👇 Bonne lecture ! N'oubliez pas de vérifier la fin de cet article pour découvrir des livres gratuits qui vous attendent 👇

Le « vrai » sunnisme ne serait, selon le président de la république de Tchétchénie Ramzan Kadyrov, pas et même surtout pas le salafisme. Mais quelle est la cause de cette attaque envers cette branche de l’islam sunnite, majoritaire en Arabie Saoudite, qui prône une interprétation très littéraire du Coran ?

La dispute est née au mois d’août de cette année, quand le gouvernement tchétchène a organisé une conférence dans sa capitale, Grozny, où il était question de définir ce qu’est le sunnisme. Ont participé à l’événement près de 200 représentants de l’islam sunnite, parmi lesquelles le grand mufti de Syrie, le yéménite Habib Ali Jifri et, surtout, Ahmed El- Tayeb, le Grand imam de la mosquée d’al-Azhar, en Égypte, la plus prestigieuse institution sunnite au monde. Aucun dignitaire saoudien ou représentant du salafisme, qui se réclame comme étant le digne héritier de l’école juridique hanbalite, n’avait été invité.

La conférence s’est achevée avec la réaffirmation que seules les quatre grandes écoles historiques du droit musulman (malékisme, chaféisme, hanafisme et hanbalisme) représentaient le sunnisme. Ne faisaient désormais partie du sunnisme plus que les adeptes du ashaarisme, du soufisme (dont Ramzan Kadyrov se réclame adepte) et du maturidisme. La branche salafiste fut ainsi condamnée et jugée comme étant une « secte contemporaine dangereuse et fausse ». Deux autres appels ont également été lancés : un premier à Poutine afin qu’il interdise le salafisme en Russie, et un second qui demande la création d’un Conseil des Ulémas pour légiférer quant aux critères déterminant le véritable islam sunnite.

Ramzan Kadyrov, qui vient tout juste d’être réélu avec un très modeste 98 % des votes à la tête de la république de Tchétchénie, est parmi les personnages les plus controversé sur l’échiquier politique international. Fils de l’ancien grand mufti et, entre 2002 et 2003, président de Tchétchénie Akhmad Kadyrov, Ramzar est un fidèle du Kremlin. Connu surtout pour ses extravagances et ses violations régulières des droits de l’homme, il est néanmoins parvenu à maintenir la Tchétchénie dans la Fédération de Russie et à garantir une indéniable stabilité interne. Sa milice privée, composée par les kadirovsky, a été envoyée dans le Donbass et en Syrie aux côtés des troupes russes, afin de souligner la nouvelle allégeance de la Tchétchénie à la Fédération de Russie.

« l’Arabie Saoudite n’est pas un partenaire fiable, nous oui ».

Kadyrov représente donc la pierre d’angle sur laquelle s’appuie la pax russae de Vladimir Poutine en Thcéchénie, jusqu’alors éternelle épine dans les pieds de Moscou. La stabilité en la région est fondamentale pour garder le contrôle sur le Caucase russe. Celui-ci passe notamment par un stricte contrôle des infiltrations des groupes terroristes, tels Daesh et Al-Qaïda, et par la limitation de l’influence des monarchies du Golfe au Caucase, lesquelles avaient largement soutenu les groupes séparatistes tchétchènes les plus radicaux lors des deux guerres contre la Russie. Rappelons que Abu al-Walid et Ibn al-Khattab, deux chefs de guerre moudjahidin parmi les plus importants en Tchétchénie, étaient saoudiens.

La fidélité de Kadyrov et de ses partisans est donc fondamentale. La conférence de Grozny pourrait être vue comme un pas de plus pour souder le contrôle religieux dans le Caucase russe, et comme une importante main tendue au monde musulman sunnite, en proposant la Russie comme partenaire crédible d’un islam qui refuserait les dérives radicales du salafisme. Le message est clair et limpide : « l’Arabie Saoudite n’est pas un partenaire fiable, nous oui ».

L’exclusion des salafistes de cette réunion majeure est un message très clair adressé à la monarchie saoudienne et à ses alliés. Ils ne doivent pas être perçus en compte comme de vrais musulmans, et ne sont pas dignes d’être entendus ou pris au sérieux.

Ce choix politique se fait dans la continuité de l’engagement russe en Syrie à côté de Bachar al-Assad (dirigeant alaouite, branche minoritaire du chiisme) contre les milices rebelles et les groupes terroristes (salafistes pour la plupart), qui sont fortement soupçonnés d’être encore soutenus par l’Arabie Saoudite et ses alliés. En outre, cette conférence, dont la portée réelle sera plus évidente dans les prochaines années, pourrait aussi être vue comme une tentative de relancer ou souder des alliances auprès d’un certain nombre de partenaires du monde musulman, comme l’Égypte et la Turquie, pour mieux les soustraire à l’influence des monarchies du Golfe.

Autrement dit, l’objectif de cet événement fut simple :

Délégitimer la branche islamique salafiste, afin d’affaiblir l’Arabie Saoudite et ses alliés.

Maxence V. pour Planetes360

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici