Mobutu Sese Seko a bâti un empire sur la ruse et la terreur, incarnant l’archétype du despote africain. Après son coup d’État en 1965, il a fusionné son destin avec celui du Zaïre, manipulant les rivalités de la Guerre froide pour asseoir son pouvoir absolu. Soutenu par l’Occident en échange d’une stabilité illusoire, il a détourné les richesses de son pays, vivant dans un luxe insolent tandis que la population sombrait dans la misère. Son régime, fondé sur la corruption et le clientélisme, a méthodiquement écrasé toute opposition, faisant de lui un maître du double jeu.
Derrière son discours nationaliste, il a imposé une idéologie sur mesure, prônant une « authenticité zaïroise » qui lui permettait de légitimer son emprise. Ni capitaliste, ni communiste, il a su tirer profit des deux blocs, façonnant une dictature où le culte du chef se substituait aux institutions. Ce modèle de gouvernance autoritaire a marqué durablement l’Afrique, inspirant de nombreux dirigeants après lui.
Mais que reste-t-il du Léopard du Zaïre ? Si Mobutu a été chassé en 1997, son ombre plane toujours sur la région. Son pillage a laissé un pays exsangue, plongé dans un chaos dont il ne s’est jamais relevé. Guerres, milices, ingérences étrangères : l’Afrique des Grands Lacs porte encore les cicatrices de son règne. Le fantôme de Mobutu continue de hanter un continent où le pouvoir se confond trop souvent avec la prédation.
Michela Wrong décrypte cet héritage dans un échange percutant avec Nicolas Stoquer, en direct sur Géopolitique Profonde.