un extrait de la déclaration du directeur exécutif brésilien concernant l’absence de processus de restructuration dans le programme :
« En l’état, le programme risque de remplacer un financement privé par un financement public. Pour le dire en des mots plus forts, il pourrait être vu non pas comme un plan de sauvetage de la Grèce, qui aurait à subir un violent ajustement, mais comme un bail-out des détenteurs privés de la dette grecque, principalement des institutions financières européennes. »

Le directeur exécutif argentin a quant à lui déclaré :
« Dans la mesure où nous traversons encore une crise systémique mondiale, la stratégie de resserrement budgétaire et d’isolation du pays en le blâmant pour son indiscipline budgétaire passée ou son manque de compétitivité, sera très probablement un échec. […] Un partage intelligent et équitable du fardeau que représentent les coûts de la crise aurait été souhaitable pour la réputation du Fonds (en l’état, il risque d’être accusé de simplement faire gagner du temps, ou de garantir aux banques qu’elles seront entièrement remboursées dans l’année qui arrive, avant que l’inévitable se produise), et cela aurait été encore plus souhaitable pour la population grecque et pour les prévisions de croissance du pays. »

Le directeur allemand a ensuite répondu la chose suivante :
« Je peux informer les directeurs exécutifs que les banques allemandes envisagent de soutenir la Grèce, mais je dois également souligner que cela se fera notamment, ou uniquement, sur une base volontaire. Il ne s’agit pas d’une restructuration de dette, il s’agit d’actions volontaires. Je n’ai pas d’information définitive pour le moment, mais je sais que ces banques veulent maintenir une certaine exposition aux banques grecques, ce qui signifie qu’elles ne vendront pas de titres grecs et qu’elles maintiendront leurs lignes de crédit à la Grèce. »

Le directeur français a fait une déclaration dans le même sens :
« Plus tôt cette semaine, une réunion s’est tenue entre nos principales banques et ma ministre, Mme Lagarde |4|. J’aimerais souligner ce qui a été publié à l’issue de cette réunion, à savoir un communiqué dans lequel ces banques françaises s’engagent à maintenir leur exposition en Grèce pendant toute la durée du programme […]. Il est donc clair que les banques françaises, qui figurent parmi les banques les plus exposées en Grèce, vont faire leur travail. »

Enfin, le directeur néerlandais a déclaré :
« Les banques néerlandaises, après avoir consulté notre ministre des Finances, ont annoncé publiquement qu’elles joueraient leur rôle et soutiendraient le gouvernement grec et les banques grecques.  » |5|

En réalité, comme le suspectaient plusieurs directeurs exécutifs du FMI, et comme l’a montré le rapport de la Commission pour la vérité sur la dette grecque, la finalité réelle de l’accord était de donner le temps aux banques des pays les plus forts de la zone euro de se débarrasser des titres grecs.

Le graphique ci-dessous montre très bien que les banques françaises, allemandes, hollandaises, belges, autrichiennes, italiennes, … se sont délestées des titres grecs au cours des années 2010 et 2011.

Exposition des banques étrangères en Grèce (en Mds d’euros)

Source : BRI, Consolidated Ultimate Risk Basis.

Source : BRI, Consolidated Ultimate Risk Basis.

Nous montrerons dans un autre article que c’est la BCE qui les a aidées directement à se débarrasser des titres grecs en les protégeant contre les pertes qu’elles auraient dû affronter.

Le refus des créanciers d’accepter une décote sur leurs titres grecs eut pour conséquence un accroissement de la dette souveraine grecque qui passa de 299 à 355 Mds d’euros entre la fin de l’année 2009 et la fin de l’année 2011, ce qui représente une augmentation de 18,78 %. Au cours des années 2010-2013, une récession sans précédent fut provoquée par les politiques dictées par le Fmi et le reste de la Troïka. Aucun des pronostics du FMI concernant l’amélioration des finances de la Grèce ne s’est concrétisé. Les résultats du mémorandum de 2010 constituent un démenti complet aux prévisions optimistes du FMI.

5. Modalités des évaluations communes FMI/CE/BCE du programme.

Certains directeurs exécutifs (Chine, Égypte et Suisse) ont souligné le risque que des évaluations communes révèlent des différences de jugement entre les trois institutions impliquées (FMI/CE/BCE). Le staff du FMI a spécifié que des représentants de ces trois institutions seraient « assis à la même table au même moment ». Le Fonds est une institution indépendante et mènera les évaluations en conséquence. En principe, si la CE n’acceptait pas de verser sa part de financement en raison de conditionnalités non respectées par les autorités grecques, le Fonds pourrait bloquer sa part de financement en raison d’un manque d’assurances financières. Mais cela ne semble être qu’une possibilité théorique. En réalité, le chef de mission en Grèce (M. Thomsen) a insisté sur le fait que « la coopération a bien débuté », puisque lors des discussions à Athènes, la BCE a entrepris de s’occuper des problèmes du secteur financier, la Commission européenne des problèmes structurels, et le Fonds des problèmes budgétaires. La coopération est une force du programme, et s’exerce dans un système d’équilibre des pouvoirs.
6. Le statut de « créancier privilégié » du FMI.

Le directeur exécutif étatsunien (soutenu par le Brésil et la Suisse) a souligné qu’en raison du statut de créancier privilégié du FMI, le prêt de ce dernier serait considéré supérieur aux prêts bilatéraux de pays membres de l’UE sous supervision de la Commission européenne. Le staff du FMI a confirmé cette supériorité en raison de la nature de bien public que revêt le financement du Fonds, supériorité qui ne va pas à l’encontre des règles du Club de Paris.
7. Critère n°2 pour un accès exceptionnel aux ressources du Fonds.

Le directeur exécutif suisse (soutenu par l’Australie, le Brésil, l’Iran) a fait remarquer que le staff du FMI avait « silencieusement » modifié les documents officiels (c’est-à-dire sans autorisation préalable du conseil d’administration) afin d’en changer le critère n°2 pour l’accès exceptionnel aux ressources du Fonds, en étendant cet accès aux cas dans lesquels il existe un risque élevé de déstabilisation financière systémique internationale (« a high risk of international systemic spillover effects »). Le directeur du département juridique (The General Counsel) a clarifié le fait que cette décision était justifiée par la nécessité d’agir de manière expéditive, en se basant sur l’hypothèse que le conseil d’administration donnerait son approbation lors du compte-rendu suivant. Ce changement dans la politique d’accès aux ressources était nécessaire car la Grèce ne pouvait pas représenter une exception, en raison du fait que les politiques du Fonds doivent être applicables uniformément à tous les Etats membres.

Contributeur : F. Spadafora

Fin du compte-rendu officiel réalisé par le FMI.

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Deuxième document du FMI, il date du 25 mars 2010 Fonds Monétaire International (FMI)

SECRET

Grèce – Questions clés
[25 mars 2010]
La Grèce a besoin d’un programme d’ajustement sur plusieurs années incluant un large filet de sécurité financier. Elle a besoin de plus de temps que ce qui lui est actuellement imparti en vertu du pacte de stabilité et de croissance (PSC) afin d’ajuster son équilibre budgétaire, de contrôler sa dette et de mettre en œuvre les réformes structurelles permettant de restaurer sa compétitivité. Durant cette période de transition, les besoins de financement seront importants, l’économie sera très sensible aux chocs négatifs, et la tension sera élevée pour l’ensemble de la société également. Les marchés des capitaux ont besoin de signaux d’assurance forts pour permettre à ces efforts de s’inscrire dans la durée, ou bien les taux d’intérêt des titres grecs ne redescendront pas et rendront insoutenables les dynamiques d’endettement. Le défi va bien au-delà de la résolution des problèmes à court terme qui résulteront des quelques paiements d’amortissement des mois d’avril et de mai de cette année.

L’économie n’est pas compétitive. Peu de réformes ont été mises en œuvre, l’économie reste relativement fermée, et la compétitivité a chuté d’environ 25% depuis l’adoption de l’euro, tandis que les prix domestiques ont toujours dépassé la moyenne des pays de la zone euro. Le solde des comptes actuel, même en période de récession, reste à un niveau de 11% du PIB.

La politique budgétaire a été peu ambitieuse. Tandis que les dépenses en salaires et en allocations, comme les réductions d’impôts, ont été importantes, les dépenses hors paiement des intérêts de la dette ont bondi à hauteur de 8% du PIB entre 2000 et 2009, et les recettes ont diminué de 3%, fragilisant l’équilibre budgétaire de 11% du PIB depuis 2000. La dette publique a augmenté pour atteindre 115% du PIB.

La déflation et la croissance faible rendront ce fardeau d’endettement plus difficile à gérer. Sans recours à des modifications du taux de change, la Grèce doit faire face au double défi de restaurer sa compétitivité à travers la dévaluation interne – ce qui est toujours long et laborieux – tout en mettant en œuvre un ajustement budgétaire ambitieux. Cela forcera la Grèce à entreprendre des coupes dans les salaires nominaux et dans les allocations sociales – un scénario de désinflation selon lequel le PIB nominal diminuera certainement durant plusieurs années. Les dépenses domestiques, qui sont à la base des rentrées fiscales, seront forcément faibles. Ainsi, par rapport au PIB, le déficit budgétaire et la dette resteront sous une pression à la hausse, même si un ajustement budgétaire significatif était mis en œuvre : malgré des mesures ambitieuses à hauteur de 4% du PIB cette année, il est attendu que le déficit atteigne 11,5% du PIB l’année prochaine. Un ajustement budgétaire fort et prolongé est nécessaire afin de renverser la tendance à la hausse du ratio d’endettement à laquelle la Grèce est confrontée dans les conditions actuelles.

Mais l’ajustement budgétaire doit aussi être réaliste. Même avec des mesures budgétaires additionnelles s’élevant à 2-2,25% du PIB chaque année durant les cinq prochaines années, le ratio de la dette par rapport au PIB s’élèverait à environ 150% du PIB d’ici à 2013, avant de se stabiliser puis de diminuer lentement. Un ajustement plus rapide – tel qu’impliqué par l’objectif d’un déficit de 3% du PIB d’ici à 2012 fixé par le PSC – sera très risqué : la Grèce est une économie relativement fermée, et la contraction budgétaire qu’impliquerait cet ajustement provoquerait une contraction brutale de la demande domestique et une profonde récession qui lui serait liée, détruisant sévèrement le tissu social. De plus, cela semble difficilement faisable puisque des coupes durables dans les dépenses nécessitent des réformes et des changements dans les programmes de prestations sociales qui demanderont du temps afin de les mettre en œuvre et d’en tirer des résultats.

Le système bancaire pose un autre risque important. Avec la dégradation de la situation économique de l’État, les banques ont été mises sous pression pour trouver des financements, mises à l’écart des lignes de crédit interbancaires comme du financement en gros, et, récemment, ont perdu des dépôts. Les banques ont recours à la BCE pour rester à flot, mais ceci n’est pas une solution durable. De plus, le lent déclin économique qui nous attend va faire augmenter le nombre de crédits non recouvrables de manière significative, et il est possible, et même probable, que le gouvernement devra injecter du capital afin de stabiliser le système bancaire et de sauvegarder les dépôts. Ces sommes s’ajouteraient aux besoins de financement du gouvernement, qui sont déjà importants.

Le financement doit rester important. En raison du fait que la réduction du déficit prend du temps tandis qu’il faut rembourser et refinancer le capital emprunté, les besoins d’emprunts du secteur public atteindront en moyenne autour de 50 milliards d’euros en 2010-2012, même avec des mesures budgétaires à hauteur de 2 à 2,5% du PIB chaque année, telles que cela a été présenté plus haut. Et cela ne tient pas compte du besoin potentiel d’un sauvetage public du système bancaire.

C’est pourquoi les marchés de capitaux sont inquiets. Les marchés financiers anticipent et perçoivent que la période qui s’ouvre va être difficile. L’augmentation continue du ratio de la dette menace la notation de l’État et accroît les rendements exigés par les acheteurs de titres grecs. Les marchés ont besoin d’être assurés qu’un défaut de paiement n’est pas à l’ordre du jour avant d’engager plus de fonds.


Traduction de l’anglais vers le français par Nathan Legrand
en collaboration avec Éric Toussaint.

Le document original est disponible sur cette page

NOTES :

|1| Michel Husson, Grèce : les « erreurs » du FMI, 2 septembre 2016

|2| Note du CADTM : il s’agit du Fonds hellénique de stabilité financière créé en juillet 2010. Voir le site officiel

|3| Source : http://adlib.imf.org/digital_assets…, p. 51

|4| Christine Lagarde était, à l’époque, ministre dans le gouvernement du président N. Sarkozy. En 2011, elle est devenue directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).

|5| Source : http://adlib.imf.org/digital_assets…

Source : Le blog Mediapart, 13-01-2017

Première faillite d’une banque américaine en 2017

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D’après la FDIC (Federal Deposit Insurance Corp), une première banque américaine a fait faillite outre-Atlantique la semaine dernière.

Il s’agit de la Harvest Community Bank à Pennsville dans le New Jersey qui gérait 126,4 Millions de dollars d’actifs pour 123,8 millions de dollars de dépôts. La First-Citizens Bank & Trust Company à Raleigh en Caroline du Nord va prendre en charge les dépôts.

Depuis le début de l’année 2017, C’est la première banque américaine à fermer ses portes pour le moment aux Etats-Unis, contre un total de 5 an 2016, 8 an 2015, 18 en 2014, 24 en 2013, 51 en 2012, 92 en 2011, 157 en 2010, 140 en 2009, 25 en 2008 et 3 en 2007.

Décembre 2016: Etats-Unis: le « testament » bancaire de Wells Fargo à nouveau retoqué par la Fed

Fed: Janet Yellen ne sait plus quoi inventer en imposant un « nouveau coussin de capital » aux grandes banques

Pour info: La Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) est une agence fédérale américaine dont la principale responsabilité est de garantir les dépôts bancaires faits aux États-Unis jusqu’à concurrence de 250 000 dollars (en 2012). La FDIC préserve et favorise la confiance populaire dans le système financier des États-Unis.

Source: fdic

« Du Baygon sur les épargnants qui sont des parasites ! L’alerte inquiétante du FMI sur la dette mondiale !! » L’édito de Charles SANNAT

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, mon « pifomètre » frétille, que dis-je, il s’affole… Bon, je vous l’accorde bien volontiers, le « pifomètre » n’est pas un instrument très « scientifique », pourtant c’est comme le « louchomètre », c’est parfois très efficace. Bref, et vous, que vous disent vos « pifomètres » ?

Je sens que les marchés ont beaucoup monté, trop monté même. Depuis quelques jours, l’or qui consolidait repart à la hausse avec une belle dynamique… une dynamique trop belle pour être « honnête », et mon « pifomètre » me souffle que quelques « grosses mains » (comprendre « des riches qui ont les bonnes informations parce qu’ils connaissent les bonnes personnes ») sont en train de vendre des actions pour acheter de l’or.

Mon pifomètre me susurre également aux oreilles que le combat de titan qui se joue entre les nationalistes à la Trump et les mondialistes à la Clinton est une bataille à mort et qu’elle ne va pas tarder à dégénérer sur le front économique sans doute lorsque Trump aura été investi et sera le locataire officiel de la Maison Blanche.

Voilà donc ce que me souffle l’instinct, rien de scientifique donc, pourtant les raisons pour une grande secousse ne manquent pas, et aujourd’hui je voulais revenir sur le dernier rapport accablant du FMI concernant la dette mondiale.

Au pays merveilleux du « tout va très bien », vous penserez donc à prendre quelques précautions et à sortir couverts par quelques actifs tangibles et onces de métaux précieux.

Rapport alarmiste du FMI…

Quand je dis à ma femme que le monde croule sous les dettes et que l’épargne, c’est la dette et la contrepartie à l’endettement généralisé – ce qui veut dire peu ou prou que si l’on ne rembourse pas les dettes, on ne rembourse pas l’épargne –, elle a du mal à me croire. Quand c’est le FMI qui le dit, cela va mieux. C’est sérieux le FMI. Ce sont des « zexperts » aux FMI. Tenez, regardez donc leurs résultats en Grèce. C’est brillant n’est-ce pas !

« Le 4 janvier 2017, le rapport semestriel alarmiste du FMI (Fiscal Monitor) fait froid dans le dos : huit ans après la détonation de la bulle immobilière qui avait enfanté la pire crise financière depuis la Grande Dépression du Jeudi Noir 1929, la dette n’a fait que continuer de s’enfler. En effet, la dette du secteur non-financier de l’économie mondiale (dette mondiale) a doublé (à prix courants) et atteint son apogée avec le montant record de 152 000 milliards de dollars, soit plus du double (2,25) de la richesse mondiale.

Ce phénomène a été facilité par les taux d’intérêt très bas, voire négatifs, imposés par plusieurs grandes banques centrales. Beaucoup de gouvernements se sont en effet endettés à travers des programmes de relance via des politiques d’assouplissement monétaire des grandes banques centrales pour tenter de relancer les économies nationales atones.

La plus grande partie de la dette est polarisée dans les pays nantis, mais la Chine demeure le pays qui a le plus emprunté qu’auparavant sur les dernières années. En effet, la dette chinoise a quadruplé depuis 2007 : alimentée par le secteur de l’immobilier et le shadow banking, la dette totale de la Chine est passée de 7 000 milliards de dollars en 2007 à 28 000 milliards de dollars à la mi-2014. À 282 % du PIB, la part de la dette chinoise, par rapport au PIB mondial, est plus importante que peut représenter celle des États-Unis ou de l’Allemagne.

La dette du Japon devrait atteindre 250 % de son PIB, celle de la Grèce 183 % tandis que celle de la France devrait frôler les 100 %, selon les nouveaux pronostics du FMI.

En outre, même si les pays les plus pauvres sont relativement moins endettés, beaucoup ont eu tendance à augmenter fortement leur recours au crédit.

Au niveau de la répartition sectorielle, les deux tiers de cette dette émanent du secteur privé, mais la dette publique de moult pays s’est aussi beaucoup développée depuis la crise financière.

Pour le FMI, cette envolée de l’endettement pose 4 problèmes différents

« – Le premier problème est le remboursement d’une telle dette : Comment rembourser une dette qui est plus de deux fois plus importante que la richesse de l’économie mondiale ?

– Le deuxième problème est le remboursement, par les pays riches, d’une telle dette au regard d’une croissance économique anémique.

– Le troisième problème tient au remboursement de la dette par les pays du Sud : pour rembourser leurs dettes, les pays du Sud doivent puiser fortement dans les réserves de change qu’ils ont accumulées au cours des dernières années en raison de la hausse des prix de leurs exportations. Ces réserves menacent de fondre à un rythme plus ou moins rapide (c’était notamment le cas de la République démocratique du Congo, de l’Équateur, du Pakistan, du Sri Lanka, du Bangladesh).

– Le quatrième problème est le remboursement d’une telle dette au regard du scénario fort probable d’une reprise de la hausse des taux d’intérêt. L’épargne présente dans le secteur bancaire, au lieu de servir à l’investissement productif, que ce soit sous la responsabilité des pouvoirs publics ou celle des acteurs privés, est systématiquement déviée vers un comportement parasitaire de rentier. »

Si vous avez bien suivi jusqu’ici les raisonnements du FMI auxquels j’adhère pour une fois sans trop de réserve, ils peuvent donc se résumer à un seul énorme problème : comment va-t-on rembourser ces dettes. Vous noterez également que l’épargnant est qualifié de « rentier parasite ».

Vous connaissez la suite ?

Vous savez comment on traite les parasites

Il y a la méthode écolo, et puis la méthode industrielle. Au FMI, on ne joue pas les danseuses. Alors dans leur esprit, c’est assez simple : c’est toujours cette histoire du grand « reset », le grand « baygonnage » des parasites d’épargnants que vous êtes tous. Pour payer les dettes, il suffit de prendre votre épargne. Cela couinera dans les chaumières, mais les épargnants n’ont jamais fait de révolution.

Il est déjà trop tard. Préparez-vous !

Charles SANNAT