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Personne ne sait où sont les noyaux fondus de la centrale nucléaire japonaise, alors que les fuites radioactives sont quotidiennes, affirme Kevin Kamps, contrôleur des déchets radioactifs de l’ONG Beyond Nuclear.

La radioactivité à la centrale nucléaire de Fukushima est à son plus haut niveau depuis la catastrophe de 2011, quand le tremblement de terre et le tsunami qui l’a suivi ont entraîné la fusion des cœurs des réacteurs de la centrale, provoquant d’importants rejets radioactifs. Tokyo Electric Power Company (TEPCO), la société gérant la Daiichi, signale que les relevés atmosphériques à l’intérieur du réacteur numéro 2 de la centrale donnent 530 sieverts par heure. A titre de comparaison, un être humain exposé à une dose unique de 10 sieverts meurt en l’espace de quelques semaines.

Il est incontestable qu’il y a un flux quotidien vers l’océan d’eaux souterraines rendues radioactives

RT : Pouvez-vous expliquer ce qui se passe à Fukushima en ce moment ?

Kevin Kamps (K. K.) : Cette catastrophe n’est pas résorbée, elle dure depuis près de six ans maintenant. Le carburant, les noyaux fondus ont disparu. TEPCO ne sait pas où ils sont. Le gouvernement japonais ne sait pas où ils sont. Personne ne sait où ils sont. Ce qui est possible, c’est que ces enquêtes, ces caméras, ces robots, ces moniteurs de radiation envoyés par TEPCO pour essayer de comprendre ce qui se passe, soient venus au plus près de ces noyaux fondus. Ils seraient peut-être même passés sur le carburant fondu sorti de l’eau. Or, l’eau sert de protection contre les radiations. Donc si c’est une zone ouverte et qu’il n’y a pas d’eau, cela pourrait l’expliquer.

Mais ce qui est sûr, c’est que les noyaux de réacteur ont fondus. Bien sûr, les êtres humains ne peuvent pas accéder à ces réacteurs atomiques pour les réparer. Ils ne peuvent pas non plus se trouver dans cette zone de fusion. Il y a aussi des images – cela ressemble à une grille métallique qui aurait fondu. C’est assez logique que les noyaux aient fondu et que le combustible soit passé à travers les réservoirs sous pression du réacteur, vers le bas, dans les structures de confinement, directement à travers cette grille en métal.

Ce n’est pas inattendu, mais nous ne savons toujours pas où sont les noyaux. On entend dire : «Tout est maîtrisé, ne vous inquiétez pas.» Mais il est incontestable qu’il y a un flux quotidien vers l’océan d’eaux souterraines rendues radioactives. Les chiffres tournent autour de 300 000 litres par jour d’eaux relativement peu contaminées. Ensuite, il y a ces réservoirs et là, il s’agit de 800 000 tonnes d’eau hautement radioactive qui était stockée dans des réservoirs. Chaque jour, ils déversent une centaine de tonnes d’eau sur chacun de ces trois noyaux fondus. Parfois, ils perdent ces réservoirs : il y a des fuites, ils débordent – c’est une catastrophe en continu.

RT : Donc la radiation, dans ce cas, pourrait fuir, n’est-ce pas ?

K. K. : Il y a des fuites quotidiennement. Ensuite, ils essaient de capturer [l’eau] autant qu’ils le peuvent et de la contenir dans des réservoirs de stockage qu’ils perdent parfois, que ce soit pendant un typhon ou par erreur humaine. Ils ont eu des débordements. Tant de choses peuvent encore arriver à Fukushima Daiichi. Notamment, cela concerne les piscines de stockage de déchets radioactifs qui ne se trouvent même pas à l’intérieur du confinement radiologique. Dans quelques blocs, ils n’ont pas transféré tout le combustible nucléaire usé vers un endroit plus sûr. Si quelque chose ne se passe pas comme prévu, il y aura des rejets en plein air de radioactivité de très haut niveau.

Lorsque vous comptabilisez l’ensemble des coûts, cette catastrophe pourrait coûter des centaines de milliards de dollars

Au moment de la catastrophe, le Premier ministre Naoto Kan, avait un plan d’urgence pour l’évacuation de tout le nord-est du Japon, c’est-à-dire jusqu’à 50 millions de personnes. C’est principalement à cause de ces réservoirs de stockage. Nous nous retrouverons encore dans une situation difficile si l’un de ces bassins prend feu.

RT : Revenons à cette fuite particulière. A quel niveau cela complique-t-il les efforts de nettoyage ? Est-il possible d’examiner ce qu’il se passe là-bas, à l’heure actuelle ?

K. K. : La technologie robotique de pointe – le Japon est leader dans ce domaine – ne peut pas résister si longtemps, car l’électronique est grillée par le rayonnement gamma et probablement par le rayonnement neutronique. Telle est la situation là-bas. Ils disent déjà qu’il faudra 40 ans pour accomplir ce qu’on appelle le démantèlement, mais c’est peut être un pronostic optimiste.

RT : En décembre, le gouvernement a déclaré que les dépenses de mise hors service de la centrale allaient presque doubler par rapport à ce qu’ils pensaient à l’origine. Cette récente fuite, rend-elle les choses encore pires ? Ou est-ce juste une situation à laquelle il faut s’attendre à ce stade ?

K. K. : Cela montre simplement à quel point la situation est grave. J’ai vu les chiffres d’un think tank au Japon soutenu par Green Peace Japon, qui estime que le coût de démantèlement pourrait atteindre jusqu’à 600 milliards de dollars. Si on fait la comptabilisation complète des coûts – où vont ces déchets hautement radioactifs ? Un dépôt géologique profond sera nécessaire. Il faudra le construire et l’exploiter. Cela coûte une centaine de milliards ou plus. Donc, lorsque vous comptabilisez l’ensemble des coûts, cette catastrophe pourrait coûter des centaines de milliards de dollars. Nous n’en sommes qu’au début.

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