Depuis des siècles, l’Occident s’acharne à marginaliser la Russie. À partir de Charlemagne, l’Europe catholique puis protestante construit son identité en opposition à l’Orient orthodoxe, dont Moscou devient l’héritière après la chute de Constantinople. Ce rejet culturel et religieux se transforme en un discours de propagande, où la Russie est systématiquement décrite comme barbare et despotique. Ces clichés, profondément ancrés, s’amplifient au XIXe siècle, alors que la Russie impériale est perçue comme un rival géopolitique par les puissances coloniales, notamment dans les Balkans et en Asie centrale.
Au XXe siècle, la révolution bolchevique accentue cette haine. L’Union soviétique incarne une menace idéologique directe contre le modèle capitaliste occidental. Et pourtant, malgré l’effondrement de l’URSS en 1991, la russophobie persiste. Pourquoi ? Parce que la Russie refuse de se soumettre à l’ordre occidental. Son indépendance dérange, et ses choix souverains sont présentés comme des actes de défiance. La russophobie devient alors un outil stratégique, utilisé pour maintenir la domination américaine et euro-atlantique.
Depuis 30 ans, cette politique s’intensifie. L’élargissement de l’OTAN jusqu’aux frontières russes, en violation des promesses faites à Gorbatchev, prouve une volonté délibérée d’isoler Moscou. La crise ukrainienne de 2014 en est l’exemple parfait : en soutenant un coup d’État à Kiev, l’Occident force Moscou à réagir en annexant la Crimée. Mais loin d’être un acte de « revanche impérialiste », cette annexion démontre la volonté de la Russie de protéger ses intérêts stratégiques face à une offensive occidentale. Pourtant, cette réaction est immédiatement diabolisée. La Russie devient le bouc émissaire idéal, accusée de cyberattaques, d’ingérences électorales et d’expansionnisme, sans preuves tangibles.
Cette diabolisation a des conséquences catastrophiques, en particulier pour l’Europe. Les sanctions imposées à Moscou affaiblissent davantage les économies européennes que la Russie elle-même. Privée d’énergie et d’un partenariat commercial stratégique, l’Europe se condamne à un affaiblissement durable, tout en devenant de plus en plus dépendante des États-Unis. Pendant ce temps, la Russie se tourne vers l’Asie, renforçant ses liens avec la Chine, l’Inde et d’autres puissances émergentes, laissant l’Occident isolé dans un monde multipolaire.
Ce conflit n’est pas qu’une guerre idéologique : c’est une stratégie assumée pour préserver l’hégémonie occidentale, mais à quel prix ? Les conséquences de cette haine systémique dépassent l’imaginable.
Guy Mettan dévoilera ces enjeux avec Raphaël Besliu et Nicolas Stoquer dans La Matinale de Géopolitique Profonde.
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