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Le grand hold-up de Wall Street en 2020

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Par Joseph Kishore-candidat du PES à la présidence des États-Unis
29 avril 2020

Les retombées économiques de la pandémie de COVID-19 continuent d’avoir des conséquences dévastatrices pour la grande majorité de la population des États-Unis. Un nouveau mois commence vendredi, ce qui signifie que loyers et hypothèques seront dus pour des dizaines de millions de travailleurs qui n’ont pas de revenus pour les payer.

Plus de 20 millions de personnes ont demandé des allocations de chômage au cours des cinq dernières semaines. En mars, moins de 30 pour cent des personnes ayant fait une demande ont reçu des allocations. Des millions d’autres n’ont droit à aucune aide.

Des millions de personnes n’ont encore rien reçu, pas non plus les 1.200 dollars de relance en espèces, et tentent désespérément d’éviter la misère. Les banques alimentaires n’arrivent plus à faire face à la demande et sont à court de produits de base. Selon l’Economic Policy Institute, plus de neuf millions de personnes ayant perdu leur emploi ont également perdu leur assurance maladie jusqu’au 11 avril et des millions d’autres les semaines suivantes.

Il existe cependant deux réalités, deux Amériques. Tandis qu’on utilise la misère économique des travailleurs pour tenter de les ramener au travail malgré une opposition généralisée, l’oligarchie des entreprises et de la finance, elle, voit sa fortune augmenter.

Des sociétés gigantesques, dont beaucoup possèdent d’énormes réserves d’argent, licencient les employés tout en continuant à payer les directeurs. Le géant du divertissement Disney a récemment fait l’objet d’un examen public car il a licencié plus de 100.000 travailleurs tout en gardant son programme de rémunération des cadres. Mais c’est la règle générale.

Depuis la mi-mars, les milliardaires américains ont augmenté leur richesse de 282 milliards de dollars. La fortune collective de ces 614 individus, qui s’élève à 3,2 mille milliards de dollars, a été dopée par la hausse continue de la valeur des actions à Wall Street, qui a encore fortement augmenté lundi.

Un gros titre de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel saisissait ainsi la situation économique lundi: «Le nombre des morts grimpe aux États-Unis, les cours aussi.» Notant que si les entreprises restaient fermées et que le chômage dépassait de loin tout ce que l’on avait vu dans l’histoire américaine, le Spiegel écrit «Alors, si les données économiques fondamentales incitent si peu à acheter, qu’est-ce qui se cache derrière la reprise? La solution de l’énigme comporte trois lettres: Fed.»

La Fed – c’est-à-dire la Réserve fédérale américaine – a clairement indiqué qu’elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour soutenir Wall Street. En conséquence, les marchés continuent de grimper. «Si vous vouliez parier sur une chute des cours», remarque le Spiegel, «vous devriez parier contre une institution dont les fonds sont pratiquement inépuisables».

À partir de mars, alors que l’Administration Trump et les médias minimisaient le danger représenté par la pandémie de coronavirus, la Réserve fédérale a commencé à injecter de l’argent dans les marchés. D’abord en réduisant les taux d’intérêt à zéro, puis en lançant une série de programmes pour racheter les actifs des banques et des entreprises. Elle leur fournit des liquidités pour acheter des actions y compris les leurs.

L’activité de la Réserve fédérale a été approuvée à l’unanimité par le Congrès américain fin mars, lorsqu’il a adopté le «CARES Act», qui allouait 454 milliards de dollars pour financer jusqu’à 4.000 milliards de dollars d’achats d’actifs. Tous les sénateurs ont voté pour la loi CARES, y compris l’ancien «Démocrate socialiste» du Vermont, Bernie Sanders.

La Réserve fédérale dépense quelque chose comme 80 milliards de dollars par jour. Son bilan devrait passer à 11.000 milliards de dollars, contre moins de 4.000 milliards l’année dernière et moins de 1.000 milliards avant 2008. Cela porterait la valeur globale des actifs qu’elle détient à près de la moitié de la production économique annuelle totale des États-Unis.

Il faut appeler les choses par leur nom. Des termes tels que «achat d’actifs» et «assouplissement quantitatif» ont tendance à occulter ce qui se passe. C’est en fait du pillage, du vol, du hold-up à une échelle sans précédent. Comme la propriété des actions est très majoritairement concentrée chez les riches, ce sont les riches qui en profitent.

Les partis Démocrate et Républicain ont aidé et encouragé chaque étape du grand hold-up de Wall Street en 2020. Les différentes institutions de l’État, y compris les médias bourgeois, se sont révélées n’être rien d’autre que les mercenaire de Wall Street, pour parler avec délicatesse. D’autres pourraient avoir des termes plus imagés.

Après la crise de 2008, les Administrations Bush et Obama ont orchestré le renflouement de Wall Street en rachetant toutes les créances douteuses, notamment les titres adossés à des créances hypothécaires, qui avaient servi de véhicules à une orgie de spéculation. En conséquence, les inégalités sociales ont atteint des niveaux records. Les réserves de liquidités des entreprises ont atteint 2 mille milliards de dollars. Quelque 4 mille milliards de dollars sont allés au rachat d’actions.

Loin de forcer les banques et les grosses sociétés à payer les conséquences économiques de la pandémie, on les a simplement renflouées, cette fois-ci à une échelle bien plus grande qu’en 2008. Une fois de plus, on a utilisé la crise comme l’occasion de restructurer les relations de classe dans l’intérêt des riches.

Tout ce qui est remis à Wall Street sera payé, sous une forme ou une autre, par la classe ouvrière, par l’austérité, la destruction accrue des programmes sociaux et l’intensification de l’exploitation. D’où la campagne acharnée pour le retour au travail de tous, au risque d’une nouvelle vague de la maladie et de la mort de milliers et de milliers de personnes.

De telles mesures, nous dit-on, sont nécessaires pour «sauver l’économie». Mais «l’économie», comme le «peuple américain», est une abstraction. «L’économie» qui a été «sauvée» est l’économie des riches, du capitalisme. Chaque mesure prise se basait sur la protection des intérêts de l’oligarchie aux dépens de la société. Chaque politique a été guidée par les intérêts de classe.

Une réponse socialiste, c’est-à-dire une réponse basée sur les intérêts de la classe ouvrière, serait d’un tout autre caractère. Il faut allouer des milliards, non pas à renflouer Wall Street, mais pour mettre en œuvre un programme d’urgence qui vise à construire des infrastructures de soins de santé et à fournir des équipements de protection à tous les travailleurs essentiels.

Les prêts et autres mécanismes par lesquels les revenus des travailleurs sont destinés à être payés aux banques doivent être immédiatement annulés. Les dettes des étudiants (1,5 mille milliards de dollars), les prêts automobiles (1,3 mille milliards de dollars) et les dettes des cartes de crédit (1,08 mille milliards de dollars) pourraient tous être effacés avec l’argent qu’on a remis à Wall Street, et il resterait encore des milliers de milliards de dollars.

Tous les travailleurs doivent continuer à recevoir l’intégralité de leurs revenus pendant toute la durée de la pandémie. Les soins de santé de la plus haute qualité doivent être accessibles à tous, gratuitement et sur une base totalement égale.

De plus, il faut apporter une aide réelle aux petites entreprises. Le programme de protection des salaires adopté par le Congrès visant ostensiblement à aider les petites entreprises s’est transformé en une autre escroquerie massive en faveur de grandes sociétés comme les chaînes de restaurants, les conglomérats hôteliers et les fonds spéculatifs.

De telles actions et d’autres mesures d’urgence pour garantir les intérêts de la classe ouvrière, aux États-Unis et à l’international, ne pouvaient être garanties dans le cadre des institutions étatiques existantes, et ne le peuvent pas.

Toute la réponse à la pandémie – depuis la minimisation de la menace au début, l’échec à organiser une réponse significative et l’aide massive à Wall Street jusqu’à la campagne actuelle pour forcer les travailleurs à retourner au travail alors même que la pandémie fait rage – est la preuve de la théorie marxiste de l’État. L’État n’est pas un organisme neutre. L’oligarchie financière règne. C’est son État à elle. Les politiciens sont ses politiciens. Les médias sont ses médias.

Le Parti de l’égalité socialiste (PES/SEP – Socialist Equality Party) insiste sur le fait que les intérêts de la classe ouvrière ne peuvent être garantis sans assaillir de front le système capitaliste. La richesse des oligarques financiers doit être saisie. Leur mainmise sur le système social et économique doit être brisée par la transformation des banques et des sociétés géantes en entreprises publiques.

La logistique, la production alimentaire, les soins de santé, l’énergie, la fabrication et les autres industries de base doivent être restructurées pour répondre aux besoins sociaux, sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière. Les plans de sauvetage massifs de Wall Street doivent être annulés et les ressources sociales redirigées pour garantir le bien-être financier et de la santé de la classe ouvrière.

De telles politiques ne peuvent être réalisées dans le cadre du système politique existant. Elles soulèvent la nécessité d’une mobilisation révolutionnaire de la classe ouvrière pour prendre le pouvoir politique entre ses mains, à travers l’instauration d’un gouvernement ouvrier – c’est-à-dire un gouvernement des travailleurs, par les travailleurs et pour les travailleurs – qui mettra en œuvre les politiques socialistes nécessaires pour sauver l’humanité du désastre.

(Article paru d’abord en anglais 28 avril 2020)

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