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Suite au vote de sortie de l’Union européenne (UE) la semaine dernière en Grande-Bretagne, le gouvernement chinois essaie, comme ses homologues du monde entier, de faire face aux conséquences économiques et géopolitiques de grande portée du référendum du 23 juin.

S’adressant le 28 juin à une réunion du Forum économique mondial, le premier ministre chinois Li Keqiang a appelé les investisseurs à regarder la Chine comme « une tête calme et sereine » dans ces temps d’incertitude économique mondiale. Malgré de nouveaux signes de ralentissement marqué, il a dit que Pékin était confiant de pouvoir gérer les problèmes auxquels était confrontée son économie.

« Il est difficile d’éviter la volatilité à court terme sur les marchés financiers chinois, mais nous ne permettrons pas de montagnes russes et de changements drastiques sur les marchés de capitaux », a-t-il dit. « Il est important que nous travaillions tous à renforcer la confiance, à prévenir la propagation de la panique et à maintenir la stabilité des marchés financiers ».

Dans l’immédiat, Li était soucieux d’empêcher toute chute des marchés d’actions chinois comme ce fut le cas à la mi-2015; il avait alors été fortement critiqué au sein du Parti communiste chinois (PCC). Contrairement à d’autres marchés boursiers qui ont chuté la semaine dernière, les chutes en Chine furent limitées et effacées par des gains cette semaine.

Mais le vote en faveur d’un « Brexit » pose des problèmes économiques plus complexes au régime du PCC, même à court terme; les analystes financiers signalent la vulnérabilité du yuan chinois face aux mouvements des devises mondiales.

L’analyste du Wall Street Journal Lingling Wei a souligné le 27 juin que le yuan avait « déjà fait l’objet d’un instable numéro de funambule de la banque centrale ». Elle ajouta: «Toutes les principales devises, sauf le dollar et le yen, ayant plongé dans le sillage du vote britannique, la pression sur la Banque populaire de Chine (PBoC) croît pour laisser le yuan s’affaiblir lui aussi. Mais si l’écart avec le dollar devient trop fort, les sorties de capitaux pourraient s’accélérer à nouveau ».

Autrement dit, si la PBoC maintient la valeur du yuan contre le dollar américain, les exportations chinoises deviendront moins compétitives sur de nombreux marchés. Mais toute dévaluation, et plus encore si elle est forte, pourrait entraîner un exode déstabilisateur de fonds hors de Chine. Les analystes estiment que jusqu’à mille milliards de dollars ont quitté la Chine en 2015.

La sortie de la Grande-Bretagne de l’UE a aussi miné la stratégie de commerce et d’investissement de la Chine en Europe. Celle-ci cherchait à faire du Royaume-Uni une base d’opération en Europe. Pékin a fait des efforts considérables pour développer ses relations avec la Grande-Bretagne, faisant de Londres un carrefour commercial pour la monnaie chinoise. Des sociétés comme le géant technologique chinois Huawei ont investi en Grande-Bretagne pour s’étendre en Europe.

Le premier ministre David Cameron avait reçu en grande pompe le président chinois Xi Jinping lors de sa visite d’Etat en Grande-Bretagne en octobre dernier. Xi avait dit au parlement britannique qu’un « nouvelle et grande ère » d’amitié s’ouvrait entre les deux pays. On a annoncé des plans de construction par la Chine de centrales nucléaires, d’une ligne ferroviaire à grande vitesse et de recherche spatiale commune.

Le gouvernement chinois espérait bien que ses liens avec la Grande-Bretagne augmenteraient les chances de la Chine d’obtenir de l’UE le statut d’économie de marché. Désormais, Pékin sera obligé d’opérer dans une situation beaucoup plus instable, le vote pour un Brexit créant des fractures au Royaume-Uni et dans l’UE.

Dans sa prise de parole du 28 juin, Li a déclaré que Pékin souhaitait une Union européenne « unie et stable » et une Grande-Bretagne « stable et prospère. »

En même temps, il se peut que Pékin n’ait plus la « relation en or » avec Londres dont parlait le ministre des Finances britannique George Osborne. L’orientation pro-Chine d’Osborne et Cameron avait déjà été critiquée par Washington, notamment quand la Grande-Bretagne s’était, la première parmi les puissances occidentales, associée à la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures de la Chine (BAII) en mars 2015. Les États-Unis s’étaient fortement opposés à la décision britannique à cause de leur « pivot vers l’Asie » qui doit contrecarrer Pékin sur le plan diplomatique, économique et militaire.

Le Parti conservateur est divisé non seulement sur la politique britannique vis-à-vis de l’Europe, mais aussi vis-à-vis de la Chine. Il est significatif que cette semaine, un rapport interne du parti ait fustigé ce qu’il appelle l’incapacité du gouvernement à prendre une position ferme sur les droits de l’homme en Chine. Le rapport indique la préoccupation d’une partie des conservateurs que la relation de longue date avec les États-Unis ait été compromise par le développement des liens avec la Chine. Les paroles hypocrites sur les «droits de l’homme » sont le fonds de commerce de Washington dans la poursuite de ses intérêts prédateurs.

L’initiative chinoise de la BAII fait partie du vaste projet « Une zone, une voie » d’investissement massifs d’infrastructure dans des trains à grande vitesse, des routes, des liens Internet et des installations portuaires visant à une intégration plus étroite du continent eurasien. Outre une stimulation de la croissance économique, Pékin espère de cette politique l’établissement de liens plus étroits avec l’Europe et une marginalisation de Washington. Le vote en faveur du Brexit et la fragmentation de l’UE aggrave les difficultés déjà grandes de la Chine d’obtenir un accord sur ses propositions.

Un éditorial paru le week-end dernier dans le Global Times contrôlé par l’Etat chinois déplorait le vote britannique disant qu’il avait « ouvert la boîte de Pandore en Europe et poussé le continent dans le chaos » et qu’il reflétait « le déclin général de l’Europe. » Il suggérait que les changements seraient « à l’avantage des États-Unis, qui perdront un grand rival en terme de domination monnétaire. Sur le plan politique, il deviendra plus facile pour les États-Unis d’influencer l’Europe. »

A Washington, cependant, divers analystes déclarent déjà que le véritable vainqueur du vote Brexit sera la Chine. Dans un commentaire du groupe d’experts de Washington Brookings Institution cette semaine, intitulé « Après le Brexit: le déclin occidental et la montée de la Chine,» David Dollar déclare, après avoir examiné les implications économiques:

« Enfin, d’un point de vue géostratégique plus général, il semblerait que la Chine soit le grand gagnant du Brexit. L’Europe est susceptible d’être un acteur moins influent sur la scène internationale et d’être absorbée par les problèmes internes de négociation de la sortie britannique, du contrôle de l’immigration, et du maintien de la périphérie dans la zone euro. Les États-Unis sont eux, susceptibles d’être distraits par les défis européens. Cela donne à la Chine plus de latitude pour ses activités de poldérisation en mer de Chine méridionale et pour jouer à diviser pour mieux régner avec les Etats européens sur diverses questions. »

Ces remarques indiquent la préoccupation à Washington que Pékin tirera avantage du vote pour le Brexit. Les États-Unis n’ont aucune intention de céder de l’influence à la Chine ou à toute autre puissance. Ils sont déjà engagés dans un renforcement militaire global contre la Chine en Asie et contre la Russie en Europe, en préparation d’une guerre. Dans les semaines et mois à venir, Washington intensifiera sans aucun doute cette dangereuse confrontation sur les deux fronts.

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