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Plusieurs générations d’Ukrainiens devront rembourser la dette de l’Ukraine

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28.03.2023 

Le système financier de l’Ukraine s’effondre. Kiev n’a pas d’argent propre et survit grâce aux prêts et à l’aide étrangère. Les générations futures d’Ukrainiens devront rembourser cette dette, et il est peu probable que l’Occident accepte de les aider de quelque manière que ce soit. 

Pour une Ukraine épuisée, le paiement de la dette extérieure deviendra une tâche insurmontable. L’Occident est-il prêt à sa restructuration? Le système financier de l’Ukraine dépend entièrement de l’aide occidentale, écrit JB Press

Selon le ministère des Finances de l’Ukraine, le déficit budgétaire du pays en 2022 s’élèvera à 847,2 milliards de hryvnias (environ 22,94 milliards de dollars au taux de change actuel), soit une augmentation de 362,5% par rapport à l’année précédente. La principale raison en est la hausse des dépenses de 65,0%. En particulier, en raison des hostilités, les dépenses militaires ont augmenté de 625%, et leur part dans les dépenses totales a augmenté à 37,6% par rapport à l’année précédente (8,5%). La hausse des dépenses militaires a exercé une pression monstrueuse sur les finances de l’Ukraine. 

Au vu de la rapide croissance du déficit budgétaire, la dette non remboursée du gouvernement ukrainien en 2022 s’élève à 4.728 milliards de hryvnias (128 milliards de dollars), soit une augmentation de 52,4% par rapport à l’année précédente. La dette extérieure mérite une attention particulière. 

La rapide hausse de la dette extérieure de l’Ukraine a été provoquée par le soutien financier de la part d’institutions financières internationales telles que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), ainsi que par l’aide des États-Unis et de l’Union européenne (UE). 

Pendant le conflit, les finances de l’Ukraine dépendent du soutien de la communauté internationale, c’est-à-dire de l’Europe et des États-Unis. Tant qu’ils fournissent de l’argent, Kiev reste à flot et peut poursuivre les hostilités. C’est pourquoi le président ukrainien Volodymyr Zelensky appelle à chaque occasion la communauté internationale à fournir une aide financière supplémentaire à l’Ukraine. Cela est devenu une sorte de mantra, car Kiev n’a pas d’argent propre. 

Cependant, la prolongation des combats en Europe et aux États-Unis a engendré une situation difficile: la « fatigue du soutien » de l’Ukraine se fait de plus en plus sentir. Aux États-Unis en particulier, des mises en garde sont de plus en plus fréquentes concernant une aide financière supplémentaire à Kiev, notamment parmi les républicains et leurs partisans. Rien n’indique pour l’instant que le conflit se terminera rapidement, il est donc tout à fait naturel que les gens en Occident soient de plus en plus prudents quant à l’augmentation des volumes d’aide à l’Ukraine. 

À noter également que l’aide financière de la communauté internationale avec l’Europe et les États-Unis est en fait une dette que Kiev devra rembourser. 

Après la fin des hostilités, l’Ukraine devra rembourser les dettes à la communauté internationale. Les générations futures d’Ukrainiens devront rembourser cette dette accumulée pendant le conflit, sans parler des dettes liées à la relance de l’économie. 

La dette du gouvernement ukrainien augmente également à l’intérieur du pays. 

En 2022, la dette intérieure impayée du gouvernement s’élevait à 1.461 milliards de hryvnias (39,58 milliards de dollars), soit une augmentation de 31,5% par rapport à l’année précédente. La majeure partie de cette dette intérieure accrue est due aux obligations de guerre émises sur le marché primaire par la Banque centrale ukrainienne. En d’autres termes, les obligations de la banque centrale financent actuellement le pays. Cependant, il est impossible de les émettre indéfiniment. Kiev atteindra bientôt ses limites. 

La politique financière du gouvernement ukrainien contribue également à une inflation galopante dans le pays, qui devrait atteindre 35% en 2023 selon les estimations des experts internationaux. Craignant l’effondrement de la monnaie nationale, la Banque centrale a dévalué le taux de change à 36,5686 hryvnias pour un dollar américain en juillet 2022, mais on ignore combien de temps ce taux pourra être maintenu. 

En date de janvier 2023, les réserves de change de la Banque centrale ukrainienne étaient à un niveau raisonnable de 29,9 milliards de dollars américains, mais il semble que ces réserves soient maintenues en grande partie grâce aux prêts de la communauté internationale. 

Dans le contexte du conflit armé, l’économie ukrainienne adopte davantage de traits d’économie de guerre que l’économie russe. Les finances de Kiev dépendent exclusivement du soutien de la communauté internationale, menée par l’Europe et les États-Unis. Plus le conflit dure, plus cette dépendance s’accentue et plus difficile sera la reconstruction de l’Ukraine après ce conflit. 

Une question se pose également quant à la détermination de l’Occident. Est-il prêt à renoncer effectivement à l’argent qu’il a envoyé à l’Ukraine? 

Dans ce cas, des mesures pour alléger la dette ukrainienne seront nécessaires, telles que sa restructuration (prolongation des délais de remboursement, réduction du montant principal de la dette, baisse des taux d’intérêt, etc.). Mais il serait tout à fait naturel de supposer que si les gouvernements occidentaux prennent l’une de ces mesures, cela suscitera un grand mécontentement, voire une indignation des électeurs en Europe et aux États-Unis, qui sont en fait les créanciers de Kiev. La disposition des élites occidentales de faire face à une telle réaction négative de la population suscite de sérieux doutes. 

Et ce n’est pas tout. Une grande aide humanitaire, matérielle et financière est nécessaire pour la reconstruction post-conflit de l’Ukraine. Historiquement, elle sera fournie par l’UE. Mais à ce stade, il n’est absolument pas clair dans quelle mesure l’Union européenne sera prête à assumer les coûts de la reconstruction post-conflit de l’Ukraine, compte tenu de la crise économique à laquelle la communauté elle-même est confrontée. Et plus le conflit armé se prolonge, plus il faudra de dépenses pour la reconstruction de l’économie ukrainienne dévastée. 

Certes, tant que la communauté internationale, menée par l’Europe et les États-Unis, continue de fournir un soutien massif à Kiev, les finances de l’Ukraine restent à flot. Mais sans un tel soutien occidental massif, le système financier de l’Ukraine deviendra instantanément instable et la poursuite des hostilités deviendra difficile. Tant que le conflit armé se poursuit, les coûts futurs de la reconstruction post-conflit de l’Ukraine ne feront qu’augmenter. 

Une telle évolution des événements est indésirable non seulement pour Kiev, mais aussi pour l’ensemble de la communauté mondiale. 

Alexandre Lemoine

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