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L’UE peut-elle survivre à la prochaine crise financière ?

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Le chaos du monde ne naît pas de l'âme des peuples, des races ou des religions, mais de l'insatiable appétit des puissants. Les humbles veillent.

Par Alasdair Macleod – 29 mars 2019 – Source Mises Institute

Bien que la BCE ait subventionné le système bancaire de la zone euro, elle reste dans un état somnambulique, ressemblant à une économie zombie non financière et sans capitalisme des copains et des coquins. Finis les beaux jours enivrants de la banque d’investissement. Il reste maintenant un héritage de produits dérivés et d’amendes imposées par les organismes de réglementation.

La technologie a fait de la BCE un réseau de succursales surdimensionné, typique d’une banque de détail européenne, un éléphant blanc 1. Le marché des bâtiments bancaires, dans les villes et villages de toute l’Europe doit être désastreux et source de pertes mal provisionnées. En outre, la politique de la BCE en matière de taux d’intérêt a eu pour effet de réduire l’épaisseur des marges de crédit à celle d’une feuille de papier à cigarette.

Un taux de dépôt négatif de 0,4% à la BCE a entraîné des taux monétaires négatifs sur le marché de gros – l’Euribor – pour les rendements jusqu’à au moins un an. Cela a permis aux banques françaises, par exemple, de financer les positions sur les obligations d’État italiennes, en supprimant 33 points de base sur une obligation à un an « sans risque ». C’est le point culminant de l’effondrement des marges de crédit lorsque même les écervelés peuvent voir que le risque est supérieur à la récompense, quoi que dise l’autorité de réglementation. La totalité de la courbe de rendement est considérablement inférieure à ce que le risque italien implique, compte tenu de ses dettes existantes, les obligations d’État italiennes à 10 ans ne rapportant que 2,55%. C’est moins que les bons du Trésor américains, la norme mondiale sans risque.

Les rendements des obligations d’État ont été et restent considérablement réduits par la politique de taux d’intérêt de la BCE et ses programmes d’achat d’obligations. L’expansion de la dette publique de la zone euro depuis la crise de Lehman [en 2008] a été d’environ 50% à 9,69 milliards d’euros aujourd’hui. Cette expansion, qui représente 3,1 milliards d’euros, est comparable à celle du bilan propre à la zone euro de 2,8 milliards d’euros depuis 2009. En d’autres termes, l’augmentation de la dette publique de la zone euro a été presque compensée par la création monétaire de la BCE.

Les prix des obligations, comme celui de la dette italienne à 10 ans (2,55%), n’ont donc aucun sens du point de vue du marché. Cela n’a pas posé de problème tant que les prix des actifs ont augmenté et que l’économie mondiale était en expansion, car l’inflation monétaire maintenait la bulle fiduciaire en expansion. C’est quand une crise du crédit se matérialise que les problèmes commencent. La bulle de confiance commence à se fissurer et finit par imploser.

Maintenant que l’économie mondiale a cessé de se développer et se trouve au bord de la récession, les dangers monétaires, systémiques et économiques qui menacent la zone euro augmentent rapidement. C’est un problème que la BCE ne peut pas contenir. Les politiciens et leurs institutions à Bruxelles ne semblent pas au courant de la tempête qui approche, mais quand ils en prendront conscience, ils se regrouperont de façon grégaire pour se protéger. Comme des poissons dans une boule qui se resserre, leur action accélérera leur fin.

Le début de la désintégration de l’UE

Il ne fait aucun doute que la BCE n’a jusqu’à présent agi que pour empêcher  la survenue d’une crise financière et systémique en raison de l’expansion mondiale de la masse monétaire et du crédit qui ont gonflé les prix des actifs financiers. Un contexte mondial de hausse des valeurs des actifs était nécessaire pour que les conséquences de la crise financière grecque soient absorbées sans déstabiliser tout le monde. Si cela s’était produit lors d’une crise mondiale du crédit, le résultat aurait été différent.

Inévitablement, à un moment ou à un autre, le pouvoir d’achat de l’euro commencera à peser de plus en plus sous l’accélération de l’inflation monétaire et les exigences des capitalistes à la recherche d’un taux de change compétitif. La hausse des rendements obligataires sera le résultat inévitable, nécessitant encore davantage de QE [création monétaire] de la part de la BCE. Il faut peu d’imagination pour se rendre compte que, dans un contexte de hausse des rendements obligataires et de baisse de la valeur des actifs, le gouvernement italien et son économie seront exposés à des difficultés insolubles. La différence par rapport à la crise grecque actuelle est que l’économie italienne est près de dix fois supérieure à celle de la Grèce. Jusqu’à présent, avec l’aide du gonflement des marchés, il n’y a pas eu de crise majeure. Sur un marché obligataire baissier d’une ampleur susceptible d’accompagner la prochaine crise du crédit, l’Italie pourrait à elle seule détruire l’ensemble de l’Euro-système.

Cela pourrait se produire d’ici la fin de l’année, car lorsque les choses tournent mal, le rythme des calamités s’accélère. Aujourd’hui, l’UE est menacée par le Brexit, qui n’a pas encore été résolu au moment de la rédaction de cet article. Mais il est fort possible que la Grande-Bretagne quitte l’UE sans un accord commercial global et sans payer tout du montant prétendument dû à l’UE. L’argent devra être trouvé par les autres membres, principalement par l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne, qui sont les plus grandes économies restantes. De plus, la politique économique du Royaume-Uni doit nécessairement être axée sur la création d’un pôle régional compétitif pour le commerce mondial, améliorant ainsi ses performances économiques par rapport à une UE en perte de vitesse. Les tensions politiques au sein de l’UE vont certainement s’intensifier à mesure que l’UE perdra du terrain, et, droguée à la dépense, devra pour la première fois faire face à des coupes budgétaires.

Il est de plus en plus évident pour les observateurs indépendants que le modèle de socialisme supranational de l’UE a échoué sur les plans structurel, politique, économique et financier. La prochaine crise du crédit, qui semble découler des événements d’aujourd’hui, devrait mettre fin au rêve européen.

Alasdair Macleod est responsable de la recherche chez GoldMoney.

Note du Saker Francophone

On voit mal ce que l'UE néo-libérale a de socialiste, ni en quoi les économies capitalistes du reste du monde, avec la même idéologie, notamment les US, seront à l'abri des catastrophes annoncées par l'auteur, entraînant la fin du rêve américain avec celui du rêve européen.

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

Notes

  1. Une possession dont on ne peut pas disposer et dont le coût est disproportionné en rapport avec son utilité – coûteuse, Wikipédia 

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