Avant même d’avoir été publiée, une enquête de Mediapart a provoqué, mardi 2 avril, la démission du conseiller « discours, prospective et opinion » de la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot.
Une heure après l’envoi de nos questions à Prisca Thevenot, Alexis Bétemps nous a indiqué qu’il avait « fait le choix de quitter [son] cabinet » et que sa démission avait été « acceptée » par la ministre déléguée.
Au cœur de l’affaire : le CV caché de cette plume du gouvernement, chargée notamment de la réplique à l’extrême droite. Lorsqu’il a été embauché par Olivier Véran en octobre 2023, puis reconduit en janvier par la successeure de celui-ci, Alexis Bétemps était, sur le papier, directeur conseil au sein de l’agence de communication 2017, rédacteur en chef « philosophie » de la revue antimoderne Philitt et auteur de tribunes dans Marianne.
Mais notre enquête montre un parcours plus embarrassant : par le passé « attiré » par les idées d’Alain Soral, ce communicant de 32 ans est un ancien chef d’édition de la chaîne de propagande russe Russia Today (RT) France, et il s’est fait, il y a quelques années encore, le relais de l’extrême droite sur les réseaux sociaux, de Marine Le Pen à l’écrivain Renaud Camus, condamné pour provocation à la haine raciale.
Au fil de nos échanges, Alexis Bétemps a donné plusieurs versions. Le 24 mars, il nous a indiqué par téléphone qu’il était par le passé « plutôt militant anti-extrême droite » et, s’agissant des milieux soraliens, « pas du tout de ce bord-là ».
Puis, lors de notre rencontre, le 28 mars, il a finalement admis avoir fréquenté « les milieux d’extrême droite et d’extrême gauche », et avoir nourri une « attirance » pour les idées d’Alain Soral, par positionnement « anti-système », « anti-UE », « anti-impérialisme », par intérêt pour « le discours anti-israélien » de l’essayiste antisémite, et par « provocation », pour « faire chier les bourgeois ».
S’il affirme avoir « évolué » après les attentats de 2015 sur certaines questions, comme sur l’Europe et la sortie de l’euro, et avoir « honte » de certains engagements passés, il refuse l’étiquette de « repenti ». « Je suis assez à l’aise avec mon parcours, ça fait partie de ce que j’ai été à cette époque-là », nous a-t-il expliqué. Il assurait même avoir été recruté en partie « pour [sa] connaissance des discours d’extrême droite et d’extrême gauche » et voyait son parcours comme « un atout parce qu’[il est] mobilisé sur ces questions d’argumentaires et de stratégie contre le RN, contre Zemmour ».