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La Réserve fédérale s’engage à maintenir l’aide financière aux entreprises et les marchés boursiers s’envolent

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Par Nick Beams
1 mai 2020

Au cours du premier trimestre de cette année, l’économie américaine s’est contractée à son rythme le plus rapide depuis la fin de 2008 et le début de la Grande Récession provoquée par la crise financière mondiale.

Le produit intérieur brut a chuté à un taux annuel de 4,8 pour cent au cours des trois premiers mois de l’année, et le deuxième trimestre devrait être bien pire.

Mais dans une autre expression de la dissociation de Wall Street de l’économie réelle, les marchés financiers ont célébré la nouvelle – le Dow Jones a augmenté de 532 points – parce que le Conseil de la Réserve fédérale américaine avait maintenant une raison pour canaliser encore plus d’argent dans les coffres de l’élite dirigeant en plus des milliers de milliards de dollars déjà accordés.

La Réserve fédérale a terminé une réunion de deux jours de son comité de définition de la politique d’ouverture des marchés mercredi. Suite à la réunion, elle a clairement indiqué la poursuite de son régime de taux d’intérêt ultra bas et son programme d’achat d’actifs financiers pour une période pratiquement indéfinie. Ces mesures viennent en aide à tous les marchés financiers: les actions, les obligations, les dettes municipales et les obligations d’entreprise.

«La Réserve fédérale s’est engagée à utiliser toute sa gamme d’outils pour soutenir l’économie américaine en cette période difficile», a-t-elle déclaré.

L’utilisation du terme «économie» est inappropriée. La Réserve fédérale et l’administration Trump ne s’intéressent qu’aux profits des grandes entreprises et aux spéculateurs financiers de Wall Street qui se remplissent les poches sans cesse durant la crise.

Comme l’a rapporté mercredi le WSWS, le chiffre de 26,5 millions de travailleurs américains qui ont demandé une assistance chômage au cours des cinq dernières semaines est une sous-estimation considérable. Pour chaque dix personnes qui ont fait une demande, trois ou quatre autres personnes ont fait la demande n’ont pas été inscrits, et deux autres n’ont même pas essayé de faire une demande parce que la procédure est très lourde.

Des millions de travailleurs font face a une situation où ils se trouvent contraints d’essayer de survivre avec les maigres ressources fournies par les allocations de chômage, s’ils en ont reçu. Cela contraste fortement avec le montant de quatre à six mille milliards de dollars mis à la disposition des entreprises et des banques dans le cadre des programmes d’«aide d’urgence».

Wall Street s’est trouvée particulièrement encouragée par la déclaration du Comité fédéral de libre marché et par les remarques supplémentaires faites par son président, Jerome Powell, lors d’une conférence de presse.

«La crise actuelle de la santé publique pèsera lourdement sur l’activité économique, l’emploi et l’inflation à court terme, et fait peser des risques considérables sur les perspectives économiques à moyen terme», a précisé la déclaration officielle.

La référence aux risques à «moyen terme» était un signal pour les marchés que la Réserve fédérale allait poursuivre ses interventions sans précédent à perte de vue. Le message a été bien reçu et les marchés se sont envolés.

Powell a renforcé le message. Il a déclaré que la Réserve fédérale agirait «avec force, de manière proactive et agressive» pour soutenir l’économie et a indiqué que l’administration devrait fournir un soutien supplémentaire aux entreprises.

Powell a déclaré que la politique de la Réserve fédérale était «au bon endroit» pour le moment, que les taux ultras bas resteraient «pour un bon moment» et que la Réserve fédérale n’était pas «pressée» de retirer son soutien.

Plus de «soutien fiscal direct» pourrait être nécessaire afin de «limiter les dommages durables» et il est temps d’utiliser «la grande puissance fiscale des États-Unis». En d’autres termes, il faut ouvrir les robinets financiers pour soutenir les entreprises et Wall Street.

Et les représentants du capital financier l’attendent. James McCann, économiste sénior chez Aberdeen Standard Investments, a noté que la Réserve fédérale «promettait de faire plus, si nécessaire». Bien qu’elle ait fait une «brève pause» lors de sa dernière réunion pour établir l’impact de ce qui s’est déjà fait, «ils ne peuvent pas se permettre de se reposer sur leurs lauriers».

Les chiffres du trimestre de mars, bien que significatifs, ne reflètent que le début des effets des mesures de confinement et de distanciation sociale, qui ont commencé à se faire sentir au cours des trois dernières semaines du mois. Mais ils expriment la rapidité du déclin.

La consommation personnelle, qui représente environ 70 pour cent de l’économie américaine, a chuté à un taux de 7,6 pour cent, la plus forte baisse depuis le deuxième trimestre de 1980, au milieu d’une récession majeure. Les dépenses en services ont diminué de 10,2 pour cent, la plus forte baisse depuis que les chiffres trimestriels ont commencé à être comptabilisés en 1947.

Les dépenses en logiciels, en recherche et développement, en biens d’équipement et en bâtiments ont chuté à un taux annuel de 8,6 pour cent. Cela accentue le déclin des investissements qui était évident bien avant que la pandémie de COVID-19 ne frappe.

Toutes les prévisions tablent sur une chute massive au deuxième trimestre. Le ministère du Travail devrait annoncer que même le taux de chômage officiel, qui est invariablement sous-estimé, atteindra deux chiffres pour la première fois en plus d’une décennie.

James Sweeney, économiste en chef de Credit Suisse, a déclaré au Wall Street Journal qu’il y avait «beaucoup plus à venir» et que l’économie américaine «se dirigeait vers la plus forte contraction du PIB depuis la Grande Dépression».

La société de données et de prévisions IHS Markit s’attend à ce que le PIB américain se contracte à un taux annuel de 37 pour cent d’avril à juin. Après la publication des derniers chiffres du PIB, les économistes de Morgan Stanley ont déclaré qu’ils s’attendaient à ce que la contraction du deuxième trimestre soit de 38 pour cent en rythme annuel. Ceci équivaut à la pire contraction trimestrielle des années 1930.

Selon un reportage du Wall Street Journal, les principaux fabricants ont averti que «certaines usines fermées ne rouvriront jamais».

«L’impact du COVID-19 sur notre activité a été beaucoup plus sévère et chaotique que tout autre ralentissement cyclique que nous avions envisagé», a déclaré le PDG de Caterpillar, Jim Umpleby. D’autres dirigeants ont déclaré que l’économie se dirigeait déjà vers un ralentissement avant que le virus ne frappe et réduise encore la demande.

La situation aux États-Unis se reproduit dans le monde entier. Cette semaine, les analystes de la société de conseil McKinsey ont déclaré que jusqu’à 59 millions d’emplois au Royaume-Uni et dans l’Union européenne étaient menacés en raison des fermetures qui résultent de la pandémie, soit un quart de tous les emplois du secteur privé. Ils ont averti que le chômage dans l’Union européenne pourrait doubler et que c’est peu probable qu’il retrouve son niveau d’avant la crise avant 2024.

L’Organisation internationale du travail a averti que le chômage mondial des travailleurs les plus pauvres du secteur dit informel sera bien pire qu’elle ne l’avait prédit, et que leurs moyens de subsistance seront «massivement réduits».

Il y a deux semaines, l’OIT a déclaré que la baisse du temps de travail dans le secteur informel équivaudrait à la perte de 195 millions d’emplois. Cette semaine, elle a porté cette estimation à 305 millions d’emplois.

La situation aux États-Unis – le centre de l’économie mondiale – est l’expression des forces et des intérêts de classe fondamentaux à l’œuvre dans l’économie capitaliste dans son ensemble.

Des centaines de millions de travailleurs américains sont confrontés à des conditions horribles qui ne se sont pas vues depuis des générations, tandis que les institutions de l’État – la Réserve fédérale et le gouvernement – mettent tout en œuvre pour sauver les grandes entreprises, les parasites financiers et les spéculateurs de Wall Street, offrant à ces derniers des sommes illimitées. Ces mêmes montants, d’une manière ou d’une autre, devront être extraits du travail de la classe ouvrière.

En même temps, la folie du système du «libre marché» se révèle à la vue des longues files d’attente dans les banques alimentaires pendant que les producteurs agricoles détruisent leurs productions parce qu’ils ne peuvent pas leur trouver un marché.

C’est la logique inexorable du capitalisme, l’économie politique du profit. La classe ouvrière doit se battre pour sa propre économie politique indépendante, basée sur une planification consciente dans une économie socialiste pour répondre aux besoins de l’humanité.

(Article paru en anglais le 30 avril 2020)

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