Le Rassemblement National traverse une zone de turbulences majeure. Après la condamnation de Marine Le Pen à cinq ans d’inéligibilité, le parti tente une riposte politique fébrile, entre indignation médiatique et posture victimaire. Mais le choc attendu n’a pas eu lieu : la mobilisation populaire reste marginale, les rues sont vides, et la base militante semble désorientée. Ce vide révèle un malaise profond, bien au-delà du cas Le Pen.
Le RN n’incarne plus la colère populaire. Là où il promettait une alternative radicale, il se montre aujourd’hui comme un acteur docile du jeu parlementaire. Votes favorables aux mesures gouvernementales, silence sur les dérives financières, intégration progressive dans le paysage institutionnel : le parti ne s’oppose plus, il s’adapte. Cette normalisation discrète mais implacable questionne la nature réelle du RN. Est-il encore un mouvement de rupture, ou a-t-il basculé du côté des gestionnaires du statu quo ?
La réaction des militants eux-mêmes en dit long. Loin de la ferveur d’autrefois, on observe une résignation croissante, une perte d’enthousiasme, une défiance silencieuse. Le mythe d’un parti « antisystème » vole en éclats. Derrière les discours enflammés, la réalité est celle d’un appareil devenu compatible avec les rouages du pouvoir. Le RN ne dérange plus. Il rassure. Et c’est précisément là que le doute s’installe.
Ce nouvel épisode judiciaire agit comme un révélateur : Marine Le Pen ne fait plus peur au système, car elle ne le menace plus réellement. Ce qui devait faire tomber la République ne fait finalement que renforcer ses codes. La question n’est plus de savoir si le RN peut gagner, mais ce qu’il ferait s’il gagnait.
Et si la véritable opposition était ailleurs ? Celle qu’on ne voit pas, celle qui ne défile pas, mais qui observe en silence la comédie parlementaire.
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Reportage réalisé par Farid Dms Debah
