Lancée par « Cerveaux Non Disponibles », l’information a vite fait le tour des réseaux : l’Etat passe un marché public pour commander 651 « micro-drones du quotidien » pour surveiller la population, dont certains sont équipés de capteurs thermiques. Si Place Beauvau a assuré que cette commande n’est pas en lien avec la crise sanitaire actuelle, cet appel d’offres interroge une fois de plus sur la part des dépenses publiques accordées à la surveillance de la population, contre les moyens nécessaires à apporter aux populations les plus précaires.
Des commandes publiques pour la sécurité intérieure
Publié le 12 avril par le ministère de l’intérieur, l’appel d’offre concerne l’acquisition de 651 drones, « de passerelles de réception des trames wifi des drones collaboratifs et de prestations associées pour les besoins de la sécurité intérieure. » Si l’accord-cadre est conclu sans montant minimum, ni maximum, la valeur estimée pour l’ensemble des lots représente un coût total de 3,5 millions d’euros HT.
Premier lot : 1,8 millions d’euros HT pour 565 « micro-drones du quotidien ». De moins d’un kilo, ils doivent être capables de voler pendant vingt-cinq minutes minimum, jusqu’à une hauteur de 100m en étant discrets. Ils doivent filmer en 4K ou UHD, posséder une caméra thermique et transmettre à un minimum de 3 kilomètres.
Deuxième lot : 1,58 millions d’euros HT pour 66 « drones de capacité nationale ». De 8 kilos maximum, discrets, jusqu’à une hauteur de 120 mètres, ils doivent posséder un objectif filmant à 500 mètres (avec un zoom x30 de jour), avoir une autonomie de vol de 20 minutes et transmettre au moins à 5 kilomètres.
Troisième lot : 175 000€ HT pour 20 « nano-drones spécialisés ». D’un poids inférieur à 50 grammes, ils doivent avoir une autonomie de vol de 25 minutes minimum et transmettre leurs images à une distance minimale de 2 kilomètres.
« De précédents appels d’offres font état de commandes de drones de la part du ministère, mais pour des montants et des quantités moindres (233 000 euros en 2011, 315 000 puis 487 000 euros en 2015, 328 000 euros en 2016, par exemple). » précise le journaliste Fabien Leboucq
Contacté par Libération, le ministère de l’Intérieur a simplement répondu que l’accord-cadre répond aux « besoins de la sécurité intérieure (gendarmerie nationale, police nationale et sécurité civile)», sans préciser quels besoins, et quelle proportion de la population va être concernée par l’usage de ces drones.
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