Yémen : le marché de la mort vaut bien une médaille

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Mardi dernier, la population yéménite a subi 95 frappes aériennes effectuées sur des zones civiles par les forces de combats de la coalition menée par l’Arabie Saoudite dans le but de rétablir le président déchu Abed Rabbo Mansour Hadi.

Ces attaques ont mis en œuvre une importante quantité d’armes provenant de pays membres de l’OTAN, et ont été coordonnées par des experts militaires américains et colombiens, les deux pays les plus impliqués dans le carnage perpétré aux Yémen.

Mais en fait, même si le nombre d’attaques a été particulièrement important ce jour-là, mardi n’était pas un jour exceptionnel.

Le Yémen a une population estimée à 26 millions d’habitants. C’est l’un des pays les plus arides, les plus pauvres et les moins développés dans le monde. En 2014, le Yémen a été classé 160ème sur 188 pays selon l’indice de développement humain des Nations Unies. Les deux cinquièmes de la population du Yémen vivent sous le seuil de pauvreté. Presque la moitié des enfants du Yémen souffre de malnutrition ; 14 millions de personnes vivent des opérations humanitaires déclenchées en cas de pénuries alimentaires. Pourtant, ils continuent à être matraqués par des attaques aériennes étrangères.

Certaines des frappes aériennes de mardi ont touché une usine et l’aéroport international de la capitale Sanaa ; 14 civils ont été tués et 15 blessés. Deux maisons ont été bombardées dans la province de Saada ; un centre de santé a été détruit et neuf maisons endommagées à Hajjah, entre autres exemples…

Le jour de la célébration de l’Aïd al-Adha, 21 civils ont été tués.

L’Arabie saoudite est la principale responsable de ce pilonnage incessant depuis Mars 2015, mais dans la coalition on trouve également l’Egypte, le Maroc, la Jordanie, le Soudan, les Emirats Arabes Unis, Bahreïn, le Qatar et le Koweït.

Est-il besoin de rappeler qu’en 1990, les Etats-Unis avaient menacé l’Irak d’être « réduit à un âge pré-industriel » pour avoir attaqué le Koweït en s’appuyant sur le statut de victime de ce dernier pays dans des conditions beaucoup moins graves.

Aujourd’hui, le Koweït, avec une population d’environ quatre millions d’habitants, est dans le camp des meurtriers qui déciment un pays pauvre.

Faut-il rappeler qu’ il y a un an, l’ambassadeur d’Arabie Saoudite à l’ONU à Genève a été élu pour présider un groupe d’experts indépendants au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.

En Juin de cette année, Amnesty International a demandé que l’Arabie saoudite soit suspendue du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, et M. Richard Bennett a déclaré que : « la crédibilité du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (était) en jeu. Depuis que ce pays a rejoint le conseil, le bilan en matière de droits a continué de se détériorer à l’intérieur de l’Arabie Saoudite, et la coalition qu’elle conduit a illégalement tué et blessé des milliers de civils dans le conflit au Yémen. » M. Bennett a ajouté que « les crimes de guerre de l’Arabie Saoudite au Yémen auraient dû être pris en compte par le Conseil », mais que « l’Arabie Saoudite (avait) utilisé cyniquement ses membres du conseil de faire capoter une résolution visant à créer une enquête internationale. En tant que membre du Conseil des droits de l’homme l’Arabie Saoudite devrait faire respecter les normes les plus élevées des droits de l’homme. En réalité, ce pays dirige une coalition militaire qui a effectué des frappes aériennes illégales et meurtrières sur des marchés, des hôpitaux et des écoles au Yémen.

En Juillet, la Grande-Bretagne a refusé de se prononcer sur l’élection de l’Arabie au Conseil pour la deuxième fois, bien que le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme Zeid Ra’ad Al-Hussein ait déclaré que « le carnage » causé par quelques frappes aériennes de la coalition semblaient être des crimes de guerre.

Il faut dire que la base de données du commerce des armes montre que, dans les trois premiers mois de 2016, la Grande-Bretagne a vendu des armes et des équipements militaires d’une valeur de 625 millions d’euros à l’Arabie Saoudite.

Depuis le début des attaques sur le Yémen en Mars 2015, le chiffre d’affaires représente 4,1 milliards d’euros pour des ventes d’avions de combat et de pièces de rechange.

Pour ce qui est de la France, jusqu’à il y a peu, l’Arabie saoudite ne voulait pas traiter avec les entreprises en direct. La France a donc créé un organisme rassemblant les fabricants d’armes de l’Hexagone pour négocier, au nom de l’Etat français, avec les Saoudiens. Baptisé SOFRESA (Société française d’exportation de systèmes avancés) puis ODAS. Le successeur du roi Abdallah est convaincu que les contrats passés avec la France, via ODAS, continuent d’alimenter les réseaux du roi défunt. Il veut mettre un terme au système ODAS, ce qui bloque des contrats en cours. C’est ce qui avait justifié le voyage de Manuel Valls à Riyad en octobre 2015.

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