Le point sur la situation en Syrie

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Les États-Unis semblent vouloir séparer l’Est du reste du pays. Mais pour quoi faire ?

Par Moon of Alabama – Le 24 avril 2017

La situation dans le nord-ouest de la Syrie tourne en faveur du gouvernement syrien, même si beaucoup de travail reste encore à faire. L’armée récupère du terrain dans la province de Hama et une intense campagne de bombardement est menée sur la province d’Idlib, qui est tenue par al-Qaïda. Comme un analyste en général en faveur de l’opposition le concède :

« Le soutien continu à l’insurrection du nord-ouest équivaut à subventionner efficacement un havre de paix jihadiste au Levant.

[…]

La guerre par procuration contre le régime syrien, dans le nord-ouest, faite pour le compte de l’Occident, est perdue. »

Le chef d’al-Qaïda, Ayman al-Zawahri, est d’accord. Il a ordonné à ses forces en Syrie d’arrêter de tenir le terrain et de revenir aux techniques de guérilla :

Ayman al-Zawahri a déclaré aux jihadistes, qui contrôlent la province d’Idlib au nord-ouest de la Syrie et d’autres territoires, de rester fermes mais de changer de tactique pour revenir à la guérilla.

Al-Qaïda a commencé à se battre aux côtés des rebelles syriens au début de la guerre civile et s’est fait des alliés parmi les opposants en raison de ses prouesses militaires. La branche officielle d’al-Qaïda, le Front al-Nusra, a changé de nom pour le Front Fatah al-Sham et a officiellement rompu ses liens avec al-Qaïda l’année dernière, mais il est encore largement considéré comme étant lié au réseau terroriste mondial.

 

 

Dans le sud-ouest, Israël essaie de voler une autre partie du plateau du Golan en apportant un soutien militaire aux groupes d’al-Qaïda qui se battent contre l’armée syrienne dans la région.

Les attaques lancées par les « rebelles modérés » dans le sud, soutenues par les États-Unis et la Jordanie, n’ont pas réussi à s’emparer de la ville de Deraa. Ils doivent prendre la ville pour donner un peu d’ancrage à leur « zone de sécurité méridionaleindépendante », à partir de laquelle les forces proxy américaines pourraient alors menacer Damas.

Début d’avril, les forces kurdes sous le commandement des États-Unis avaient largement annoncé qu’elles attaqueraient bientôt Raqqa et vaincraient État islamique. Mais aucune attaque contre Raqqa n’a été vue. L’opération semble s’être arrêtée. Les forces d’EI semble quitter Raqqa pour se diriger plus à l’est, vers Deir Ez-Zor.

Dans le sud-est de la Syrie, les forces « rebelles », soutenues par les États-Unis, se sont déplacées de la Jordanie vers le nord, pénétrant dans le désert syrien (ce qui n’est pas encore affiché sur la carte ci-dessus). Le plan est d’aller vers le nord en direction de Raqqa pour rejoindre les forces de l’armée kurde, soutenues elles aussi par les État-Unis. Ce mouvement bloquerait toute route terrestre reliant l’ouest de la Syrie à Deir Ez-Zor où une garnison de l’armée syrienne protège plus de 100 000 civils en s’opposant aux forces de l’EI. De la Jordanie, d’autres « rebelles », entraînés et approvisionnés par les États-Unis, se déplacent vers l’est le long de la frontière irako-syrienne. Cela empêchera les forces irakiennes de se déplacer vers la Syrie et contrer EI, en soutien aux forces gouvernementales syriennes à Deir Ez-Zor.

Tout l’est syrien serait ainsi coupé et sous le contrôle de forces proxys américaines. Mais quels sont les plans d’avenir américains pour cette région ? Même si elle possède du pétrole et du gaz, elle est enclavée et manque d’infrastructure et de d’administration, entouré de plus par des forces particulièrement hostiles. Les forces soutenues par les États-Unis sont sujettes à des luttes intestines. Il sera difficile de défendre la zone contre toute attaque importante. Des forces états-uniennes et jordaniennes seront nécessaires pour la garder sous contrôle. Pendant combien de temps ?

Je n’arrive pas à voir un plan stratégique plus vaste et qui aurait du sens derrière tout cela. Mais les mêmes architectes qui ont lancé la guerre ratée contre l’Irak sont derrière ce mouvement. Les néocons sont de retour et très heureux de la nouvelle direction de la présidence de Trump. L’architecte de la guerre en Irak, Paul Wolfowitz, collabore maintenant avec les officiers néocons dans le cabinet Trump :

Ces derniers jours, il est intervenu dans le débat public, poussant le président Trump, au travers des pages du Wall Street Journal, à poursuivre ses bombardements en Syrie d’une manière plus agressive – et, me dit-il, en envoyant des courriels privés au secrétaire à la Défense, Jim Mattis, et au conseiller à la Sécurité nationale, HR McMaster, tous deux de vieilles relations datant de l’époque Bush, en espérant qu’ils poursuivront une stratégie d’engagement renforcé au Moyen-Orient.

Mattis voyage actuellement dans les pays du Golfe pour collecter de l’argent destiné aux futurs projets américains en Syrie et ailleurs. Les sénateurs néocons John McCain et Lindsey Graham auront ce soir un dîner privé avec Trump à la Maison Blanche. Aucune stratégie raisonnable n’est jamais sortie de la tète de ces personnages. Par contre, leurs plans de dingues causent toujours d’énormes dégâts pour aucun, ou un très faible, bénéfice.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Michèle pour le Saker Francophone

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