Le 9 mai 2025, la Russie célèbre les 80 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie, dans une mise en scène géopolitique d’une rare intensité. Ce n’est pas seulement une commémoration : c’est une démonstration de force, un manifeste stratégique, une réponse directe aux récits réécrits par les puissances occidentales. La place Rouge se transforme en théâtre d’un affrontement symbolique où la mémoire devient une arme diplomatique.
La Grande Guerre Patriotique, cœur battant du récit national russe, est plus que jamais utilisée comme pilier d’un patriotisme d’État revendiqué et assumé. Vladimir Poutine y réactive les souvenirs collectifs de la Seconde Guerre mondiale, non pas pour s’y réfugier, mais pour en tirer une légitimité contemporaine. Dans ce récit, l’oubli occidental est perçu comme une trahison. La Russie se positionne comme la gardienne d’une mémoire sacrée, qui transcende les générations et structure son identité géopolitique.
À l’international, la Russie montre qu’elle n’est pas seule. Xi Jinping, Lula, Maduro… La nouvelle alliance du monde multipolaire se construit sous les yeux du monde, sur fond de défilés militaires et de discours puissants. Le message est clair : le camp des vainqueurs de 1945 ne se limite plus à l’Occident. Il se redéfinit à l’Est, entre grandes puissances souveraines qui refusent le diktat moral des élites euro-atlantiques.
En revanche, l’Europe choisit de bouder l’événement. Officiellement, pour ne pas cautionner une instrumentalisation politique. Officieusement, pour effacer un pan gênant de l’Histoire qui ne cadre plus avec ses récits idéologiques contemporains. La mémoire devient alors une ligne de fracture, un outil de pression, un champ de bataille où la Russie ne recule pas d’un pouce.
Mais certains, comme Robert Fico, brisent l’unanimisme européen. Le Premier ministre slovaque ose défier Bruxelles et rappeler, face à la foule de Moscou, qui sont les véritables libérateurs de l’Europe. Ce geste, lourd de conséquences, fait éclater au grand jour les tensions internes à l’Union et les contradictions de son discours historique.
Ce 9 mai est bien plus qu’une date anniversaire : c’est un révélateur. De fractures profondes, d’alliances nouvelles, et d’un basculement mondial irréversible. Quand la mémoire devient géopolitique, la guerre des récits n’épargne personne.
Le 9 mai 1945 n’est pas mort, il change simplement de camp — et c’est ce que démontrent magistralement Dimitri de Kochko et Lara Stam, dans Le Monde Réel sur GPTV !